7.4. Sous la dictature le syndicalisme se renouvelle

Les chercheurs brésiliens sont unanimes à reconnaître que le coup d'Etat de 1964 a changé complètement les données politiques dans la société brésilienne. Dans le domaine syndical, les militaires vont concentrer leurs efforts dans l'éradication des syndicalistes nationalistes et communistes ; pour cela, ils ne vont pas établir une nouvelle législation syndicale, il vont tout simplement appliquer la législation existante selon les nouvelles dispositions gouvernementales.

Ainsi, par exemple, immédiatement après le coup d'Etat en avril 1964, le gouvernement intervient dans 457 syndicats, 43 fédérations et 3 confédérations de travailleurs. En général ces interventions signifiaient aussi le licenciement des responsables syndicaux et, parfois, leur emprisonnement.

Par la suite, les interventions gouvernementales dans les syndicats seront le moyen par excellence de contrôle du syndicalisme 137 . Ces interventions signifiaient par exemple la destitution, en totalité ou en partie, des directions syndicales et la nomination, par le Ministère du Travail, d'un représentant du gouvernement à la tête des syndicats ; lesquels avaient pour charge de rétablir une politique syndicale jugée saine par les nouveaux maîtres du pouvoir : c'est-à-dire une politique syndicale dans laquelle le syndicat était tourné presque exclusivement vers l'offre de services d'assistance à la base ouvrière et où la mobilisation des masses était considérée comme une atteinte à la sûreté nationale.

Interventions du gouvernement dans les syndicats (1964-1979)
ANNÉE NOMBRE DE SYNDICATS AYANT SOUFFERT D'INTERVENTIONS
1938 a1960 257
1964 457
1965 374
1966 40
1967 146
1968 111
1969 91
1970 88
1971 25
1972 42
1973 37
1974 16
1975 29
1976 29
1977 10
1978 22
1979 48
TOTAL DEPUIS 1964 1.505
Source : Erickson (1979 : 66-67) pour les années 1938 à 1960 et Alves (1987 : 244) pour la période 1964 à 1979.

C'est dans ce contexte extrêmement répressif vis-à-vis des pratiques syndicales les plus ouvertement revendicatives et politisées que de nouvelles formes d'engagement syndical apparaîtront sur la scène brésilienne. Ainsi, à côté du syndicalisme bureaucratisé que les militaires imposèrent aux principaux syndicats du pays, une tendance syndicale novatrice commence à se développer vers la fin des années 60. Faute de pouvoir jouir d'une visibilité sociale et politique similaire à celle que les syndicalistes avaient connu avant 1964, une partie des syndicalistes et des militants de la gauche brésilienne essayera d'être plus présente sur les lieux de travail et plus proche des problèmes quotidiens des travailleurs.

Les premières manifestations de ces nouvelles tendances se feront jour en 1968 lors des grèves réalisées à Contagem, ville de la banlieue de Belo Horizonte, et à Osasco, dans la région de São Paulo. Ces grèves eurent lieu dans une période où le régime autoritaire imposé par les militaires était vivement contesté par plusieurs secteurs de la société civile : des étudiants réalisaient d'importants rassemblements populaires dans les grandes villes du pays (parfois avec plus de 100.000 participants) pour le retour de la démocratie ; plusieurs groupes politiques, y compris ceux qui avaient soutenu le coup d'Etat de 1964, s'organisaient pour demander le retour des civils au pouvoir ; au Congrès National, même après l'éloignement des principaux leaders de l'opposition, le gouvernement avait de plus en plus de mal à faire passer ses lois restrictives des libertés démocratiques ; la gauche se réorganisait, surtout parmi les étudiants et certains groupes de travailleurs ; et, au niveau syndical, une partie du mouvement syndical créa le Mouvement Intersyndical Contre le Contrôle des Salaires 138 en 1968, etc.

Lors de ces grèves 139 , en plus d'une conjoncture politique propice aux manifestations de masse, d'autres éléments ont joué un rôle important : une politique, menée par le gouvernement, de contrôle des salaires, alliée à des taux d'inflation importants, fit tomber les salaires réels des travailleurs, ce qui fut un facteur de mobilisation des salariés des industries de Contagem et Osasco ; de même, au sein des syndicats des travailleurs de la métallurgie de ces villes, des syndicalistes d'un nouveau type – critiques, à la fois, de l'ancienne façon de faire des populistes qui consistait à placer les syndicats sous la tutelle des partis politiques, et du syndicalisme bureaucratisé soutenu par les militaires – prennent le contrôle des syndicats des travailleurs de la métallurgie, le secteur de pointe du développement brésilien à l'époque.

