4. 2. Aspects et fonction du paysage ’intérieur’ dans le récit de L. Tieck
Die Freunde (1797)

En comparant les contes fantastiques publiés dans le recueil Phantasus (1812-1816) aux ’nouvelles de Dresde’, comme, par exemple, Die Gesellschaft auf dem Lande (1825), Der Jahrmarkt (1832) ou Des Lebens Überfluss (1839), nous comprenons pourquoi il serait vain de rechercher, dans une oeuvre aussi vaste et diversifiée que celle de Tieck, un texte offrant une représentation paradigmatique du paysage. En effet, tandis que dans des récits tels que Der blonde Eckbert (1797), Der getreue Eckhart und der Tannenhäuser (1799) ou Der Runenberg (1802), le paysage tient une place prépondérante, à tel point qu’il donnera naissance à un genre nouveau, le ’conte de la nature’ (Natur-Mährchen)641 , dans les nouvelles ultérieures, à l’exception de celle que nous évoquerons au terme de notre étude de textes, Musikalische Leiden und Freuden (1822), la culture citadine l’emporte peu à peu sur la nature, les dialogues sur les descriptions de paysage.

Par conséquent, l’analyse que nous nous proposons d’effectuer ici est conçue simplement comme le point de départ d’une réflexion sur les formes et la fonction du paysage ’intérieur’ dans la littérature romantique. Nous avons choisi de travailler non directement sur les contes fantastiques de Tieck, auxquels nous nous référerons ponctuellement, mais sur un texte à la fois moins connu et moins exploité que ces derniers. Il s’agit du récit intitulé Die Freunde, publié pour la première fois dans les Straußfedern, un recueil qu’éditait à l’époque Nicolai642. C’est par sa position spécifique dans l’oeuvre de Tieck que ce texte a tout d’abord retenu notre attention. Il permet en effet de faire le lien entre les premiers récits, d’inspiration orientale, que publia l’auteur dès 1790 (Almansur, Ein Idyll) et 1792 (Abdallah, Eine Erzählung) et les contes du Phantasus. Le récit emprunte aux ébauches ’orientales’ de Tieck le thème de l’intrusion du merveilleux dans le réel immédiat, sans le traiter encore sur le mode fantastique. Ainsi, la jonction des ’choses les plus étranges’ aux ’choses les plus quotidiennes’, selon la formule, reprise ensuite dans les contes fantastiques643que forge ici le narrateur644, reste légitimée non plus, comme dans le récit Almansur, par la lecture d’un conte allégorique enchâssé dans ’l’idylle’, mais par une vision explicitement onirique, comme l’indique la fin du récit :

Ludwig richtete sich empor. Er war im Schlafe von dem Baumstamm heruntergesunken, der aufgeschlagene Brief seines Freundes lag neben ihm. (p. 71)645

La présence soudaine, dans le récit, d’un pays féerique, puis l’émergence d’un ’palais’ merveilleux recoivent ici une explication rationnelle : c’est en relisant la lettre de cet ami malade auquel il s’apprêtait initialement à rendre visite que le héros s’est endormi et s’est mis à rêver. Il est possible que Tieck ait ici cherché à satisfaire aux exigences rationalistes de son éditeur. Néanmoins, cet acte d’allégeance n’enlève rien au pouvoir subversif des images oniriques, que Tieck dévoile pour la première fois dans le récit Die Freunde. En effet, comme le rappelle très justement G.-L. Fink, loin d’être simplement une ’clé’ didactique, le rêve est avant tout ’un terrain mouvant qui, à tout moment, [peut] être envahi par l’inconscient et s’ouvrir à une poésie faite de fantaisie et de mystère, de pénombre et d’irréalité’646. C’est précisément sur cette voie plus glissante que s’engageront les contes fantastiques de Tieck, caractérisés par un flottement permanent entre la veille et le rêve, la réalité et l’imaginaire647.

