15.4. L'apogée et les limites du populisme

Cette stratégie de légitimation par la proximité des centres du pouvoir (d'où la place donnée au dialogue) et par les références au passé syndical des travailleurs du pétrole se montra efficace jusqu'à 1988 ; année où les pertes salariales des petroleiros – dans une conjoncture d'inflation sans contrôle et d'augmentation du nombre de grèves dans le pays – les poussent à réaliser des mouvements de masse. Ce qui allait démontrer les limites du modèle d'action populiste.

Néanmoins, entre 1984 et 1988, le syndicalisme populiste resta largement hégémonique parmi les travailleurs du pétrole de Bahia. Ce qui explique qu'en 1987, à nouveau, les deux listes liées aux directions syndicales en place remportent les élections au SINDIPETRO et au STIEP avec plus de 70 % des voix exprimées 399 .

De même, lors des élections législatives d'octobre 1986, le président du SINDIPETRO réussit à se faire élire, à nouveau, député fédéral. Un fait à remarquer fut la volonté des syndicalistes de lancer la candidature du président du STIEP au poste de député de l'assemblée de l'État de Bahia, ce qui était, aussi, une façon de relancer les modèles des années 60, lorsque le président du SINDIPETRO (Mario Lima) est devenu député fédéral et celui du STIEP (Wilton Valença) député de Bahia. Toutefois, selon plusieurs témoignages, les querelles entre les syndicalistes du pétrole dans les années 80, ne permirent pas cette possibilité : lors de la convention pour les élections des candidats du Parti du Mouvement de la Démocratie Brésilienne (PMDB), dont les syndicalistes du pétrole étaient membres, le président du STIEP n'obtint pas le droit de participer aux élections.

Quoiqu'il en soit, au milieu des années 80, le populisme syndical paraissait avoir devenu hégémonique au sein des travailleurs du pétrole. C'est l'époque où les contacts entre les politiciens de la Nouvelle République et les syndicalistes de PETROBRAS à Bahia se font plus étroits.

Ainsi, en février 1987, Aureliano Chaves, le ministre des Mines et Énergies, auquel PETROBRAS était attachée, vient à Bahia recevoir les hommages que les syndicalistes du pétrole organisent pour le remercier de son action en faveur du retour à l'entreprise des travailleurs licenciés durant la dictature militaire et suite à la grève de 1983.

Aussi, en septembre 1987, c'est grâce à l'action du ministre des Mines et Énergies et de celui du Travail, que la poursuite des négociations entre PETROBRAS et les syndicats des petroleiros est redue possible. La propre direction de l'entreprise le reconnaît dans un texte à diffusion interne pour les employés de la compagnie.

‘<< PETROBRAS DIALOGUE AVEC SES EMPLOYÉS.’ ‘NÉGOCIATIONS DANS UNE NOUVELLE PHASE.’ ‘Après une réunion avec le ministre du Travail, Almir Pazzianotto, les leaders syndicaux ont adressé un document, hier après midi, au ministre des Mines et Énergies, Aureliano Chaves. Dans ce document, ils proposent de rétablir les négociations directes avec l'entreprise, remettant à plus tard l'audience de conciliation qui était programmée pour demain, le 30/09, au Tribunal Supérieur du Travail.’ ‘La Compagnie, croyant que les négociations peuvent aboutir avec succès, et cherchant toujours à maintenir le climat d'entente, a donné son accord pour l'ajournement de l'audience de conciliation. Les syndicats, de leur part, s'engagent à ne pas réaliser le mouvement de grève programmé.’ ‘Aujourd'hui, à 14 :30 heures, à Brasilia, le président de PETROBRAS, Ozires Silva, et les ministres Aureliano Chaves et Almir Pazzianotto, seront réunis avec les dirigeants syndicaux pour entamer une nouvelle phase des négociations.>> (In : PETROBRAS, DIALOGANDO, 29/09/87).’

D'ailleurs, dès 1985 les négociations entre entreprise et syndicats du pétrole passeront par la médiation des ministres du Travail et de celui des Mines et Énergies. En raison du caractère national de ces négociations, même les syndicats de la CUT, qui menaçaient de lancer des grèves pour protester contre le peu de résultats de ces accords, durent se résigner à les signer, face à la difficulté de réaliser des grèves à PETROBRAS sans la participation de la majorité des syndicats 400 .