Parmi les pratiques adoptées par ces syndicalistes, les plus importantes et porteuses d'avenir furent celles associées à l'organisation des travailleurs sur les lieux de travail. Surtout à Osasco, où on mit en place les figures de délégués informels du personnel et on stimula la création de Commissions d'Entreprises ; lesquelles avaient déjà une histoire dans le mouvement syndical brésilien, car durant les grèves des années 50 elles s'étaient avérées de puissants instruments mobilisateurs.

Malgré leur courte durée et leur manque de résultats concrets 140 , ces grèves eurent une répercussion importante dans le contexte syndical brésilien. Surtout au niveau de l'apprentissage des militants syndicaux contestataires, car elles mirent en avant les atouts et les faiblesses du type d'action menée en 1968 par les syndicalistes de Contagem et Osasco. Parmi les points qui seront, par la suite, repris par les syndicalistes engagés dans le renouvellement du syndicalisme brésilien, il faut mentionner une présence plus importante des militants et responsables syndicaux sur les lieux de travail, une liaison avec les mouvements sociaux sur les lieux de résidence – notamment les mouvements liés à l'Église – et une autonomie des syndicats vis-à-vis des partis politiques.

En ce qui concerne les faiblesses, le point le plus important était l'isolement des mouvements face un État extrêmement centralisé et autoritaire ; ce n'est donc pas un hasard si, plus tard, une des revendications les plus importantes des travailleurs sera la formation d'une Centrale Syndicale, institution censée être capable d'intégrer les mouvements revendicatifs des travailleurs au niveau national.

Quoi qu'il en soit, la fermeture encore plus importante du régime après décembre 1968 et la recrudescence de la répression vis-à-vis des étudiants et des travailleurs, discrédite les stratégies pacifiques de lutte contre la dictature militaire. Cette déception à l'égard des instruments de lutte démocratique va pousser une partie importante de la gauche dans la guérilla urbaine ; par contrecoup, la répression policière de l'Etat se fait plus musclée contre toute forme de contestation, même celles habituellement tolérées dans la vie politique du pays : l'action de l'Église, de la presse libérale, des écrivains, des institutions civiles de droits de l'Homme, etc.

Dans ce contexte, les travailleurs et leurs syndicats n'avaient pas, bien évidemment, beaucoup de marges de manoeuvre. Ainsi, la vague d'interventions dans les syndicats entre 1967 et 1970 (436 en tout) réduit à néant toute volonté d'organisation autonome des travailleurs. Non que les syndicats n'étaient pas tolérés ; ils étaient même encouragés, dès lors que les syndicalistes acceptaient leur rôle de collaborateurs de l'Etat pour le contrôle de la classe ouvrière.

Ainsi, par exemple, dès l'année 1967, pour s'assurer la collaboration des syndicalistes, le gouvernement fait passer des lois obligeant les syndicats à placer une partie fixe de leurs revenus dans l'offre de services aux travailleurs, notamment les services médicaux et juridiques. C'était une manière d'éviter que les syndicalistes ne détournent leurs énergies vers l'action organisatrice de la base ouvrière, car avec la multiplication des responsabilités sociales des syndicats, la majeure partie du temps des syndicalistes devait être consacrée à l'administration financière des organisations syndicales et des services offerts aux travailleurs.

Dans cette conjoncture de contrôle du mouvement syndical, les gouvernements militaires vont favoriser la création de nouveaux syndicats dans le pays, y compris parmi les travailleurs de la campagne, traditionnellement mis à l'écart des questions syndicales dans l'histoire brésilienne. Selon certains chercheurs 141 , cette volonté de l'Etat militaire de promouvoir la création de nouveaux syndicats traduisait, autant qu'une signification de contrôle des travailleurs, une volonté de transférer aux syndicats l'offre de certains services sociaux traditionnellement de la responsabilité de l'Etat, telles l'assistance médicale et l'éducation de base.