Le récit Die Freunde se distingue également par le caractère archétypal de sa trame narrative. Nous retrouvons en effet dans les contes du Phantasus les trois grandes articulations thématiques de notre récit : l’errance d’un individu désireux de se soustraire aux contraintes de la vie quotidienne (Ludwig) ou à l’étroitesse d’un univers auquel il ne peut s’adapter (Bertha dans Der blonde Eckbert, Christian dans Der Runenberg) ; la découverte d’un lieu ’magique’, un jardin féerique (Die Freunde, Die Elfen) ou une montagne ’étrange’ (Der Runenberg, Der getreue Eckhart und der Tannenhäuser), associé à la réalisation de ses désirs les plus profonds ; et enfin, le retour, parfois brutal, à la réalité quotidienne, provoqué par la prise de conscience de la valeur de l’existence terrestre (Die Freunde, Der getreue Eckhart [...]), par le sentiment d’avoir commis une faute (comme pour Bertha et Christian) ou par la révélation d’un secret (Die Elfen)... L’originalité du récit Die Freunde tient essentiellement au développement d’une correspondance entre le cheminement du héros et celle de la narration elle-même. De même que le personnage, à mesure qu’il se perd dans ses pensées, s’écarte peu à peu du ’droit chemin’648, le récit, interrompu par des motifs retardateurs (la lecture de la lettre, puis la résurgence des souvenirs d’enfance), échappe à une progression linéaire.

Cette errance, tant intérieure que narrative, a pour corollaire une déréalisation croissante de l’espace parcouru (en rêve, rappelons-le) par le héros. Au paysage-cadre qui nous est dépeint initialement et que nous présenterons au début de cette analyse649 succède ainsi une série de descriptions oniriques, que l’on pourrait qualifier, comme nous l’avons proposé plus haut pour toute forme de représentation médiate de la réalité, de paysages au ’second degré’. Contrairement à ce qu’affirme, trop rapidement, W. Donat au sujet des contributions de Tieck aux Straußfedern, jugées ’rationalistes’ et ’peu poétiques’650, le récit Die Freunde présente une grande diversité de paysages, au ’premier’ comme au ’second’ degré. C’est en parcourant tout d’abord une ’forêt épaisse’, un lieu qui, dans les contes populaires, est traditionnellement propice à l’égarement, que le héros, Ludwig Wandel651, se laisse emporter par la résurgence ’involontaire’ de ses souvenirs d’enfance, à tel point qu’il en oublie à la fois le printemps et son ami malade652. La forêt fait alors place à un tapis de verdure où viennent s’ébattre les fantômes du passé653. Cette première vision intérieure est subitement chassée par l’apparition d’un paysage romantique, aux formes stylisées :

‘Der Wald öffnete sich und seitwärts lagen auf dem offenen Felde einige alte Ruinen, mit Warttürmen und Wällen umgeben. (p. 63)’

Cette vue est, à son tour, rapidement supplantée par l’évocation de deux réminiscences majeures : celle de l’heure où Ludwig Wandel découvrit, pour la première fois, la ’jouissance poétique’654, puis celle, remontant à sa ’première enfance’, d’une ’terrifiante figure de femme’ qui, irrésistiblement, l’entraînait à sa suite dans des ’contrées inconnues’655. Comme ’par hasard’, le héros se retrouve alors effectivement dans un lieu ’qu’il n’avait jamais vu’656 et qui, peu à peu, comme nous le verrons par la suite, se mue en un paysage fantastique657. Au centre d’une ’plaine fastueuse’, baignée de soleil, se dresse un ’palais’ enchanté, à l’intérieur duquel il est invité à pénétrer658. Tel Tamino dans Die Zauberflöte (1791), guidé vers le ’temple de la sagesse’ par trois jeunes garçons, L. Wandel est conduit tout d’abord par des voix qui semblent provenir ’du fond du palais’, puis par un ’jeune garçon aux joues rouges’659, jusqu’à un jardin paradisiaque, planté d’arbres séculaires, dans lesquels des oiseaux multicolores et des enfants, jouant de la guitare, mêlent leurs chants. C’est sur ce passage essentiel, situé au centre du récit, que reposera notre analyse du paysage ’intérieur’ dans l’oeuvre de Tieck.

