Conclusion Générale

qu'en Est-Il De Notre Projet Initial ?

Parvenue au terme de notre travail, il nous reste à nous interroger sur notre projet initial. En réponse à la question des effets produits par la création des M.A.F.P.E.N. en 1982, nous avions émis l'hypothèse que ‘"’ ‘la mise en place des M.A.F.P.E.N. avait contribué à faire évoluer le métier des enseignants du second degré vers une nouvelle professionnalité’ ‘"’. Pour tenter d'établir la validité de cette hypothèse, nous avons tout d'abord dressé un "état des lieux" de la formation continue au moment de la création des M.A.F.P.E.N.. Pour cela, nous avons reconstitué l'histoire de la période antérieure, en l'illustrant par le cas de la M.A.F.P.E.N. de Lyon. Cela nous a permis de constater que, si une formation continue s'était officiellement mise en place dans le premier degré immédiatement après le vote des lois de 1971, il n'en avait pas été de même dans le second degré. C'est pourquoi, en 1982, cette formation continue occupait une place très restreinte, du moins du point de vue quantitatif. De plus, elle ne s'adressait qu'à certaines catégories de personnels. Tous ces éléments nous ont permis de montrer que la formation continue n'était pas jugée indispensable pour l'ensemble des enseignants du second degré, la formation initiale étant considérée comme suffisante pour assurer leur compétence pendant toute la durée de leur carrière. L'étude que nous avons effectuée sur la période antérieure à la création des M.A.F.P.E.N. nous a donc permis de préciser quelle conception du métier d'enseignant prévalait alors.

Nous avons également étudié des lieux et des institutions qui proposaient une formation continue avant 1982, ce qui nous a permis de montrer que la formation continue n'était pas totalement absente, mais aussi que les premiers dispositifs ayant fonctionné à la M.A.F.P.E.N. de Lyon avaient conservé l'empreinte de ce passé récent, la conception du métier que nous avons cernée restant encore très présente. Néanmoins, tout au long de la période allant de 1982 à 1986, nous avons vu la formation continue apparaître de plus en plus comme une nécessité pour les enseignants du secondaire, à mesure qu'étaient prises en compte de nouvelles dimensions. Dès la deuxième année de fonctionnement, nous avons pu constater que l'aspect pédagogique était davantage pris en compte dans la formation, ce qui a permis à la réflexion pédagogique de se développer dans le second degré. Nous avons vu également s'effectuer un recentrage de la formation autour de l'établissement. Mais surtout, nous avons perçu, dans la plupart des dispositifs de formation, une orientation tendant à valoriser le travail d'équipe, reconnu comme indispensable pour favoriser l'évolution des pratiques pédagogiques des enseignants.

Nous avons donc établi que, au cours de la période étudiée, la volonté d'intégrer ces dimensions nouvelles dans la formation continue révélaient une évolution de la conception du métier d'enseignant du second degré vers un nouveau type de professionnalité. En effet, nous avons vu que l'institution a alors proposé des formations ayant pour objectif de permettre à l'enseignant d'acquérir des compétences jusqu'alors considérées comme innées, comme travailler en équipe, apporter une aide méthodologique aux élèves, participer à l'élaboration de projets, etc... Nous avons donc établi qu'en favorisant la prise en compte progressive de ces dimensions, l'action de la M.A.F.P.E.N. avait contribué à définir cette nouvelle professionnalité, dont nous avons étudié les différentes composantes dans la dernière partie de notre travail.

Nous pensons donc avoir validé notre hypothèse initiale, mais nous pensons également que cette validation pourrait être encore confortée, et cela de plusieurs manières. Par exemple, comme nous avons dû limiter l'étude des effets produits par cette expérience à quelques établissements, il conviendrait de trouver le moyen d'étendre cette étude restreinte à d'autres établissements. De plus, pour pouvoir étudier les dispositifs mis en place, nous nous sommes placée dans le cas de l'académie de Lyon ; il resterait donc à prolonger cette étude aux autres académies, ce qui permettrait de savoir si la validité de notre hypothèse peut s'étendre à l'ensemble des M.A.F.P.E.N.

D'autre part, si nous avons montré que la mise en place des M.A.F.P.E.N. avait contribué à faire évoluer le métier des enseignants vers une nouvelle professionnalité, en revanche nous n'avons pas déterminé quelle part peut être spécifiquement attribuée aux M.A.F.P.E.N. dans cette évolution. Pour cela, il faudrait rechercher et étudier les autres facteurs qui ont pu influencer cette évolution, aussi bien positivement que négativement d'ailleurs.

Enfin, nous avons également précisé, dans notre hypothèse de départ, que cette nouvelle professionnalité des enseignants était encore en cours d'installation, car elle se heurte à de multiples résistances. Nous avons ébauché l'étude de la manière dont ces résistances se sont manifestées à cette période ; mais il reste à développer cette étude, qui pourrait d'ailleurs s'orienter dans plusieurs directions. En effet, elle pourrait par exemple envisager ces résistances comme comme une survivance de l'encyclopédisme, entraînant un refus de prendre en compte les évolutions de la société et des publics scolaires en particulier. Mais elle pourrait aussi les envisager comme la défense de territoires durement conquis ; ou encore comme des manifestations de la préservation d'une identité menacée par l'évolution du métier... Bien d'autres approches sont d'ailleurs certainement possibles. De plus, il serait également nécessaire de rechercher si ces résistances se manifestent encore aujourd'hui et, dans l'affirmative, de quelle manière elles s'expriment.

Après avoir fait le point sur notre travail, nous souhaitons maintenant évoquer également plusieurs thèmes, susceptibles de donner lieu à des travaux de recherche se situant dans le prolongement de notre étude.