4. 2. 2. L’espace de l’imaginaire onirique

La métamorphose onirique du paysage se traduit tout d’abord par la croissance magique des végétaux, par l’intensification de la lumière crépusculaire et par la naissance d’une symphonie naturelle :

‘Er suchte alle Phantasien von sich zu entfernen, um sich im Wege wieder zurechtzufinden; aber seine Erinnerungen wurden immer verwirrter, die Blumen zu seinen Füßen wurden größer, das Abendrot wurde noch glühender und wunderseltsame Wolken hingen tief zur Erde hinunter, wie Vorhänge von einer geheimnisreichen Szene, die sich bald eröffnen würde. Es entstand ein klingendes Sumsen in dem hohen Grase und die Halmen neigten sich gegeneinander, als wenn sie ein Gespräch führten und ein leichter warmer Frühlingsregen plätscherte dazwischen, als wenn er alle schlummernde Harmonien in den Wäldern, in den Gebüschen, in den Blumen aufwecken wollte. Nun klang und tönte alles, tausend schöne Stimmen redeten durcheinander, Gesänge lockten sich und Töne schlangen sich um Töne, und in dem niedersinkenden Abendrote wiegten sich unzählige blaue Schmetterlinge, auf deren breiten Flügeln der Schein funkelte. (p. 65)’

L’apparition de nuages aux formes singulières, descendus ’très bas’ sur la terre et prêts à s’ouvrir, tels des rideaux naturels, sur une scène ’riche de mystères’, confère à cette vision intérieure un caractère théâtral. De nouveau, c’est essentiellement à l’ouïe, sollicitée tout d’abord par une rumeur confuse (’tausend schöne Stimmen redeten durcheinander’), puis par l’écho des chants et par l’entremêlement des sons, que s’adresse cette mise en scène irréelle. Nous relèverons également l’usage de tournures hypothétiques anaphoriques (’als wenn sie ein Gespräch führten’, ’als wenn er alle schlummernde Harmonien [...] aufwecken wollte’), qui renforcent le caractère éminemment subjectif de la représentation.

Ce prélude ’intérieur’ s’achève brusquement lorsque le rideau se lève sur un paysage s’étendant à perte de vue :

‘Ludwig glaubte im Traume zu liegen, als sich plötzlich die schweren, dunkelroten Wolken wieder aufhoben, und eine weite unabsehlich weite Aussicht öffneten. Im Sonnenschein lag eine prächtige Ebene da und funkelte mit frischen Wäldern und bebautem Buschwerk. In der Mitte strahlte ein Palast mit tausend und tausend Farben, wie aus lauter beweglichen Regenbogen und Gold und Edelsteinen zusammengesetzt; ein vorübergehender Fluß warf spielend die mannigfaltigen Schimmer zurück, und eine weiche rötliche Luft umfing das Zauberschloß. Da flogen fremde, niegesehene Vögel umher, und scherzten mit ihren roten und grünen Flügeln gegeneinander, größere Nachtigallen sangen mit lauteren Tönen durch die widerklingende Natur; Flammen schossen durch das grüne Gras hin, und flatterten bald hier, bald dort, und fuhren dann in Kreisen um das Schloß herum. (ibid.)’

Le fait que Ludwig croie être en train de rêver (’Ludwig glaubte im Traume zu liegen’, alors que c’est effectivement le cas, comme nous l’apprendrons à la fin du récit) témoigne du passage à ce niveau onirique supérieur que Tieck, comme il l’affirme dans son essai sur Shakespeare, juge particulièrement propice à l’émergence du merveilleux. Cette transition est confirmée par l’intériorisation progressive de la perspective narrative, soulignée notamment, au moment où s’amorce la métamorphose onirique de la réalité, par la reprise du groupe conjonctionnel introduisant une comparaison irréelle (’als wenn sie ein Gespräch führten’, ’als wenn er alle schlummernde Harmonien [...] aufwecken wollte’). La perspective auctoriale qui semblait être adoptée au début du récit est ainsi peu à peu supplantée par une perspective interne, appliquée à la description des visions oniriques du héros.