À cette description d’un univers féerique, régi par de ’nobles femmes’, d’une beauté surnaturelle, et au sein duquel L. Wandel séjourne pendant quelque temps, succède celle de son ’pendant’ apocalyptique, un jardin dévasté, privé de lumière, et où retentissent non plus des chants mélodieux, mais des ’gémissements plaintifs’ :

‘Er legte sich nieder und Lüftchen spielten um ihn; Wohlgerüche gaukelten und kleine Vögel sangen Schlaflieder. Im Traume dünkte ihm, als sei der Garten umher verändert, die großen Bäume waren abgestorben, der goldene Mond war aus dem Himmel herausgefallen und hatte eine trübe Lücke zurückgelassen; aus den Springbrunnen sprudelten statt des Wasserstrahls kleine Genien hervor, die sich in der Luft übereinanderwarfen und die seltsamsten Stellungen bildeten; statt der Gesänge durchschnitten Jammertöne die Luft, und jede Spur des glückseligen Aufenthalts war verschwunden. (p. 68)’

Ce ’rêve dans le rêve’, qui rappelle celui que développe Jean Paul dans son roman Siebenkäs 660, intervient juste avant que le héros ne ressente, pour la première fois depuis le début de son séjour bienheureux, la nostalgie du monde terrestre661. En tentant de suivre l’une des fées, semblable, de dos, à cette ’terrifiante figure de femme’ qui lui apparaissait dans son enfance, il s’éloigne plus que de coutume du jardin enchanté et se retrouve subitement au beau milieu d’une ’montagne romantique’ :

‘Er stand in einem romantischen Gebirge, wo Efeu wild und lockig die Felsenwände hinaufgewachsen war; Klippen waren auf Klippen getürmt und Furchtbarkeit und Größe schienen dieses Reich zu beherrschen. (p. 70)’

L’impression ’d’effroi et de grandeur’ qui se dégage de ce paysage héroïque semble simplement contribuer à la mise en scène de cette ’thérapie’ intérieure qu’entreprend L. Wandel. En effet, après avoir rencontré un ’voyageur étranger’ qui affirme être son ami malade et qu’il ne peut identifier, tant il était habitué jusqu’ici à ne voir en autrui que lui-même662, L. Wandel reconnaît finalement son aveuglement et regrette amèrement de ne pouvoir rejoindre la ’terre chérie’, même si elle n’offre que la ’superstition de l’amitié’663.

La succession de divers paysages, parfois rapidement esquissés, dans le récit Die Freunde nous amène finalement à nous interroger sur leur fonction narrative : s’agit-il de simples décors naturels ou bien de représentations profondément symboliques, indissociablement liées aux méandres du souvenir et de l’inconscient ? Plus précisément, nous chercherons à déterminer le rôle qui échoit au paysage dans ce jeu qu’instaure le narrateur entre la réalité et l’onirisme, le quotidien et le merveilleux, l’anamnèse et l’inconscience.

Notes
641.

117 Nous nous référons à la définition que propose Ernst, un des personnages dont les commentaires encadrent les divers récits et drames réunis dans les trois volumes du recueil Phantasus (in : Ludwig Tieck’s Schriften, éd. par G. Reimer, Berlin 1828, vol. 4, p. 129). Pour la présentation et l’analyse de cette définition, cf. infra : p. 215. Précisons que dans ce nouveau type de conte, la nature n’apparaît pas seulement comme paysage, mais également comme ’protagoniste’ (rôle de la montagne, par exemple, dans le récit Der Runenberg).

642.

118 Dès 1794, Tieck participe activement à la rédaction et à la mise en forme des Straußfedern, publication de récits souvent satiriques, généralement édifiants, et destinés au grand public.

119 Cf. notamment Der blonde Eckbert (’[...] das Wunderbarste vermischte sich mit dem Gewöhnlichsten [...]’, in : L. Tieck, Werke, éd. par M. Thalmann, vol. 2, Munich 1963 sq., p. 25) et Der Runenberg (’[...] das Seltsamste und das Gewöhnliche war so ineinander vermischt, daß er es unmöglich sondern konnte.’, in : ibid., p. 69).

