1.3.4. Un Problème Qui Subsiste

Nous venons d'examiner ces trois tentatives d'évaluation des effets des actions menées par la M.A.F.P.E.N. Toutes, nous l'avons dit, se sont heurtées au même problème : la difficulté d'évaluer les effets sur la réussite scolaire des élèves. Bien entendu, plusieurs enquêtes ou recherches ont également été effectuées, au niveau national ou local, mais elles n'ont pas réussi, à notre connaissance, à trouver le moyen de surmonter cette difficulté. Nous ne nous lancerons évidemment pas dans un tour d'horizon complet de ces enquêtes qui serait très fastidieux, mais qui de plus n'apporterait pas d'informations supplémentaires, puisque ces études font toutes le même constat. A titre d'exemple, nous ferons mention de quelques-unes, effectuées dans le courant des dix dernières années.

Une enquête réalisée en 1991 auprès de formateurs M.A.F.P.E.N. de différentes académies, montre que, selon ces formateurs, ‘"la nécessité du changement serait perçue par 80 % des enseignants, mais seulement 45 % de ces derniers auraient changé leur pratique" ’(Jardel, 1996, p.5), ce qui, à notre avis, ne serait déjà pas si mal...

Une autre enquête, réalisée en 1993, à la demande de l'O.C.D.E., par le C.R.E.N. (Centre de Recherches en Education de Nantes), montre que, pour les enseignants interrogés, la formation continue M.A.F.P.E.N. arrive en troisième position, dans les ‘"éléments qui ont contribué à développer leurs qualités d'enseignants dans leur trajectoire professionnelle"’, après la maîtrise de la discipline enseignée et l'expérience acquise, et alors que dix-sept éléments différents étaient envisagés. (Altet, 1993, p.31).

Enfin, deux enquêtes réalisées à dix ans d'intervalle, constatent toutes les deux que l'évaluation des effets des formations reste encore à faire. La première a été réalisée en juillet 1989, par la D.E.P. du Ministère ; elle constate, en conclusion : ‘"l'objet initial de nos préoccupations était les effets de la formation ; ce tour d'horizon a bien mis en évidence la difficulté de les évaluer."’ (Chauvet, 1991, p.35). L'enquête la plus récente, terminée en mai 1998, a été effectuée par la Direction de la Recherche de l'I.U.F.M. du Nord-Pas de Calais et constate que ‘"après quinze ans d'existence, les M.A.F.P.E.N. ne disposent encore que de trois sources de régulation de leurs choix : 1) un certain nombre de données statistiques concernant le nombre de candidatures et de présences réelles aux stages ; 2) les intuitions de leurs formateurs, parfois appuyées sur des bilans explicites avec les stagiaires concernant ce qui marche et ce qui ne marche pas ; 3) les consignes politiques venues du ministère concernant les priorités à accorder à tel ou tel thème de formation. ’ ‘(...). Et elle ajoute :’ ‘ ’ ‘"L'analyse plus rigoureuse des effets des différents dispositifs et méthodes de formation se révèle donc une urgente nécessité’ ‘." ’(Cauterman, 1998, p.12).

Nous avions envisagé d'effectuer nous-même une enquête pour tenter de cerner ces effets mais, comme nous l'avons dit en commençant cette dernière partie, nous y avons renoncé. En effet, nous avons jugé inutile d'effectuer une nouvelle enquête qui constaterait comme les autres que cette évaluation est difficile voire impossible puisque les services de recherche du ministère eux-mêmes n'ont pas trouvé le moyen de cerner avec certitude les effets des formations M.A.F.P.E.N. sur la réussite scolaire des élèves.