Quoi qu'il en soit, le fait est que malgré la virulence avec laquelle les militaires ont réprimé le mouvement syndical à chaque fois qu'il essaya de briser les contrôles imposés à son action, les gouvernements qui se sont succédés après 1964 n'ont pas réussi à éliminer le phénomène syndical de la société brésilienne. Comme Vargas dans les années 30, les nouveaux gouvernants brésiliens vont stimuler le développement d'une conception des syndicats comme organisation de coopération entre l'Etat et les salariés. De manière assez semblable à ce qui se passait dans le champ politique, le régime militaire brésilien attachait une importance certaine à maintenir l'apparence d'une normalité démocratique dans le pays 142 , d'où la préservation, sous contrôle, des institutions caractéristiques d'un régime démocratique (le parlement, les partis politiques, les syndicats, etc.).

Cela explique que, concernant le nombre de syndicats de travailleurs urbains, une fois passée la vague répressive de 1964 (lorsque environ 40 % des syndicats disparurent), le nombre de syndicats reviendra au même niveau d'avant le coup militaire de 1964. L'incitation gouvernementale à la création des syndicats se fera encore plus marquée par rapport aux syndicats de travailleurs ruraux : ces syndicats étaient pratiquement inexistants avant 1966, année où ils commencent à peser dans le paysage syndical brésilien au point de dépasser en nombre les syndicats de travailleurs urbains en 1978.

Nombre de Syndicats de Travailleurs au Brésil (1964-1979)
ANNÉE NOMBRE de SYNDICATS DE TRAVAILLEURS URBAINS NOMBRE DE SYNDICATS DE TRAVAILLEURS RURAUX
1964 1.948
1965 1.149
1966 1.158 294
1967 1.137 381
1968 1.991 845
1969 1.987 1.225
1970 1.991 1.268
1971 1.989 1.290
1972 1.940 1.154
1973 1.956 1.346
1974 1.949 1.519
1975 1.958 1.669
1976 1.964 1.745
1977 1.975 1.826
1978 1.734 1.868
1979 1.947 2.023
Source : Alves, 1987 : 241.

Cette politique de contrôle syndical, marquée, en même temps, par une action répressive vis-à-vis de syndicalistes divergents du syndicalisme officiel, et par la promotion des syndicats en tant qu'institution de coopération du gouvernement, faisait partie d'une politique plus globale de changement des rapports entre le capital et le travail dans le pays. Voulant rendre le pays plus attractif aux yeux des investisseurs étrangers, les gouvernements issus du pronunciamiento de 1964 vont utiliser le coût relativement bas du travail comme avantage relatif de l'économie brésilienne. Pour cela, il fallait éviter que les taux de croissance économique (industrielle surtout) élevés ne soient accompagnés d'une pression vers le haut des salaires et des coûts liés au travail. D'où l'interventionnisme de l'Etat dans la régulation des rapports entre capital et travail à cette époque, pilier de la politique économique de la période 143 .

Outre la répression vis-à-vis des syndicalistes les plus actifs dans la défense des intérêts des travailleurs, cette politique donna lieu à un ensemble de procédures : a) un contrôle des augmentations salariales comme principal outil de lutte contre l'inflation ; cela se faisait par l'adoption de lois 144 interdisant aux entreprises de concéder des augmentations salariales à leurs employés au dessus des taux de réajustement salarial déterminés par le gouvernement ; b)l'adoption de lois empêchant que la justice du travail ne donne gain de cause aux syndicats demandant auprès des tribunaux des augmentations salariales plus importantes que celles permises par les autorités économiques ; c) une plus grande déréglementation du marché de travail, rendant plus aisés les licenciements des travailleurs par les entreprises ; ce qui fut obtenu par l'abolition de la loi de la stabilité de l'emploi, selon laquelle un employé ne pouvait pas être licencié (sauf pour faute grave) après 10 ans de travail dans une même entreprise.

Dans cette conjoncture, il est normal que malgré des taux de croissance économique importants (au dessus de 10 % par an entre 1968 et 1974), les salaires réels des travailleurs brésiliens aient baissé. Selon des études du DIEESE (Département Intersyndical de Statistiques et d'Études Socio-Economiques) 145 le salaire minimum ne cessa de se dégrader au cours des décennies 60 et 70 ; cela même dans les périodes de baisse des taux d'inflation, cause principale de baisse des salaires au début des années 60. Ainsi, le salaire minimum passe d'un indice 100 en janvier 1959 à un indice 34 en janvier 1976 ; autrement dit, le salaire minimum réel en 1976 correspondait à seulement 34 % du salaire minimum réel en 1959. Ce qui donne bien une idée des effets de la politique économique du gouvernement sur le niveau des salaires de la plupart des travailleurs brésiliens 146 .