643.

120 ’[...] das Seltsamste gesellte sich zum Gewöhnlichsten [...]’ (Die Freunde, in : ibid., vol. 1, p. 63).

644.

121 C’est à l’édition de M. Thalmann (cf. note 119) que nous renvoyons ici..

645.
646.

122 G.-L. Fink, Naissance et apogée du conte merveilleux en Allemagne 1740-1800, Paris 1966, p. 102.

647.

123 Rappelons à cette occasion que, selon Todorov, c’est de cette hésitation entre la réalité et le rêve, la vérité et l’illusion que naît le fantastique (’Le fantastique, c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel’, in : T. Todorov, Introduction à la littérature fantastique, Paris 1970, p. 29).

648.

124 ’[...] er war jetzt zweifelhaft, ob er sich nicht von der geraden, ihm so wohlbekannten Straße entfernt habe.’, in : Die Freunde, op. cit., p. 64.

649.

125 Cf. infra p. 199.

650.

126 ’Ihre eigentliche Domäne findet die grausige Stimmungsromantik in den Erzählungen von 1790 ab [...] (während die Straußfedernbeiträge, die nebenhergehen, rationalistisch und stimmungsarm, auf Naturbilder fast ganz verzichten). ’, in : Walter Donat, Die Landschaft bei Tieck und ihre historischen Voraussetzungen, Hildesheim 1973, p. 6.

651.

127 En appelant son héros ’Wandel’ (’changement’), Tieck souligne la propension de ce dernier au doute et à l’égarement. Le fait que cette identité symbolique soit doublement nommée (au nom de Wandel est ajouté le propre prénom de Tieck, Ludwig), contrairement à celle des personnages du Phantasus, simplement désignés par leur prénom (Eckbert, Eckhart, Christian, Marie ...), démontre également l’influence, encore sensible dans le récit, de l’Aufklärung.

652.

128 ’Er beschleunigte seine Schritte, und unwillkürlich kamen ihm alle Erinnerungen aus seinen frühesten Kinderjahren zurück [...]. Er hatte vergessen, daß es Frühling war, daß sein Freund krank sei [...].’, in : op. cit., p. 63. En réalité, ce personnage de ’l’ami’, qui reste anonyme et qui n’intervient que brièvement à la fin du réci, apparaît comme une forme de projection de la propre névrose du héros, qui souffre, comme nous allons le découvrir, d’un ’clivage’ intérieur.

653.

129 Pour la présentation et l’analyse de ce passage, cf. infra p. 201.

654.

130 ’Jetzt ging wie eine Morgensonne die Erinnerung in ihm auf, wie er zuerst den Genuß der Poesie habe kennen lernen, wie er zum erstenmal den holden Einklang verstanden, den manches Menschenohr niemals vernimmt.’, in : op. cit., p. 63-64.

655.

131 ’Jetzt fiel ihm ein Bild aus seiner frühen Kindheit ein [...]; eine furchtbare weibliche Gestalt, [...] der er wider seinen Willen folgen mußte, die ihn in unbekannte Gegenden nach sich zog, und deren Gewalt er sich durchaus nicht erwehren könne.’, in : ibid., p. 64.

656.

132 ’Er strebte nach, alle diese seltsamen Empfindungen in sich abzusondern, als er sich durch einen Zufall etwas genauer umsah und sich wirklich an einem Orte befand, den er bis dahin, sooft er auch dieses Weges gegangen war, noch nie gesehen hatte.’, in : ibid., p. 64-65.

133 Cf. infra p. 203.

657.

134 ’Wandersmann von unten

geh uns nicht vorüber,

weile in dem bunten

Zauberpalast lieber.

Hast du Sehnsucht sonst gekannt

nach den fernen Freuden,

oh, wirf ab die Leiden !

und betritt das längstgewünschte Land.’

