Toutefois, au cours des années 60 et 70, des transformations importantes allaient atteindre l’industrie pétrolière de Bahia. Un premier signe de ces transformations est marqué par le fait que la production pétrolière de Bahia commence à diminuer, en même temps que la production d'autres États du pays progresse rapidement.
Ainsi, la production bahianaise de brut atteint son maximum en 1969 quand, avec 143.000 baril/jour, elle représentait 83 % de la production brésilienne. A partir de cette date cette production commence à décroître : elle n'est que de 118.000 baril/jour en 1975 et de 85.000 baril/jour en 1979 (respectivement 68,6 % et 51 % de la production du pays). Ce processus allait devenir encore plus significatif au cours des années 80, avec le début de la production des gisements sous-marins dans la région de l'État de Rio de Janeiro : en 1985, Bahia ne produisait plus que 14 % de la production brésilienne et seulement 11 % en 1990 220 .
Dans le même temps, l'entreprise change l'axe de sa politique d'investissement à partir du milieu des années 60 ; après avoir poursuivi, sans succès, l'idée de découvrir d'importants gisements pétroliers dans le pays, PETROBRAS va centrer son action sur l'autonomisation du pays au niveau de la production de dérivés du pétrole. De cette façon, avec la priorité donnée par l'entreprise à la croissance de la capacité de raffinage, d'autres raffineries seront mises en activité au cours des années 60 et 70.
RAFFINERIE (SIGLE) | PRODUCTION (m3/jour) | ANNÉE DE MISE EN activité | LOCALISATION (ÉTAT) |
RLAM | 19.500 | 1950 | BAHIA |
RECAP | 5.000 | 1954 | SÃO PAULO |
RPBC | 26.500 | 1955 | SÃO PAULO |
REMAN | 1.400 | 1956 | AMAZONAS |
REDUC | 36.300 | 1961 | RIO DE JANEIRO |
REGAP | 20.000 | 1968 | MINAS GERAIS |
REFAP | 10.000 | 1968 | RIO GRANDE DO SUL |
REPLAN | 42.000 | 1972 | SÃO PAULO |
REPAR | 24.000 | 1977 | PARANA |
REVAP | 30.000 | 1980 | SÃO PAULO |
Source : REDUC, Rio de Janeiro, PETROBRAS, sans date. |
La chute de la production bahianaise de pétrole et le lancement d'autres raffineries au Brésil, auront pour conséquence une perte d'importance relative du nombre de travailleurs de PETROBRAS dans cet État. Ainsi, si en 1968 les 12.779 petroleiros de Bahia représentaient 36 % des travailleurs de PETROBRAS (35.400), en 1976, ils étaient pratiquement aussi nombreux (12.345) mais ne représentaient plus que 29 % des 42.525 travailleurs. L'époque était loin où les petroleiros de Bahia représentaient la moitié de l'effectif de l'entreprise, comme c'était le cas au début des années 60.
Cette perte d'importance relative des petroleiros de Bahia (en termes numériques et de production) aura de nombreuses conséquences sur le syndicalisme. Lorsque les mobilisations ouvrières reprendront chez eux, à la fin des années 70, ils auront pleine conscience que Bahia ne représente plus les secteurs les plus importants de PETROBRAS ; cela les poussera à abandonner le régionalisme qui les avait caractérisés dans les années 60, et à s'intégrer dans les organisations syndicales nationales représentant les travailleurs du pétrole. On y reviendra.
Données in PETROBRAS : Principais Indicadores, Rio de Janeiro, PETROBRAS, 1994.