L’organisation spatiale du récit est sous-tendue par un système d’oppositions sémantiques. Tandis que la montagne, composée de vieilles roches ’inaltérables’876, est le règne d’une nature qui ’vit et agit éternellement’877, indépendamment de toute intervention humaine, la plaine est, au contraire, un univers soigneusement cultivé, indice de la bonne santé de la petite principauté. Ainsi, le bois qui environne ’l’antique sommet’ de la montagne, et où ’nul bruit de hache’ n’a résonné depuis des années878, contraste fortement avec les cultures de la plaine fluviale.
De même, l’ancienne forteresse de famille, élevée sur ’l’un des rochers les plus puissants de toute la montagne’879, est le lieu d’une ’lutte sans merci’ entre la ’force humaine’, dont ne subsistent que des vestiges, et celle des éléments, qui, peu à peu, reprennent leur droit sur ce que l’homme a construit :
‘Es ist eine Wildnis wie keine, ein zufällig-einziges Lokal, wo die alten Spuren längst verschwundener Menschenkraft mit der ewig lebenden und fortwirkender Natur sich in dem ernstesten Streit erblicken lassen. (p. 493-494)’Formé par un ’hasard unique’ (’ein zufällig-einziges Lokal’), ce site sauvage semble se soustraire à cette forme d’organisation rationnelle que tentèrent de lui imposer, autrefois, les bâtisseurs de la forteresse.
Néanmoins, cette opposition entre la montagne, domaine de la nature souveraine, et la plaine, espace civilisé, est atténuée par le développement ’d’heureux échanges’ entre ces deux univers, ainsi que l’expose le prince à son épouse :
‘Der Fürst hatte seine Gemahlin gestern durch das Gewimmel der aufgehäuften Waren zu Pferde geführt und sie bemerken lassen, wie gerade hier das Gebirgsland mit dem flachen Lande einen glücklichen Umtausch treffe; er wußte sie an Ort und Stelle auf die Betriebsamkeit seines Länderkreises aufmerksam zu machen. (p. 491)’Cette leçon est ensuite mise à profit par la princesse elle-même, désormais attentive à la complémentarité économique de la montagne et de la plaine :
‘Seitdem der Fürst gestern mir Anlaß zu diesen Übersichten gegeben, ist es mir gar angenehm zu denken, wie hier, wo Gebirg und flaches Land aneinander grenzen, beide so deutlich aussprechen, was sie brauchen und was sie wünschen. Wie nun der Hochländer das Holz seiner Wälder in hundert Formen umzubilden weiß, das Eisen zu einem jeden Gebrauch zu vermannigfaltigen, so kommen jene drüben mit den vielfältigen Waren ihm entgegen, an denen man den Stoff kaum unterscheiden und den Zweck oft nicht erkennen mag. (p. 495-496)’L’opposition naturelle entre les habitants des ’hautes terres’ (’Hochländer’) et ceux de la plaine, simplement désignés par un déictique pronominalisé (’jene drüben’), est ainsi gommée par l’équilibre (marqué ici par la conjonction comparative ’wie’) de leurs besoins économiques respectifs.
Ainsi que le souligne E. Staiger, nous découvrons donc, dès le début du récit, deux domaines qui, en dépit de leur contraste géographique et culturel, sont ’parfaitement harmonisés’880. Cet équilibre symbolise l’organisation égalitaire du petit État princier, dont chaque membre, ainsi que le souligne d’emblée le narrateur, est également autorisé à ’amasser d’abord et jouir ensuite’ :
‘Des Fürsten Vater hatte noch den Zeitpunkt erlebt und genutzt, wo es deutlich wurde, daß alle Staatsglieder in gleicher Betriebsamkeit ihre Tage zubringen, in gleichem Wirken und Schaffen, jeder nach seiner Art, erst gewinnen und dann genießen sollten. (p. 491)’L’apparition d’une égale prétention à une activité lucrative permet de dater approximativement le ’moment’ (’Zeitpunkt’) auquel se réfère ici le narrateur. Il s’agit d’une époque postérieure à la Révolution française, implicitement désignée ici par l’affirmation récurrente d’un idéal d’égalité (’in gleicher Betriebsamkeit’, ’in gleichem Wirken und Schaffen’). C’est également à cette nouvelle aspiration que renvoie la formule, empruntée à la Genèse881, ’chacun à sa manière’ (’jeder nach seiner Art’), qui sera reprise ensuite dans le discours ’enthousiaste’ de l’étranger882, puis employée par le narrateur pour évoquer l’émotion collective que suscite le chant pieux de l’enfant883.