In : ibid., p. 65-66. De même, dans le conte de E. T. A. Hoffmann Der goldne Topf (1814), Anselme, le ’pauvre étudiant’ épris de poésie, est invité à ’ne pas passer trop vite son chemin’ et à demeurer au sein du royaume mythique de Atlantis (’Geliebter, wandle nicht so schnell vorüber, schaue in unser Kristall – dein Bild wohnt in uns, das wir liebend bewahren, denn du hast uns verstanden !’, in : E. T. A. Hoffmann, Fantasie- und Nachtstücke, op. cit., p. 253).

658.

135 ’ ‘Hieher ! hieher ! riefen ungesehene Stimmen, wie aus dem innersten Palaste, und er folgte mit lautklopfendem Herzen. [...] Ein rotwangiger Knabe trat ihm endlich entgegen und begrüßte den fremden Gast; er führte ihn durch prächtige Zimmer voller Glanz und Gesang, und trat endlich mit ihm in den Garten, wo Ludwig, wie er sagte, erwartet würde.’, in : op. cit., p. 66.

659.

136 Jean-Paul, op. cit., p. 272 sq. (’Zweites Blumenstück. Der Traum im Traum’). Dans ce passage, le narrateur rêve qu’il se trouve dans le ’second monde’ (’in der zweiten Welt’). Sur le rivage de cet univers onirique apparaît la Sainte Vierge accompagnée de son fils. Gagnée par la nostalgie de la ’bonne vieille

660.

terre’ (’die Sehnsucht nach der alten geliebten Erde’), un sentiment qu’éprouvera également le héros du récit de Tieck, la Vierge souhaite que le Christ ’hisse’ jusqu’à elle le monde regretté des vivants. Mais puisque la terre n’est ’qu’un rêve empli de rêves’ (’ein Traum voll Träume’), il lui faut s’endormir pour qu’apparaissent ces rêves ’terrestres’. Nous retrouvons dans notre texte ces mêmes enchâssements oniriques, qui contribuent à effacer toute distinction possible entre la réalité et le rêve, la vérité et l’illusion : ’ ‘Warum [...] werden nur unsre Träume und Hoffnungen so oft verlacht, da sie sich doch weit früher erfüllen, als man jemals vermuten konnte? Wo steht denn nun die Grenzsäule zwischen Wahrheit und Irrtum, die die Sterblichen immer mit so verwegenen Händen aufrichten wollen ?’ ’ (in : op. cit., p. 68). Ainsi, à la fin du récit, lorsque L. Wandel retrouve son ami effectivement guéri, conformément à ce que lui avaient promis les fées, la réalité vient confirmer le rêve.

661.

137 ’Dann kam wohl ein Gedanke an die vergessene Erde in die Seele Ludwigs, dann lehnte er sich manchmal weit aus den Fenstern des glänzenden Palastes heraus, um die flüchtigen Erinnerungen festzuhalten, um die Landstraße wiederzufinden, die nach seinen Gedanken dort vorübergehn mußte.’, in : op. cit., p. 69. Ce thème sera repris dans le conte du Tannenhäuser (’ Doch wie es geschah, kann ich so wenig sagen wie fassen, daß mich nun in aller Sünderherrlichkeit der Trieb nach der Ruhe, der Wunsch zur alten unschuldigen Erde mit ihren dürftigen Freuden ebenso ergriff, wie mich vormals die Sehnsucht hiehergedrängt hatte ’, in : L. Tieck, Die Märchen aus dem Phantasus, op. cit., p. 56).

662.

138 ’ ‘Bloß deswegen’, sagte der Fremde, ‘weil du mich heut zum erstenmal in meiner wahren Gestalt siehst; bisher fandest du nur dich selber in mir wieder. Du tust auch darum recht, hier zu bleiben, denn es gibt keine Freundschaft, es gibt keine Liebe, hier nicht, wo alle Täuschung niederfällt.’ ’, in : op. cit., p. 70-71.

663.

139 ’ ‘Daß du der Freund meiner Jugend sein sollst’, antwortete Ludwig, ‘ist das nicht kläglich genug? O komm mit mir zu unsrer lieben, lieben Erde zurück, wo wir uns unter täuschenden Formen wiedererkennen, wo es den Aberglauben der Freundschaft gibt. Was soll ich hier?’ ’, in : ibid., p. 71.