Le paysage que perçoit alors le dormeur qui ’continue de rêver’ se caractérise d’emblée par son immensité, marquée ici par une réduplication asyndétique (’eine weite unabsehlich weite Aussicht’), puis par son extraordinaire diversité, suggérée notamment par l’énumération parataxique des éléments qui le composent. La présence d’un ’château enchanté’, qui semble constitué ’d’arcs-en-ciel mouvants, d’or et de pierreries’, d’oiseaux ’étranges et inconnus’ et de ’flammes’ jaillissantes rappelle les premiers récits ’orientaux’ de Tieck. Par exemple, dans ’l’idylle’ Almansur, Nadir, personnage central du conte enchâssé dans le récit, découvre à l’intérieur d’une humble hutte, apparemment anodine, un palais féerique, dont les murs, revêtus de marbre, sont parsemés de ’saphirs, de rubis et d’or’678. De même, dans le récit intitulé Abdallah, un ’palais’ lumineux, bordé d’un ’large fleuve’679, surgit brusquement, tel un mirage, de la pénombre d’une étendue désertique. Celui qu’aperçoit tout à coup L. Wandel se distingue, en outre, par sa position symbolique ’au centre’ de la plaine. Ce lieu, désigné tantôt par le terme de palais (’ein Palast’), tantôt par celui de château (’das Schloß’), ou bien par des noms composés (’Zauberschloß’, ’Zauberpalast’), tant il semble difficile de déterminer sa nature réelle, devient ainsi le point de convergence des aspirations inconscientes du héros, obsédé par la vision angoissante de son propre passé. Le mouvement circulaire des flammes entourant le château, une image constamment associée chez E. T. A. Hoffmann à la folie, à tel point qu’elle lui inspirera le patronyme du maître de chapelle Kreisler, ’musicien fou par excellence’680, symbolise l’enfermement progressif du moi dans ses visions intérieures.

De plus, l’indication de quelques repères spatiaux (’in der Mitte’, ’ein vorübergehender Fluß’, ’umfing’, ’da’) dans ce paysage fantastique fait rapidement place à des associations synesthésiques, à la faveur desquelles les couleurs (’mit ihren roten und grünen Flügeln’, ’durch das grüne Gras’) et les sons (’mit lauteren Tönen’, ’durch die widerklingende Natur’) s’interpénètrent. Ainsi que le note très justement M. Thalmann, l’espace est alors saisi comme un ’tissu’ de ’relations symphoniques’, essentiellement perceptibles à l’oreille :

‘Landschaft ist Raum und nicht Sonnenaufgang, Weideland und Jägerparadies. Es sind keine Örtlichkeiten, die festgelegt werden wollen oder können. Es ist ein bildhaftes Erleben von Fragmenten der Außenwelt, die Tieck in symphonische Zusammenhänge verflicht, wovon nicht das Auge, sondern unser Ohr erfaßt wird. Der Raum wird Ton681.’

L’indétermination du paysage, ramené à un petit nombre d’éléments (’ein Palast’, ’ein vorübergehender Fluß’, ’eine weiche rötliche Luft’), est contrebalancée par la création d’un réseau de correspondances visuelles et acoustiques (’durch die widerklingende Natur’), sur le développement desquelles repose nécessairement, comme l’a exposé Tieck dans son essai théorique intitulé Die Farben 682, toute description véritablement ’poétique’683. En d’autres termes, l’unité du paysage, concept délicat que nous avons tenté d’éclairer en exposant les réflexions de Jean Paul sur la ’poésie paysagiste’, est garantie non par l’organisation plastique de ses éléments visuels, mais par la mise en relation idéale des sons et des couleurs.