Toutefois, malgré l'apparente hégémonie des populistes, les conditions pour maintenir leur style de syndicalisme devenaient de plus en plus difficiles. Dès décembre 1986, les travailleurs liés au STIEP participent à la grève générale, décrétée en protestation contre la fin du Plan Cruzado 401 ; cela peu de temps après les élections législatives, dans lesquelles les candidats soutenus par le gouvernement ont été largement plébiscités. La fin de ce plan économique représentera un coup très dur pour la popularité du gouvernement, lequel se montrait incapable de contrôler la montée de l'inflation.

Dès lors, la légitimation par la proximité des centres du pouvoir, mise en pratique par les syndicalistes populistes de PETROBRAS, allait laisser éclater toutes ses contradictions. En ce sens, dès janvier 1987, la direction du SINDIPETRO fait paraître la note suivante dans son journal d'information :

‘<<LE GOUVERNEMENT A PERDU SA FORCE MORALE.’ ‘Encore une fois les économistes qui décident la politique économique du pays cherchent un bouc émissaire à leurs erreurs : les salaires des travailleurs.’ ‘Les économistes du gouvernement, de la même façon que ceux de la "Vieille République", soutiennent que les augmentations de salaires font croître l'inflation. Cependant, les salaires sont gelés depuis presque un an, et l'inflation continue à monter. (...).’ ‘Nous ne supportons plus le déphasage entre les prix et le salaires.’ ‘Même reconnaissant que ce n'est pas l'idéal, nous voudrions qu'au moins la parole du président José Sarney soit tenue ; lequel président s'est engagé, par le biais de la loi qui a donné naissance au Plan Cruzado, à ce que les salaires soient automatiquement réajustés dès que l'inflation cumulée atteindrait 20 %. >>’

Avec la radicalisation de la conjoncture, les discours basés sur le "dialogue" et sur l'entente parfaite entre syndicalistes et entreprise deviennent plus difficiles à tenir. Cela d'autant plus que les conflits entre l'entreprise et les syndicats s'aggravent.

Ainsi, en mars 1987, suite à la décision de PETROBRAS de concéder des augmentations salariales plus importantes aux ingénieurs qu'aux autres travailleurs, les syndicats du pétrole de l'ensemble du pays menacent de faire grève. L'entreprise et le gouvernement, voulant éviter cette mobilisation, appellent l'armée pour occuper les unités de production de PETROBRAS. Encore une fois les médiations seront établies par le ministre du Travail, mais durant toute la négociation, les soldats seront présents dans les principales unités de PETROBRAS.

Faute d'accord entre eux, les syndicalistes finiront par accepter une proposition de PETROBRAS, selon laquelle les augmentations différenciées seront maintenues, mais les différences entre les augmentations des travailleurs titulaires de diplômes universitaires et les autres travailleurs seront moins importantes que celles prévues au départ.

A Bahia, où la mobilisation fut très importante (il y eut des assemblées avec plus de 1.500 travailleurs 402 ), les directions syndicales seront obligées de changer leurs discours par rapport au gouvernement et à la direction de PETROBRAS. Dans les journaux syndicaux, par exemple, les critiques à l'encontre de la politique économique du gouvernement deviennent plus importantes. De même, la décision de l'entreprise, de faire appel à l'armée pour intimider les travailleurs, sera vécue comme une trahison des intérêts des travailleurs et de leur esprit de défense de PETROBRAS.

‘<<Sous le prétexte "de maintenir l'ordre et la tranquillité", les responsables de la PETROBRAS ont commis hier, une grave agression aux petroleiros, ils ont admis l'armée dans les unités de l'entreprise. Ils ont essayé de diffuser la terreur et l'appréhension parmi des pères de famille qui se sont seulement mobilisés pour demander de la justice.’ ‘Jamais, dans toute l'histoire de la PETROBRAS, les petroleiros n'ont adopté des mesures contre l'entreprise, un patrimoine du peuple brésilien. Bien au contraire, nous avons lutté pour la défense du monopole d'État du pétrole contre la cupidité et l'usure du capital étranger qui désire s'approprier la PETROBRAS. (...)’ ‘La présence de l'armée, avec des mitrailleuses, patrouillant ostensiblement parmi les travailleurs sur leurs lieux de travail, nous ramène aux années noires de la dictature militaire, que nous pensions révolues. Quand nous avons soutenu la campagne des Diretas-Já 403 , et après, la campagne de Tancredo Neves pour la construction d'une Nouvelle République, nous n'imaginions pas que nous serions gênés par des faits de cette nature dans le futur. (...)’ ‘Ce que nous revendiquons c'est un salaire juste, que l'entreprise peut payer. Jamais nous n'avons provoqué de désordres et nous n'allons pas maintenant attenter à l'entreprise que nous avons toujours défendue et que nous avons aidé à construire.’ ‘Nous exigeons du respect de la part de la direction de PETROBRAS. Nous exigeons le départ des troupes de l'armée de notre lieu de travail. Nous allons continuer de lutter pour des salaires justes.’ ‘Signé : Directions du STIEP et du SINDIPETRO.>> (In : Journal d'Information Conjoint STIEP et SINDIPETRO, 11/03/87).’

