3.2.2. Le Recul De L'individualisme

Nous avons également montré que la plupart des dispositifs nouveaux mis en place dans les premières années de fonctionnement des M.A.F.P.E.N. ne s'adressaient plus exclusivement à des enseignants de manière individuelle, comme c'était le cas auparavant. Au contraire, ils organisaient la formation pour une équipe (équipe de recherche, équipe pédagogique, etc...), ou bien pour un établissement, ou encore ils cherchaient à mettre les enseignants en réseau. La formation continue suivie de manière individuelle, ce qui était le cas le plus répandu en 1982, est de plus en plus souvent remplacée par des formations organisées pour des groupes d'enseignants.

Nous avons vu, à l'occasion de la mise en place des intervenants-conseils, que cette volonté de prendre en compte un niveau jusqu'alors ignoré celui de l'établissement, avait contribué à changer profondément la nature de la formation. C'est au cours des années quatre-vingts qu'on a donné une réalité au niveau de l'établissement, en créant en 1985 la structure E.P.L.E. Rémi Hess souligne la pertinence de situer à ce niveau le travail d'accompagnement de l'évolution du système : ‘"Le changement ne peut se décréter du sommet de l'Etat, ou au niveau individuel. La réforme, pour entrer dans les pratiques, a besoin du niveau intermédiaire des établissements (...) Ce niveau intermédiaire est celui où les projets individuels, en se confrontant aux perspectives globales, peuvent prendre la forme de projet d'établissement, en prise sur l'environnement des pratiques."’ (Hess, 1994, p.13).

Les évolutions que nous venons d'évoquer, davantage de participation à des travaux d'équipes, travail situé davantage dans le contexte de l'établissement, nous semblent révéler un certain recul de l'individualisme traditionnel des enseignants du second degré.