12.6. Conclusion

De la sorte, une des raisons qui pourrait expliquer, à partir de 1964, l'attitude peu revendicatrice d'une partie des syndicalistes du pétrole – en dehors du climat de répression qui s'était installé dans le pays – est le fait que malgré la teneur "scientifique" des discours des directions de PETROBRAS, les conquêtes nationalistes n'ont jamais été mises en danger durant cette période. Au contraire même, certaines demandes des groupes nationalistes en matière de politique pétrolière ont été adaptées par les gouvernements militaires. Ce fut le cas, par exemple, de la création des filiales de PETROBRAS.

‘<<Une chose est certaine : durant la période où PETROBRAS fut entre les mains des militaires, personne ne parla de privatisation. (...). Même si la situation n'était pas bonne, il n'y avait pas de menace de privatisation. Si l'on analyse bien les choses, on voit que la période militaire fut plus étatiste que maintenant ...>> (Entretien avec un leader syndical des années 70).’

En tout cas, l'absence d'appels nationalistes plus explicites de la part de l'entreprise, n'a pas empêché que les responsables du gouvernement et de PETROBRAS poursuivent une politique nationaliste sur le pétrole. Cela confortera les options de certains courants syndicaux dans la volonté de soutenir les gouvernements militaires, ou du moins de rester proches d'eux.

En ce sens, cette période pourrait bien être caractérisée comme marquée, malgré les tentatives de réédition d'un populisme mobilisateur, par une vison conservatrice des pratiques syndicales à PETROBRAS. Une réactualisation conservatrice du syndicalisme populiste, en quelque sorte. Un populisme sans peuple et sans mobilisations de masse, mais encore très porteur des valeurs nationalistes et de la proximité entre les leaders syndicaux et les représentants de l'entreprise.