Ce changement de discours et de légitimation des populistes, n'était pas un simple reflet de la conjoncture socio-économique du pays. Il répondait aussi à un besoin de contrer les critiques de la gauche, laquelle accusait les directions syndicales des petroleiros d'être "pelegas".

‘<<AVEC LE "PELEGUISMO" IL N'EST PAS POSSIBLE D'AVANCER.’ ‘Les petroleiros ne peuvent pas rester une fois de plus pénalisés par la discrimination de la direction de PETROBRAS, avec la connivence des directions du STIEP et du SINDIPETRO. (...)’ ‘Cette fois-ci le "peleguismo" a laissé tomber ses masques : en boycottant les décisions des assemblées des petroleiros ; en empêchant le mouvement d'avancer ; en terrorisant les assemblées ; en permettant toutes les manoeuvres de l'entreprise et en conspirant avec les ministres de la soi-disant Nouvelle République ; tout cela contre le mouvement et au détriment de l'organisation et de la mobilisation des petroleiros.>> (In : MOBILIZANDO 404 , n° 26, 08/04/87). ’

Le changement de discours ne fut qu'une des stratégies des populistes pour neutraliser les critiques des oppositions, de plus en plus virulentes et actives 405 , ainsi que celles provenant des responsables des syndicats de petroleiros liés à la CUT (notamment lors des congrès nationaux de ces travailleurs).

Un autre changement important dans la tactique des leaders syndicaux des petroleiros de Bahia fut remarqué lors des élections réalisées en 1987. Bien que les deux directions syndicales aient remporté très aisément ces élections, toutes les deux ont dû accepter de nouveaux participants pour renforcer leur image de meneurs de lutte.

Ainsi, dans le cas du STIEP, l'ancien président cède son poste à un militant de base qui, par le passé (1984), avait fait de l'opposition (mais sans liens avec la gauche) à la direction du syndicat ; en même temps, deux anciens responsables du STIEP (dans les années 60) sont invités à faire partie de la liste qui allait briguer une réélection. Ces nouveaux arrivés sont venus remplacer les militants de la gauche qui avaient participé à la direction syndicale entre 1984 et 1987.

De la même façon, au niveau du SINDIPETRO, la direction syndicale en place invite deux syndicalistes des années 60 (y compris celui qui avait été le président du syndicat en 1968, lors de la grève de la faim de cette année), ainsi que plusieurs travailleurs licenciés lors de la grève de 1983.

Ces changements dans la composition des directions, était une manière de signifier aux travailleurs les plus jeunes que les responsables syndicaux étaient aussi combatifs que les militants de la gauche, mais plus responsables, car plus expérimentés.

‘<<Nous, de la liste n° 1, avons été victimes de fréquentes critiques, insultes et agressions de la part du groupe qui compose la liste n° 2. (...). La liste n° 1 n'est pas incompétente, conservatrice, immobile et sans courage ; bien au contraire, nous nous engageons vis-à-vis de la base, avec une proposition de travail sérieuse, basée sur la Compétence, sur l'Expérience et sur le Travail. Nous comprenons que la liste n° 2 n'ait pas dans son équipe des éléments ayant de l'expérience, capables et sereins pour commander une base comme la nôtre. (...).’ ‘Nous avons de l'histoire, du passé, de la biographie.>> (In : Tract de campagne de la direction syndicale lors des élections du SINDIPETRO, en 1987).’

Le résultat des élections démontre bien combien ce discours interpellait certains groupes des travailleurs du pétrole. Mais il ne reflète pas le niveau de l'emprise idéologique que la gauche commençait à gagner dans le mouvement syndical des petroleiros.

Cette emprise commença par une meilleure articulation nationale des groupes de gauche parmi les travailleurs du pétrole. Cette articulation permettra, par exemple, dans les congrès nationaux, que les syndicalistes et militants de la CUT – minoritaires dans l'ensemble du mouvement syndical des petroleiros – puissent faire approuver, dans les congrès de la base, plusieurs de leurs thèses. Ces syndicalistes et militants, en étant davantage portés par une idéologie que les autres travailleurs, participaient plus activement aux débats et aux délibérations, réussissant, parfois, à inverser l'équilibre des forces lors de ces congrès.