Le tableau ci-dessous, résume quelques données sur l'évolution du salaire minimum réel, du taux d'inflation et de la croissance industrielle du pays entre 1960 et le milieu des années 70, quand le régime militaire commence à être contesté plus vivement par les forces politiques d'opposition, y compris par une partie des syndicalistes.

Rapports entre salaire réel, inflation et taux de croissance au Brésil (1960-1976)
ANNÉE Salaire Minimum réel Janvier 1959 = 100* Inflation Annuelle ( %) Taux de Croissance Industrielle ( %)
1960 69 26,3 9,6
1961 85 33,3 10,6
1962 81 54,8 7,8
1963 75 78,0 0,2
1964 42 87,8 5,2
1965 48 55,4 – 4,7
1966 49 39,5 9,8
1967 43 28,8 3,0
1968 43 27,8 13,3
1969 42 20,3 12,1
1970 42 18,2 10,4
1971 42 17,3 14,3
1972 40 17,4 13,4
1973 39 20,5 15,8
1974 36 31,5 9,9
1975 35 32,7 6,2
1976 34 41,9 10,8
* Il s'agit des salaires réels en janvier de chaque année.
Source : Alves, 1987 : 114, 331 et 334.

Dès lors, on comprend pourquoi le contrôle des organisations syndicales était si important dans les plans gouvernementaux au cours des années 60 et 70. Ce contrôle était la garantie que le modèle économique mis en place ne serait pas contesté par ceux qui payaient le prix le plus lourd de la croissance économique : la classe ouvrière. Toutefois, cette mise sous tutelle des syndicats sera de plus en plus difficile à assurer au cours des années 70.

Au fur et à mesure que l'économie et l'industrie du pays se modernisent, le nombre de travailleurs insérés sur le marché du travail formel augmente. De même, l'exode rural a provoqué une croissance rapide des villes (surtout de celles situées à proximité des centres industriels) 147 . Ces deux phénomènes, croissance du nombre de travailleurs et urbanisation accélérée, a profité aux groupes politiques engagés dans la lutte pour la démocratisation de la société brésilienne, rendant de plus en plus difficile l'application des mesures autoritaires avec lesquelles le régime militaire s'imposait à la société civile.

Cela d'autant plus que l'économie brésilienne ralentit son niveau de croissance après le premier choc pétrolier de 1974. Le taux de croissance du PIB qui en 1973 fut de 14 % et de 9,8 % en 1974, tombe à 5,6 % en 1975 et, après une récupération en 1976 (quand le PIB croît de 9 %) revient à 4,7 % en 1977. C'étaient les premiers signes de la crise qui allait toucher le pays dans les années 80.

De plus, parallèlement au ralentissement de la croissance, l'inflation atteint des niveaux difficiles à contrôler : le taux d'inflation annuel qui était de 18,2 % en 1970, passe à 32,7 % en 1975, à 41,9 % en 1976, à 77,2 % en 1979 et à 110,2 % en 1980. Outre l'instabilité économique provoquée par ce manque de contrôle de l'inflation, l'augmentation des prix faisait tomber les salaires réels des travailleurs, lesquels, dans l'impossibilité de réaliser des négociations salariales directes avec les entrepreneurs (ce qui était interdit par la loi jusqu'en 1979) commenceront à revendiquer plus ouvertement la fin des contrôles étatiques sur leurs syndicats.

Ainsi, le principal argument légitimant du régime, à savoir, la croissance économique accélérée, perd beaucoup de sa pertinence auprès de la principale base d'appui des militaires et de leur politique autoritaire : les entrepreneurs. Cela deviendra visible avec la prise de position de certains secteurs des entrepreneurs pour le retour du pays à la démocratie au milieu des années 70. De même, l'accélération de l'inflation augmente l'insatisfaction des couches populaires, facilitant le travail d'argumentation de l'opposition démocratique (comprenant le Parti officiel de l'opposition, des secteurs de la gauche rescapés de la répression contre la guérilla urbaine, des organisations de défense des droits de l'Homme, une partie de l'Église, des groupes populaires engagés dans les mouvements sociaux, etc.).

Signe que ces difficultés touchaient la légitimité du pouvoir militaire, lors des élections législatives de 1974 et de 1978, le seul parti de l'opposition autorisé à participer aux élections obtient un suffrage plus significatif que celui du parti du gouvernement (Alves, 1987 : 198-199). Obligeant, ainsi, les militaires à faire appel à des lois sur mesure, imposées à la société, pour maintenir leur majorité au Congrès.