La description du jardin que découvre L. Wandel ’au fin fond du palais’, une fois le ’seuil brillant’ franchi684, semble obéir aux mêmes critères. Tout d’abord ’étourdi’ par une profusion de lumières et de chants, puis gagné par les effluves de ’mille fleurs’685, le promeneur est finalement pris de vertige à la vue des ’grands arbres séculaires’ qui bordent ce jardin ’intérieur’ :

‘Große beschattete Gänge empfingen sie; Ludwigs schwindelnder Blick konnte kaum die Wipfel der uralten hohen Bäume erreichen; auf den Zweigen saßen buntfarbige Vögel, Kinder spielten in den Bäumen auf Gitarren und sie und die Vögel sangen dazu. Springbrunnen erhoben sich, in denen das reine Morgenrot zu spielen schien; die Blumen waren hoch wie Stauden, und ließen den Wanderer unter sich hinweggehen. Er hatte bis dahin noch keine so heilige Empfindung gekannt, als ihn jetzt durchglühte; noch kein so reiner himmlischer Genuß hatte sich ihm offenbaret; er war überglückselig. (p. 66)’

Ce retour à un stade originel, souligné par l’adjectif ’uralt’, est la première phase de cette ’thérapie’ intérieure qu’entreprend L. Wandel. À la division initiale succède ainsi la communion (’heilige Empfindung’, ’himmlischer Genuß’).

La présence de végétaux démesurés (’die Blumen waren hoch wie Stauden’), jointe à celle des enfants musiciens (’Kinder spielten in den Bäumen auf Gitarren’), nous incite à rapprocher cette description du tableau peint ultérieurement par P. O. Runge et intitulé Der Morgen 686. Nous n’aborderons pas ici la question délicate de l’influence qu’a pu exercer l’oeuvre de Tieck sur la conception rungienne de la peinture de paysage687, telle qu’elle est développée dans les écrits théoriques du peintre (édités par son frère en 1840 et 1841 sous le titre de Hinterlassene Schriften) et telle que l’illustrent ses ’compositions florales’ (Blumen-Composition)688 (comme Der Morgen par exemple) totalement novatrices. Nous relèverons essentiellement l’association, commune au poète et au peintre, du paysage à l’enfance. Cette idée est liée chez Runge à une conception spécifique de la nature, jugée, par référence au récit de la Genèse 689, supérieure à l’homme. En effet, tandis que ce dernier se trouve privé, par sa chute, de son innocence première, la nature conserve ’l’esprit’ qu’Adam, mandaté par Dieu690, lui a insufflé avant qu’il ne soit chassé de l’Éden :

‘[...] es wird mir bey allen Blumen und Bäumen vorzüglich deutlich und immer gewisser, wie in jedem ein gewisser menschlicher Geist und Begriff oder Empfindung steckt und wird es mir so klar, daß das noch vom Paradiese her seyn muß; es ist grade so das reinste, was noch in der Welt ist, und worin wir Gott, oder sein Abbild – nämlich das, was Gott zu der Zeit, da er die Menschen schuf, Mensch geheißen hat – erkennen können691.’

C’est précisément sur cette idée d’une pureté originelle, inhérente tout particulièrement aux végétaux, que repose, chez Runge, l’association systématique de la nature à l’enfance. Par conséquent, pour accéder à la perfection de cette peinture du paysage qui permettra à l’homme de retrouver sa naïveté perdue, il faut, comme le recommandait déjà Novalis692, ’ devenir des enfants ’693. En pratique, dans ses ’compositions florales’ à personnages, le peintre ne peint pas une fleur sans lui adjoindre un enfant, comme par exemple dans le tableau Der Morgen, afin d’accoutumer progressivement le spectateur à reconnaître dans le monde végétal ’l’esprit’ humain ou le ’sentiment’ qu’il recèle :

‘Wie der Geist in den Blumen ist, so auch in den Bäumen. Es ist freylich nötig, daß man mit den Figuren nun auch den rechten Punct in der Blume trifft, das, denk’ich, soll sich aber schon finden [...]. Nun meyne ich, auf solche Weise, daß immer bey allen Blumen-Compositionen grade die menschliche Empfindung dabey gemahlt würde, die dabey gehörte, müßten sich die Leute nach und nach daran gewöhnen, diese auch immer dabey zu denken694.’

