4.3. Les Apports De L'expérience De La Cellule D'appui

A propos de la cellule d'appui, le deuxième chef de mission écrira : ‘"L'équipe d'accompagnement de la rénovation des collèges, pour active qu'elle fût, subit en son sein des secousses dont une partie tient probablement à la formation initiale de ses membres. Tous étaient des militants de la formation et du changement et travaillaient sans économiser leur temps, à la mise en oeuvre d'un projet exaltant. Mais ceci leur donnait-il pour autant la compétence et le recul nécessaire pour pénétrer dans un établissement et agir au sein de réseaux complexes et conflictuels ?"’ (Bouvier, 1988, p.222). La compétence des membres de la cellule d'appui est donc ici clairement remise en cause.

Cette critique est d'ailleurs corroborée par le constat fait par certains formateurs : ‘"La cellule d'appui intervenait de façon un peu terroriste, dans les collèges : grandes A.G. et grandes affiches. Je me souviens de les avoir entendu traiter les enseignants du collège V., qui est le collège typique du centre ville, de "papier jauni" ; ils les considéraient vraiment comme des moins que rien. Ce fonctionnement lourd, avec des A.G., où les gens se mettaient à discuter, sans que ce soit véritablement programmé, en passant souvent outre le chef d'établissement, c'était un des très gros reproches qu'on faisait à la cellule d'appui. C'était une sorte d'intervention de choc, et c'est cela qui provoquait des réactions’ . 179 "

Une autre critique est faite au fonctionnement de cette cellule, au sujet de la séparation entre l'analyse des besoins et la réalisation de la formation. Un collaborateur du chef de Mission chargé du perfectionnement des intervenants-conseils, écrit que ‘"ce principe est le fondement même de la division sociale du travail qui sépare les tâches de conception des tâches d'exécution. (...) Comment, dans ces conditions, le formateur, lui-même contraint, peut-il aider les enseignants à reconnaître les buts qu'ils se donnent et à se déterminer librement’ 180  ?" Rappelons que cette séparation n'était pas un choix de la cellule elle-même, mais faisait partie de la définition initiale de son rôle, par le chef de mission. Cette critique sera d'ailleurs entendue, puisque nous verrons qu'on exigera des futurs intervenants en établissement qu'ils soient capables d'assurer eux-mêmes la plus grande partie des formations qui leur semblent nécessaires pour répondre aux besoins décelés dans les établissements.

Une autre circonstance a attiré à la cellule d'appui la méfiance de certains. Elle allait dans les établissements, pour les inciter à mettre en application les directives ministérielles et rectorales, en matière de rénovation. Même si elle souhaitait tenir compte des demandes des établissements, elle était quelquefois perçue, selon un formateur de l'époque, comme un "relais de l'institution 181 ". Le résultat était que les enseignants étaient méfiants à son égard, pensant que, par son intermédiaire, l'institution voulait leur imposer des changements avec lesquels ils n'étaient pas forcément d'accord. Toutes ces critiques adressées au fonctionnement de la cellule d'appui seront prises en compte, lors de la mise en place des interventions-conseils, afin de tenter d'éviter de provoquer des résistances parmi les enseignants.

Notes
179.

Entretien ED, du 20/06/97.

180.

Cf annexe n°6 : Devarieux (1985)

181.

Entretien GG, du 20/06/97.