Plus encore qu’à la réalisation de cet idéal égalitaire, entravée encore par le maintien d’une hiérarchie aristocratique (mis à part l’oncle Friedrich et l’écuyer Honorio, les protagonistes de la première partie du roman sont toujours désignés par leur titre), c’est essentiellement à la volonté de soumettre les forces arbitraires de la nature à des lois éternelles qu’est symboliquement associé l’équilibre idéal de l’espace narratif. Ainsi, le site chaotique que forment les ruines de la forteresse de famille, où la ’nature’, ’l’art et le travail de l’homme’884 ont fini par se confondre, est l’objet de dessins ’caractéristiques’885, présentés par l’oncle du prince. Selon lui, la contemplation de ces dessins, destinés à être exposés dans le pavillon du jardin attenant au château princier, incitera naturellement les spectateurs à se rendre jusqu’à l’ancienne forteresse, afin de percevoir ’en réalité’ les différentes caractéristiques de cette dernière :
‘Nun aber, da alles so rein und charakteristisch umrissen ist, wird er [der Künstler] es hier unten mit Bequemlichkeit ausführen. Wir wollen mit diesen Bildern unsern Gartensaal zieren, und niemand soll über unsere regelmäßigen Parterre, Lauben und schattigen Gänge seine Augen spielen lassen, der nicht wünschte, dort oben in dem wirklichen Anschauen des Alten und Neuen, des Starren, Unnachgiebigen, Unzerstörlichen und des Frischen, Schmiegsamen, Unwiderstehlichen seine Betrachtungen anzustellen. (p. 494-495).’La substantivation systématique des adjectifs qualificatifs dans ce passage témoigne de la recherche de lois susceptibles de conférer à ce site formé par un ’hasard unique’ (’ein zufällig-einziges Lokal’) et caractérisé par la dualité de ’l’ancien’ et du ’nouveau’, de la culture et de la nature, du minéral et du végétal, (le ’rigide’, ’l’indomptable’ et ’l’indestructible’ d’un côté ; le ’vivant’, le ’flexible’ et ’l’irrésistible’ de l’autre) un caractère à la fois idéal et durable, double critère distinctif de la beauté d’une oeuvre d’art selon l’esthétique classique886. Ce sont précisément ces lois qui permettent à l’art et à la nature, deux domaines séparés en réalité l’un de l’autre par un ’énorme fossé’887, de se rejoindre finalement, comme l’expose Goethe dans le sonnet intitulé ’Natur und Kunst’888.
Ainsi, le paysage montagneux est présenté comme un mélange de nature (la forêt dans laquelle personne n’avait pénétré depuis des années, la végétation qui reprend possession des ruines...) et d’oeuvre humaine (le vieux château, les travaux entrepris afin de le rendre ’abordable’889), perçu tout d’abord sous une forme idéalisée (les dessins) avant de l’être ’en réalité’. Nous retrouvons ici la conception classique du primat de l’art antique sur la nature, telle que l’a développée Winckelmann dans son ouvrage Gedanken über die Nachahmung der griechischen Werke in der Malerei und Bildhauerkunst (1755) et telle que la défend encore Goethe, comme le démontre ce passage de son exposé sur la ’beauté’ chez Winckelmann :
‘[...] sie [die Schönheit] kam ihm aus den Werken der bildenden Kunst persönlich entgegen, aus denen wir sie erst kennen lernen, um sie an den Gebilden der lebendigen Natur gewahr zu werden und zu schätzen890.’En affirmant que la connaissance de la beauté idéale doit tout d’abord passer par la contemplation esthétique, avant de pouvoir être mesurée à l’aune de la réalité sensible, Goethe semble se ranger à la préséance classique de la vérité artistique.