De même, c’est à l’aide de métaphores végétales que Tieck, dans son essai intitulé Über die Kinderfiguren auf den Raffaelschen Bildern, évoque la pureté de l’enfance :

‘So geht es uns zu mancher Zeit, wenn wir die unmündige Menschheit betrachten, wenn wir unsern Blick einmal recht eigentlich auf diese verschlossenen Knospen heften, in deren unbefangenem Lächeln, in ihren süßen, heitern Augen, die jammervolle Zukunft schläft, die sich so innig genießen und nichts weiter zu wissen streben. Wenn wir der Kinder holdseliges Angesicht betrachten, so vergessen wir gern und leicht die Verwickelungen der Welt, das Auge vertieft sich in den wunderbaren reinen Zügen, und wie Propheten einer schönen Zukunft, wie zarte Pflanzen, die unerklärlich aus der längst entflohenen goldenen Zeit zurückgekommen sind, stehn die Kinder um uns695.’

Par son immaturité, figurée ici par l’image des ’boutons’ non encore éclos (’diese verschlossenen Knospen’), et par sa délicatesse (’wie zarte Pflanzen’), l’enfant nous ramène à cet ’âge d’or’ de l’humanité, révolu depuis longtemps (’aus der längst entflohenen goldenen Zeit’), où régnait une innocence bienheureuse696.

Ainsi, le jardin idyllique dans lequel pénètre L. Wandel, guidé par des souvenirs remontant à sa prime jeunesse, n’est rien d’autre que la transcription imagée de ce ’rêve paradisiaque’697 auquel est associée l’enfance innocente. Comme le souligne R. Ayrault, ’l’unité de son existence’ lui est restituée par la conjonction onirique de deux réminiscences majeures698, celle du ’divin pouvoir de l’imagination et de la poésie’699, générateur de représentations intérieures, et celle d’une femme énigmatique que L. Wandel finit par reconnaître parmi les ’nobles femmes’700 qui habitent ce parc enchanté. Ramené à un état même antérieur à celui de l’enfance, puisqu’il avoue se sentir ’nouveau-né’701, il ressent ainsi une pure harmonie intérieure :

‘Alle seine Sorgen, alle seine ehemaligen Erinnerungen waren abgeschüttelt; sein Inneres tönte von den Gesängen wider, die ihn äußerlich umgaben; alle Sehnsucht war gestillt; alle gekannten und ungekannten Wünsche in ihm waren befriedigt. (p. 66)’

Outre l’association, figurée par le monde végétal, du paysage à l’enfance702, c’est également la dimension spéculative de ces descriptions qui nous permet de rapprocher cette description centrale dans le texte de Tieck d’une ’composition florale’ de Runge. Chez ce dernier, la représentation reste subordonnée à l’expression d’une ’idée’ spécifique703 (comme, par exemple, pour le tableau Der Morgen, celle de ’l’illumination infinie de l’univers’704) que le spectateur doit s’efforcer de décrypter à l’aide des différents signes placés dans le tableau (un jeu d’éléments végétaux et humains, associés les uns aux autres par une symétrie rigoureuse). De même, chez Tieck, l’intériorisation excessive du paysage, ramené à ses composantes élémentaires (une plaine boisée, une rivière bordant un palais, des arbres gigantesques abritant un jardin féerique ...), pousse le lecteur à user non de sa faculté de représentation visuelle, mais de sa capacité intellectuelle à déchiffrer le symbolisme de ces images intérieures. Cette prédilection commune pour un type de représentation ’idéale’ apparaît très clairement à la lecture d’une lettre de Runge, adressée à son frère Daniel, dans laquelle le peintre évoque la réaction de Tieck à la vue de ses premiers croquis :