Ainsi, fait très important pour la réalisation des grèves nationales chez les travailleurs de PETROBRAS, la gauche réussit à faire passer, lors du congrès de juin 1988, l'idée de création d'une Commission Nationale de Négociation ; cette commission composée de six syndicalistes (représentant six syndicats différents) avait la responsabilité de mener les négociations avec l'entreprise et d'unifier les informations passées aux syndicats. Dans la stratégie de la gauche, cette commission visait à éviter les inconvénients des négociations réunissant un grand nombre de syndicalistes (jusqu'à trois représentants de chacun des 19 syndicats de petroleiros du pays), et que l'entreprise ne puisse jouer facilement avec leurs divergences internes pour affaiblir les mobilisations programmées.

Par ailleurs, cette meilleure articulation nationale de la gauche rendait plus efficace l'action des oppositions syndicales chez les petroleiros de Bahia. Que ce soit par une meilleure information sur le déroulement des négociations avec l'entreprise, ou par l'apport d'argent des syndicats liés à la CUT lors des élections syndicales ou, encore, par l'entraînement des militants aux discussions politiques, lors des congrès du DNPC 406 , le fait est que les oppositions de gauche seront de plus en plus légitimées 407 auprès des travailleurs, surtout lors des conflits avec l'entreprise.

Un autre signe des difficultés accrues de légitimation des populistes, ainsi que du regain d'influence de la gauche, fut l'apparition de divergences internes aux directions syndicales, relativement à la stratégie à adopter dans une conjoncture économique d'instabilité du pouvoir d'achat des travailleurs de PETROBRAS.

Salaires moyens des travailleurs du pétrole (1983-1993)
ANNÉE SALAIRES MOYENS
(EN $ US)
INDICES (1987=100)
1983 1.547 70,0
1984 1.261 57,0
1985 1.553 70,0
1986 1.483 67,0
1987 2.219 100,0
1988 1.759 79,0
1989 1.896 85,0
1990 1.441 65,0
1991 1.563 70,0
1992 1.369 62,0
1993 1.424 64,0
Source : SISTEMA PETROBRAS, DIAGNÓSTICO E PERSPECTIVAS, 1993 : 158.

Dans un processus de radicalisation de la conjoncture nationale, l'incapacité des populistes à transformer leurs liens avec des politiciens du gouvernement en avantages salariaux pour les travailleurs, fait apparaître dans les propres rangs des directions syndicales des voix divergentes. Ces voix vont devenir plus critiques avec l'augmentation des mouvements de grève à l'échelle nationale à PETROBRAS.

Ainsi, dès février 1988, éclate une grave crise opposant le président du STIEP (nouvellement élu) et la direction du SINDIPETRO. La raison de ce différend venait du refus de la direction du SINDIPETRO d'organiser une manifestation pour faire pression sur l'entreprise afin d'ouvrir des négociations pour réajuster les salaires des travailleurs. Ceci, sous l'allégation que des contacts politiques importants avaient été pris – par le biais du député et président du SINDIPETRO, Mario Lima –, dans le but de convaincre les ministres des Finances de permettre à PETROBRAS de négocier avec les syndicats.

‘<< Le compagnon président du STIEP n'a pas pris connaissance, donc, du fait que 16 syndicats de petroleiros, réunis à Brasilia, ont obtenu, par le biais du compagnon Mario Lima, des rencontres avec les ministres suivants : Aureliano Chaves, des Mines et Énergies ; Mailson da Nôbrega, des Finances et Almir Pazzianotto, du Travail, afin d'ouvrir le dialogue et de trouver la voie pour que la base obtienne le nécessaire et attendu réajustement salarial...>> (In : INFORMATIVO SINDIPETRO, n° 04/88, 22/02/88).’

Ces divergences entre les deux syndicats représentaient, en fait, des conceptions différentes sur les négociations avec l'entreprise. Les méthodes de négociation populistes commençaient à être mises en question au sein même des directions syndicales des petroleiros de Bahia. Les événements suivants n'allaient que renforcer cette tendance.

En mai 1988, plusieurs syndicats du pétrole du pays réalisent une grève de deux jours contre la politique salariale du gouvernement, défavorable notamment aux travailleurs du secteur public. A Bahia, bien que les assemblées des deux syndicats aient décidé de participer au mouvement, seuls les travailleurs liés au STIEP interrompront leurs activités. Ce fait va accroître la tension entre les directions des deux syndicats de petroleiros de Bahia, en même temps qu'il laissera le champ ouvert aux critiques de la gauche vis-à-vis des Responsables du SINDIPETRO.

