12.4. LEs options des syndicalistes

Face à une telle situation de contrôle et de mises en difficulté des travailleurs, les responsables syndicaux avaient deux options : soit ils s'adaptaient à la nouvelle donne, en jouant le rôle accessoire que les militaires leur réservaient, soit ils se révoltaient et, profitant de l'ouverture de la conjoncture politique des années 67-68, ils essayaient de relancer les mobilisations collectives des travailleurs.

Chez les petroleiros de Bahia ces deux tendances se sont affrontées dès l'année 1965, lors des premières élections syndicales après le coup d'État de 1964. Ces deux modèles d'action ne sont pas complètement étrangers l'un à l'autre ; à certains moments, ils seront même présents au sein d'une même direction syndicale, où régnait une sorte d'équilibre et de compromis entre les syndicalistes se réclamant de ces deux options syndicales. Ce n'est donc qu'à des fins purement descriptives et analytiques que nous allons les étudier séparément.

Toutefois, avant de poursuivre dans ce sens, il faut éclaircir l'idée générale que nous allons développer dans ce sous-chapitre. Selon nous, les réponses que les syndicalistes du pétrole ont apportées à la nouvelle réalité de PETROBRAS, après 1964, se sont faites dans la continuité de l'action syndicale des populistes.

Ainsi, les deux modèles d'action syndicale qui allaient se disputer le pouvoir entre 1964 et 1968, se réclamant du type d'action syndicale que les petroleiros avaient menée entre 1960 et 1964. De ce fait, les deux tendances représentaient en quelque sorte deux formes d'actualisation du populisme syndical : une actualisation conservatrice (dans le cas de l'acceptation des limites dictées par l'entreprise aux syndicats) et une actualisation plus mobilisatrice (dans l'autre cas).