‘Wie ich in Ziebingen Tieck meine Zeichnungen zeigte, war er ganz bestürzt; er schwieg stille, wohl eine Stunde, dann meynte er, es könne nie anders, nie deutlicher ausgesprochen werden, was er immer mit der neuen Kunst gemeynt habe; es hatte ihn aus der Fassung gesetzt, daß das, was er sich doch nie als Gestalt gedacht, wovon er nur den Zusammenhang geahnet, jetzt als Gestalt ihn immer von dem ersten zum lezten herumriß; wie nicht eine Idee ausgesprochen, sondern der Zusammenhang der Mathematik, Musik, und Farben hier sichtbar in großen Blumen, Figuren und Linien hingeschrieben stehe705.’

L’usage de verbes tels que ’aussprechen’, ’denken’, ’hinschreiben’, qui renvoient plus à un processus intellectuel qu’à une expérience intuitive, témoigne de la dimension spéculative de cet ’art nouveau’, conçu comme une mise en relation des ’mathématiques, de la musique et des couleurs’.

Le caractère éminemment abstrait des représentations offertes par le récit Die Freunde nous incite à nous interroger finalement sur la fonction résiduelle du paysage, défini initialement comme un fragment du monde sensible, dans un récit où la réalité devient peu à peu perméable au rêve et à l’imaginaire.

Notes
678.

154 ’Er trat in einen großen Saal, den tausend Lichter erleuchteten; die Wände glänzten von Marmor mit Gold umgossen, eine himmlische Musik schwamm auf den Wellen der Harmonie durch den Saal. [...] Tausend Lichter glänzten auf Kronenleuchtern von Diamant. Saphir, Rubinen und Gold waren über die schönpolirten Wände hingestreut, unsichtbare Musik goß sich umher und gaukelte um Nadirs Ohr, sein Auge verlor sich ermüdet in die entferntesten Bodengänge, ohne ihr Ende erreicht zu haben; Nadirs Staunen ward immer größer.’ (L. Tieck, Almansur. Ein Idyll, in : Ludwig Tieck’s Schriften, op. cit., vol. 8, p. 270). Nous reviendrons plus loin sur le rôle dévolu à la musique, omniprésente dans ce passage comme dans le récit Die Freunde, chez Tieck.

679.

155 ’Schon sah er deutlicher den Weg unter sich, schon zog die Dämmerung immer schneller von seinen Augen hinweg, - als er vor einem Pallaste stand, aus welchem ihm das Licht entgegen glänzte. – Ein breiter Fluß rauschte dem Schlosse vorüber und eine Brücke führte zum Eingang des Pallastes.’ (L. Tieck, Abdallah. Eine Erzählung, in : ibid., p. 142).

680.

156 C’est ainsi que Kreisler signe sa lettre adressée au baron Wallborn (’Johannes Kreisler, Kapellmeister, wie auch verrückter Musikus par excellence’, E. T. A. Hoffmann, Kreisleriana (1814), in : Fantasie- und Nachtstücke, op. cit., p. 292). Dans l’essai intitulé Kreislers musikalisch-poetischer Klub, Kreisler, qui tente de transcrire ses ’géniales’ improvisations musicales, se sent peu à peu enserré par les ’cercles’ de la folie : ’Es ist der Wahnsinn – Johannes halte dich tapfer. – Toller, toller Lebensspuk, was rüttelst du mich so in deinen Kreisen? Kann ich dir nicht entfliehen?’ (in : op. cit., p. 295). De même, dans le récit Der Sandmann (1815), la folie suicidaire de Nathanael est traduite par l’image du ’cercle de feu’ : ’Nun raste Nathanael herum auf der Galerie und sprang hoch in die Lüfte und schrie : ‘Feuerkreis dreh dich – Feuerkreis dreh dich’ ’ (E. T. A. Hoffmann, op. cit., in : ibid., p. 362).

681.

157 M. Thalmann, Das Märchen und die Moderne, op. cit., p. 46.

682.