Cela va rapprocher le président du STIEP des militants de gauche 408 , d'autant plus que lors des piquets de grève, et lors d'autres activités de mobilisation de la base, la majorité des militants appartenaient à l'opposition. Ainsi, les réunions de la commission de mobilisation, créée à cette époque, étaient contrôlées par les membres de l'opposition syndicale.

Cette proximité entre une partie de la direction du STIEP et les membres de l'opposition syndicale va devenir plus évidente lors de la grève nationale de 1988.

Notes
399.

Il est difficile de connaître l'origine des votes de chaque liste lors de ces élections. Cependant, une évaluation faite par les militants de gauche, à la suite des élections du STIEP, considère que la grande particularité de ces élections est marquée par le poids des retraités dans le collège électoral du syndicat. Ainsi, en 1987, environ 30 % des 6.700 personnes ayant voté étaient des retraités ; sachant que les retraités votaient, en général, dans le siège du syndicat, les militants de gauche arrivent à la conclusion que seulement 10 % des retraités ont voté pour eux, d'où la grande différence de voix, en faveur de la direction du syndicat, à la fin du scrutin. Pour eux, il y avait un certain équilibre des forces entre la gauche et les syndicalistes au sein des travailleurs actifs, mais le poids des retraités, attachés aux populistes, a fait pencher la balance en faveur de ces derniers. Bien que l'on ne dispose pas de données plus pointues sur les élections au SINDIPETRO, cette année, on peut supposer que le même phénomène s'est produit, car sur les 2.866 personnes ayant le droit de voter cette année, 31,4 % étaient de retraités (900 personnes).

400.

Au milieu des années 80, sur les 19 syndicats de petroleiros au Brésil, seuls quatre étaient liés à la Centrale Unique des Travailleurs. Pour les syndicalistes de l'époque, une des leçons tirées de la grève de 1983 fut que les grèves à PETROBRAS, pour obtenir des résultats satisfaisants, devaient être réalisées au niveau national.

401.

Plan économique de lutte contre l'inflation basé sur le gel des salaires et des prix. Ce plan fut mis en place en mars 1986 et, en raison du gel des prix des marchandises, a procuré une grande popularité au gouvernement. Toutefois, les mesures économiques adoptées augmentèrent le déficit public, raison pour laquelle le gouvernement décida, après les élections législatives de novembre 1986, de mettre fin au Plan Cruzado.

402.

Ce qui n'avait pas eu lieu depuis les années 60.

403.

Il s'agit d'une campagne de mobilisation populaire en 1984 pour obliger les militaires à réaliser des élections directes pour la Présidence de la République.

404.

Il s'agit du journal d'information de l'opposition syndicale, liée à la CUT, en activité à la base du STIEP.

405.

Les oppositions syndicales liées à la CUT bénéficièrent largement du soutien des syndicats des petroleiros sous contrôle de cette centrale syndicale. Un fait très important dans l'institutionnalisation de cette aide fut la création du Département National des Petroleiros de la CUT (DNPC), réunissant tous les syndicats et oppositions syndicales se réclamant de la centrale dans la branche. Cette institution fut une réponse à la décision de la majorité des syndicats des petroleiros de créer un Département Professionnel des Petroleiros au sein de la Confédération Nationale des Travailleurs de l'Industrie (donc dans le cadre de la législation syndicale en vigueur) indépendamment des syndicats des travailleurs de la Pétrochimie ; ce qui était contraire aux propositions de la CUT.

406.

Le Département National des Petroleiros de la CUT (DNPC) tenait chaque année son propre congrès, où se décidaient les points défendus par la gauche lors du congrès national des petroleiros. Ces congrès, plus politisés et où les débats étaient davantage basés sur les principes généraux de la CUT, étaient, d'après plusieurs militants, un moyen important de formation politique des nouveaux militants, car ils permettaient de mieux comprendre le sens de certaines pratiques quotidiennes de l'opposition.

407.

Un signe important de cette légitimation est le fait que l'opposition du STIEP réussit à créer un réseau d'aide financière pour ses activités, parmi les travailleurs de la base. D'après les archives préservées de ce groupe de gauche, ce réseau comprenait environ 200 personnes, fin 1987 ; cela, entre le noyau dur de l'opposition (environ 20 personnes) et les sympathisants.

408.

Rapprochement qui faisait partie de la stratégie de l'opposition du STIEP, après sa cuisante défaite électorale en 1987.