Tout ce processus entraîna une réorganisation de la société civile. La gauche, après la défaite de l'expérience des guérillas urbaines, va essayer de s'insérer dans le mouvement syndical et dans les mouvements sociaux qui commençaient à renaître. De même, l'Église, influencée par la Théologie de la Libération, prend position contre l'autoritarisme et pour un meilleur partage de la richesse du pays. De plus, des organisations de défense des droits de l'Homme parviennent à dénoncer plus efficacement les atteintes contre les droits fondamentaux.

Ces demandes de démocratisation se répercutent même à l'intérieur de la corporation militaire, où deux tendances s'affrontent. La première de ces tendances, connue sous le nom de Ligne Dure, proposait un durcissement de la répression, contre les groupes sociaux qui marquaient leur mécontentement, et le maintien au pouvoir des militaires. La deuxième tendance, tout en voulant maintenir le statu quo politique et social, proposait de rendre le pouvoir aux politiciens civils et de préparer le pays à un retour à l'ordre démocratique. Pour cette tendance, les militaires, en exerçant directement le pouvoir, s'exposaient à l'usure de leur image. Il était plus convenable, donc, que le pouvoir militaire se positionne comme garant de l'ordre établi, laissant aux politiciens civils l'usure de l'exercice du pouvoir.

Notes
137.

A tel point qu'en 1964 le gouvernement a réalisé plus d'interventions que durant toute la période précédente.

138.

Il s'agit du Movimento Intersindical Antiarrocho crée en 1968 par plusieurs entités syndicales, sous l'influence de leaders de l'opposition civile au régime militaire.

139.

Voir l'importante et prémonitoire étude de Francisco Weffort sur l'émergence du nouveau syndicalisme au Brésil (Weffort, 1972).

140.

La grève de Contagem commença le 16/04/68 et prit fin le 25/04/68 grâce à la médiation du Ministère du Travail ; malgré le fait qu'une partie des revendications des travailleurs furent prises en compte, à ce moment, le gouvernement prit soin d'étendre à l'ensemble des travailleurs du pays les avantages salariaux obtenus par les travailleurs de Contagem, afin d'éviter des mouvements semblables chez d'autres travailleurs. Cependant, dans le cas des travailleurs d'Osasco (qui déclenchent leur grève en novembre 1968), le gouvernement utilisa plusieurs moyens de répression contre le mouvement gréviste : intervention dans le syndicat, occupation militaire des entreprises, etc. Durant les trois jours de cette grève – voulue comme exemplaire par les militaires – plusieurs travailleurs et militants syndicaux furent emprisonnés, laissant le mouvement complètement acéphale. La fin du mouvement sera donc vécue comme une grande défaite des travailleurs.

141.

Alves, 1987.

142.

L'utilisation de l'idéologie politique libérale pour légitimer une ordre politique autoritaire est une des marques les plus visibles de l'action politique des élites conservatrices du pays ; C'est une des leçons de l'étude de Luiz Werneck Viana (Viana, 1976) sur les visages du libéralisme dans la politique brésilienne au cours de ce siècle.

143.

Le Ministre de l'économie du Brésil au début des années 70 – période que les tenants du régime qualifièrent le "Miracle Brésilien", durant laquelle le pays connaît des taux de croissance à deux chiffres – avouera que l'important pour le gouvernement à l'époque était de faire croître l'économie avant d'améliorer le partage des richesses du pays ; il fallait "d'abord faire croître le gâteau pour pouvoir le partager plus tard".

144.

Il s'agit de lois imposées par les militaires en juillet et août 1966 (Alves, 1987 : 82)

145.

Il s'agit du Departamento Intersindical de Estatística e Estudos Sócio-Econômicos, organisme maintenu par les syndicats charger de produire des études censées aider les syndicats dans leurs négociations avec le Patronat ou l'Etat.

146.

En 1980, parmi les salariés brésiliens, 64 % percevaient entre un et deux salaires minimums (in: Alves, 1987 : 335).

147.

Le processus d'urbanisation de la société brésilienne s'accélère au cours des années 60 et 70. Ainsi, si en 1960 la majorité de la population vivait à la campagne (60 % du total), en 1970 la population urbaine (52 %) dépassait déjà la population rurale et en 1980, environ 60 % de la population du pays habitait les villes ; tendance qui allait s'accentuer au cours des années suivantes : en 1991, seuls 25 % des Brésiliens habitaient encore des zones rurales.