158 Nous renvoyons ici à la réflexion que nous avons menée, en présentant notamment un passage de cet essai de Tieck, publié en 1799, sur le paysage musical (cf. supra : 4. 1. 2., p. 177).

683.

159 ’Darum ist es so schwer, ja fast unmöglich, ein Gemälde zu beschreiben, die Worte bleiben tot, und erklären selbst in der Gegenwart nichts: sobald die Beschreibung echt poetisch ist, so erklärt sie oft und ruft ein neues Entzücken, ein fröhliches Verständnis aus dem Bilde hervor, weil sie wie Musik wirkt, und durch Bilder und glänzende Gestalten und Worte die verwandte Musik der Töne ersetzt.’, in : L. Tieck, op. cit., p. 192.

684.

160 ’Ohne sich zu bedenken, tritt Ludwig jetzt auf die glänzende Schwelle [...].

‘Hieher! hieher!’ riefen ungesehene Stimmen, wie aus dem innersten Palaste, und er folgte dem Klange mit lautklopfendem Herzen.’, in : op. cit., p. 66.

685.

161 ’Ein rotwangiger Knabe trat ihm endlich entgegen und begrüßte den fremden Gast; er führte ihn durch prächtige Zimmer voller Glanz und Gesang, und trat endlich mit ihm in den Garten, wo Ludwig, wie er sagte, erwartet würde. Er folgte betäubt seinem Führer, und der schönste Duft von tausend Blumen quoll ihm entgegen.’, in : ibid.

686.

162 P. O. Runge (1777-1810), Der Morgen, 1808-1809, Kunsthalle, Hambourg. Cf. reproduction n°4.

687.

163 Nous renvoyons ici au bilan qu’effectue sur ce point É. Décultot dans son article intitulé ’Philipp Otto Runge et le paysage. La notion de ‘Landschaft’ dans les textes de 1802’ (in : Revue Germanique Internationale, 2/1994, p. 39-58). Si certains critiques considèrent que l’évolution esthétique de Runge a été profondément influencée par les réflexions de Tieck sur la peinture de paysage, telles qu’elles sont exposées notamment dans le roman Franz Sternbalds Wanderungen (1798), d’autres tendent au contraire à démontrer l’originalité de la pensée rungienne. À propos des conceptions esthétiques communes à Wackenroder, Tieck et Runge, cf. également : C. Franke, Philipp Otto Runge und die Kunstansichten Wackenroders und Tiecks, Marburg 1974.

688.

164 C’est le terme qu’utilise Runge dans une lettre adressée à Tieck le 1er décembre 1802, lorsqu’il évoque son projet de réaliser une ’composition florale’ à personnages, intitulée Quelle (in : Hinterlassene Schriften, vol. 1, p. 27).

689.

165 Nous nous appuyons ici sur l’analyse de É. Décultot (op. cit., p. 48 sq.).

690.

166 Runge se réfère ici au passage de la Genèse dans lequel Dieu demande à Adam de nommer les animaux qu’il vient de créer (Genèse 2, 19).

691.

167 P. O. Runge, Hinterlassene Schriften, op. cit., vol. 1, p. 24.

692.

168 Nous rappellerons ces deux aphorismes que Novalis a placés dans son Blüthenstaub : ’Jede Stufe der Bildung fängt mit Kindheit an. Daher ist der am meisten gebildete, irdische Mensch dem Kinde so ähnlich’ et ’Wo Kinder sind, da ist ein goldnes Zeitalter’ (Novalis, op. cit., in : Schriften, op. cit., p. 433 et 457, n° 50 et 97).

693.

169 ’Ich will mein Leben in einer Reihe Kunstwerke darstellen; wenn die Sonne sinkt und wenn der Mond die Wolken vergoldet, will ich die fliehenden Geister festhalten; wir erleben die schöne Zeit dieser Kunst wohl nicht mehr, aber wir wollen unser Leben daran setzen, sie würklich und in Wahrheit hervorzurufen; kein gemeiner Gedanke soll in unsre Seele kommen; wer das Schöne und das Gute mit inniger Liebe in sich festhält, der erlangt immer doch einen schönen Punct. Kinder müssen wir werden, wenn wir das Beste erreichen wollen.’, in : P. O. Runge, Hinterlassene Schriften, op. cit., vol. 1, p. 7.

