4.2. Qu'est-Ce Que L'intervention-Conseil En Établissements ?

Comme nous venons de le dire, c'est au cours des réunions, séminaires, universités d'été, etc..., qui se sont tenues pendant les années scolaires 1984-85 et 1985-86, que l'on a cherché à préciser ce qu'il fallait entendre par "intervention" en établissement. Nous avons pu retrouver quelques textes écrits par les responsables de plusieurs dispositifs, comme contribution aux réunions qui se sont tenues pendant l'année scolaire 84-85. Bien que ne représentant probablement pas toutes les "tendances" en présence, il nous est apparu que ces textes permettaient de repérer les conceptions de chacun des auteurs. Voyons de manière plus détaillée ce qu'ils contiennent.

Le texte fourni par l'A.R.T. (Bouvier, 1985 a) situe l'action au sein des établissements comme un encadrement des équipes de recherche de terrain. Cela correspond à la réalité de ce qui se passait, y compris la non-prise en compte par l'A.R.T., des difficultés qui naissaient fréquemment entre les équipes de terrain et le reste de l'établissement, et alors que ces difficultés se cristallisaient souvent en une constitution de "clans", ce qui ne nous semble pas la meilleure manière de faire évoluer de manière positive le fonctionnement d'un établissement.

Quant à la cellule d'appui, elle définit son rôle comme étant "d'apporter une aide, par le moyen de la formation, aux établissements demandeurs 175 ." Rappelons que la cellule d'appui a été créée pour répondre à une demande ministérielle, et qu'elle a dû inventer son action. Ses membres ont d'ailleurs mis du temps pour se forger une conception commune de leur mission. Peut-être au début n'avaient-ils pas de conception claire des finalités de leur dispositif, et ne le situaient-ils pas dans la perspective d'un changement par action sur l'institution... Leurs écrits montrent plutôt qu'ils ne percevaient pas forcément l'établissement comme une entité à part entière, sur laquelle on pouvait envisager d'agir, leur action étant centrée sur les personnes plutôt que sur l'institution. Néanmoins, la réflexion se poursuit, et mûrit jusque vers la fin de l'année scolaire 85-86, où la cellule d'appui définit plus précisément de quelle manière elle va remplir la mission qui lui a été confiée. Ainsi, elle insiste sur le fait qu'elle s'est constituée en groupe, ‘"par un travail collectif ’ ‘(qui)’ ‘, suivant une démarche de résolution de problèmes, doit (nous) permettre de mieux en comprendre les difficultés et les mécanismes, et donc de pouvoir l'analyser et l'induire en établissement’ 176 ." (p.2). Elle considère donc son intervention dans les établissements, comme une aide au travail des équipes, dans la perspective de ‘"l'aide à l'élaboration et au suivi du projet d'établissement"’, (p.3), mais pas vraiment comme une intervention sur l'établissement lui-même.

Parmi les textes de l'époque, on en trouve un qui révèle une troisième conception de l'intervention en établissement. Ce texte-là fait le constat que ‘"dans tous les cas, un changement pédagogique qui n'est pas inscrit dans le contexte d'un établissement, ou au moins d'une équipe, perd considérablement de son impact."’ Il propose de mettre en place un dispositif de formation des enseignants, ‘située "dans la perspective de l'amélioration de l'apprentissage"’. Nous dirons qu'il s'agit d'un dispositif de formation "pédagogique" des enseignants, ‘"dans le sens d'une aide multiforme au travail en commun, à l'élaboration et à l'exécution de projets collectifs’ 177 ." On est dans l'optique que développait Guy Berger dans une conférence donnée à la demande de la M.A.F.P.E.N. de Lyon, conférence au cours de laquelle il a déclaré que ‘"l'intervention est pertinente, quand elle augmente la compétence du dispositif, donc la qualité des apprentissages’ 178 ."

Enfin, un dernier texte situe l'objectif de cette intervention comme ‘"un changement de fonctionnement des établissements qui procurerait des conditions favorables au développement des initiatives pédagogiques, en évitant notamment de séparer le pédagogique de l'administration et de la gestion."’ (Devarieux, 1985, p.2). On est là dans une définition à connotation psychosociologique de l'intervention dans les établissements d'enseignement, semblable à celle que donne l'A.R.I.P. Rappelons en effet que le "I" de A.R.I.P. signifie "intervention", et que celle-ci est définie comme s'attachant à ‘"faciliter les contacts entre les différents éléments (direction, groupe des professeurs, groupe des élèves)"’ . (A.R.I.P., 1963, p.219). On ne cherche pas ici à transformer le système en agissant sur les personnes, mais en agissant au niveau de l'organisation, en l'occurence ici au niveau de l'établissement scolaire.

Voyons maintenant comment s'est terminée cette période de maturation que nous venons de balayer. Le travail de réflexion dont nous venons de parler, a abouti, nous l'avons dit, à la suppression de la cellule d'appui et de l'équipe Pédagogie générale, ainsi qu'à une relative mise en sommeil de l'A.R.T. Voyons le bilan critique qui est fait du fonctionnement de ces différents dispositifs, et les décisions que ce bilan a conduit à prendre pour la suite.

Notes
175.

Cf annexe n°6 : Cellule d'appui (1985)

176.

Cf annexe n°6 : Cellule d'appui (1986)

177.

Cf annexe n°6 : Meirieu (1985)

178.

Cf annexe n°6 : Berger (1986)