l'encouragement À Travailler En Équipe

D'autre part, nous avons vu que, si les M.A.F.P.E.N. avaient tenté de favoriser le travail en équipe des enseignants, on ne peut cependant pas affirmer avec certitude qu'il soit pratiqué aujourd'hui de manière massive, ni surtout de manière efficace. Nous avons vu qu'au début des M.A.F.P.E.N., si le ministre souhaitait que leur action favorise le travail en équipe des enseignants, en revanche il n'y avait pas, au début des années quatre-vingts, de demande massive dans ce sens de la part des enseignants eux-mêmes. Cette revendication émanait surtout des mouvements pédagogiques, ainsi que d'un certain nombre de syndicats, comme par exemple nous l'avons vu, du S.G.E.N.-C.F.D.T. Mais il subsistait, chez un certain nombre d'enseignants, une certaine méfiance vis-à-vis de la concertation, car ils n'y voyaient qu'un surcroît de travail.

Certains enseignants ont donc découvert, souvent à l'occasion de formations M.A.F.P.E.N. nous l'avons vu, que ce travail d'équipe pouvait apporter des bénéfices auxquels ils ne s'attendaient pas. Aujourd'hui encore, bon nombre d'enseignants, n'ayant pas eu l'occasion d'éprouver eux-mêmes ce que le travail d'équipe pouvait leur apporter, le considèrent encore comme une perte de temps. Donc, bien que la loi l'ait institutionnalisé depuis bientôt dix ans, on ne peut pas dire qu'il soit devenu une pratique courante aujourd'hui.

De plus, il nous semble que ce travail se résume souvent aujourd'hui à la participation aux conseils de classe. Or notre étude montre que ce n'est pas seulement comme cela que nous l'entendons. Pour nous, un véritable travail en équipe pédagogique ne peut se faire qu'autour d'un projet ; ainsi, il s'apparente davantage à un travail de recherche pédagogique, qu'à une obligation administative.

Deux voies nous semblent possibles pour faire évoluer cette situation. Tout d'abord, nous avons montré que, à chaque fois que les enseignants déclaraient s'être formés en travaillant ensemble, ils soulignaient le rôle qu'avait joué la présence d'un intervenant extérieur pour l'efficacité de ce travail. Cet élément nous semble fondamental, pour envisager une réelle efficacité du travail d'équipe, même si les enseignants ne sont généralement pas persuadés d'avance que cet accompagnement est indispensable. Il nous semble qu'il incombe aux chefs d'établissement de convaincre les équipes de se faire accompagner par un intervenant extérieur compétent, et par conséquent, il nous semble qu'il incombe à l'institution d'être en mesure de fournir aux équipes ces intervenants compétents.

D'autre part, on sait combien il est difficile pour les enseignants de trouver du temps pour se concerter. Pour que cela soit plus facile, il est donc indispensable que cette dimension soit prise en compte dans le fonctionnement général de l'établissement. L'une des revendications actuelles est que le temps nécessaire pour la concertation soit pris sur le temps à effectuer en présence des élèves. Nous aimerions être assurée qu'une telle décision suffirait à améliorer la situation ; pour cela, il nous semble qu'il faudrait d'abord que les enseignants soient davantage conscients de l'importance de ce travail, mais aussi que les chefs d'établissement les y encouragent davantage, en prenant les moyens de faciliter son déroulement.