694.

170 Ibid., p. 27.

695.

171 L. Tieck, op. cit., in : W. H. Wackenroder, Sämtliche Werke und Briefe, op. cit. (Phantasien über die Kunst), p. 183 (termes soulignés par nous).

696.

172 Dans ce même essai, Tieck affirme également que l’enfant est ’la belle humanité elle-même ’ (’ [...] das Kind ist die schöne Menschheit selbst.’, in : ibid., p. 184).

697.

173 Nous reprenons ici l’image qu’utilise Tieck dans son roman Peter Lebrecht. Eine Geschichte ohne Abentheuerlichkeiten (1795) : ’O, seid mir gegrüßt, ihr holden Erinnerungen der frohen Kinderzeit, wenn ihr aus den grünen Wipfeln der Bäume herabsteigt und mir jenen paradiesischen Traum wieder auffschließt, aus dem man als Knabe so ungern erwacht.’ (in : Ludwig Tieck’s Schriften, op. cit., vol. 14, p. 220).

698.

174 R. Ayrault, op. cit., p. 193.

699.

175 ’ ‘[...] und wie hab ich dir seitdem, du göttliche Kraft der Phantasie und Dichtkunst, so alles zu danken!’ ’, in : op. cit., p. 64.

700.

176 ’Auf schönen Rasenbänken saßen erhabene Weibergestalten, die ernstlich miteinander redeten. Sie waren größer als die gewöhnlichen Menschen, und hatten in ihrer überirdischen Schönheit zugleich etwas Furchtbares, das jedes Herz zurückschreckte.’, in : ibid., p. 66. Nous reviendrons plus loin sur la composante angoissante des visions oniriques de L. Wandel.

177 ’[...] er fühlte sich neugeboren, da er in dieses freudenvolle Leben eingeweiht ward.’, in : ibid., p. 67-68.

701.
702.

178 Nous retrouvons ce thème dans le conte de Tieck intitulé Die Elfen, notamment dans le passage où la petite Marie, bravant l’interdiction formelle de ses parents, pénètre dans le sombre bois de sapins : ’Der bunteste, fröhlichste Blumengarten umgab sie, in welchem Tulpen, Rosen und Lilien mit den herrlichsten Farben leuchteten, blaue und goldrote Schmetterlinge wiegten sich in den Blüten; in Käfigen aus glänzendem Draht hingen an den Spalieren vielfarbige Vögel, die herrliche Lieder sangen, und Kinder in weißen, kurzen Röckchen mit gelockten, gelben Haaren und hellen Augen sprangen umher [...]’ (in : L. Tieck, Die Märchen aus dem Phantasus, op. cit., p. 168).

703.

179 Dans une lettre adressée à son frère Daniel et datée du 6 octobre 1801, Runge rappelle cette primauté de ’l’idée’ dans le processus de création artistique : ’Nach meiner Idee nun soll man nicht allein beym Entwurf eines Kunstwerks den schicklichen Gegenstand wählen und dann die Haupt-Idee vor Augen haben, sondern [...] die Haupt-Idee durch interessante Neben-Ideen [...] zu erhöhen und zu bereichern suchen in Gedanken, ehe man es würklich aufzeichnet; denn der Gedanke ist das, was dem Beschauer Interesse giebt [...] ’, in : P. O. Runge, op. cit., vol. 2, p. 90 (termes soulignés par nous).

704.

180 ’Der Morgen ist die gränzenlose Erleuchtung des Universums.’ (’Rubriken zu den vier Tageszeiten’, in : ibid., p. 82).

705.

181 Ibid., p. 36 (Lettre du 23 mars 1803).