11.5. Le manque de participation des masses crée des résistances parmi les ouvriers

Toutefois, l'adoption de cette posture par les syndicats du pétrole ne s'est pas faite sans divergences et sans scissions parmi les travailleurs. Certains militants interviewés revendiquent même avoir mené une action organisée en opposition aux pratiques co-gestionnaires et démobilisatrices des syndicats. Ils insisteront, dans leurs témoignages, sur le caractère non démocratique, élitiste et personnaliste de l'action des leaders syndicaux à partir de 1962. Pour eux, les responsables syndicaux les plus importants s'étaient transformés en véritables politiciens. Cela, non seulement parce que deux de ces responsables avaient été élus députés 330 en 1962, mais surtout parce qu'ils avaient accordé la primauté à leurs accords et compromis politiques avec les groupes nationalistes, aux dépens des intérêts immédiats des travailleurs.

‘<< ... à cette époque le travailleur suivait beaucoup les leaders nationaux. Même les syndicalistes, ils obéissaient beaucoup aux ordres du CGT, les choses se faisaient sans grandes discussions avec les bases syndicales ; c'étaient des choses qui venaient d'en haut...>> (entretien avec un militant syndical rentré dans l'entreprise en 1959).’

Telle est également la conclusion de ce militant qui affirme qu'à cette époque l'accès au syndicat est devenu plus difficile.

‘<< ...ces petites choses ont commencé à nous révolter, ces choses qui arrivaient dans le syndicat... Le syndicat commença à être fermé aux travailleurs, on n'avait plus accès pour savoir ce qui se passait dans le syndicat...>> (entretien avec un militant du STIEP rentré dans l'entreprise en 1958).’
Notes
330.

Mario Lima, président du SINDIPETRO, fut élu député fédéral et Wilton Valença, président du STIEP, fut élu député de l'État de Bahia.