De même, dans le récit Novelle, les différents dessins du site antique sont longuement commentés par l’oncle Friedrich, qui souhaite retarder le plus possible le moment où la princesse découvrira ’en réalité’ la forteresse, afin que l’aménagement de cette dernière soit achevé et que l’art n’ait pas à ’rougir devant la nature’891. C’est seulement lorsque l’art aura parachevé l’oeuvre de la nature que ce site sera digne d’être visité.
Toutefois, comme nous l’avons indiqué plus haut, l’épisode de l’incendie met un terme à l’excursion qu’avait proposée la princesse et que l’oncle Friedrich, pour les raisons que nous venons d’évoquer, n’avait accepté qu’avec réticence. Ainsi, la contemplation esthétique (les dessins), loin d’être uniquement une sorte de palier nécessaire à la découverte de la beauté du lieu, tend à se substituer à la réalité elle-même. La description circonstanciée des diverses vues du vieux château apparaît donc comme une forme de médiation aussi pernicieuse que celle qu’instaure toute perception indirecte de la réalité, par le biais d’une lunette d’approche par exemple, puisqu’elle finit, tout comme cette dernière, par fausser la ’capacité de jugement intérieure’, selon les termes employés par W. Meister892, de l’individu. Détournée de son projet initial par l’émergence d’un fait inattendu, la princesse ne dispose que d’une représentation idéale du vieux château, faute de pouvoir la comparer à sa réalité objective.
De plus, même lorsqu’une telle confrontation de l’image avec son modèle réel est rendue possible, la perception de la réalité reste altérée par la rémanence de la représentation esthétique, comme en témoigne l’expérience de la princesse, subitement placée face au tigre qu’elle vient de voir ’en peinture’ sur la place du marché :
‘[...] heranspringend, wie sie ihn [den Tiger] vor kurzem gemalt gesehen, kam er entgegen; und dieses Bild zu den furchtbaren Bildern, die sie soeben beschäftigten, machte den wundersamsten Eindruck. (p. 502)’Les ’peintures colossales’893 qui avaient éveillé la curiosité de la jeune femme, désireuse de ’contempler de plus près’ ces ’hôtes étranges’894, sont superposées à la réalité elle-même. La crainte inspirée par ces représentations est alors projetée sur l’animal qui, comme le révèlera, par la suite, sa propriétaire, est, en fait, totalement inoffensif895.
Ainsi, la contemplation de ces représentations effrayantes n’a pas toujours la fonction cathartique que leur attribue l’oncle Friedrich, soucieux de trouver une explication rationnelle à cet attrait qu’éprouvent les ’bonnes gens’ pour des spectacles ’horribles’896. Elle s’avère au contraire pernicieuse, lorsqu’elle prend le pas sur la réalité et finit soit par l’effacer, soit par la déformer.
Le récit de l’oncle, témoin, dans le passé, d’un incendie effroyable897, s’interpose de la même manière, comme l’illustre son enchâssement narratif898, entre la réalité objective, telle que la présente notamment Honorio, certain de l’efficacité des secours, et la perception de la princesse, saisie par une peur irrationnelle :
‘[...] sie [die Fürstin] sah den Rauch sich verbreiten, sie glaubte einen aufflammenden Blitz gesehn, einen Schlag gehört zu haben und nun bewegten sich in ihrer Einbildungskraft alle die Schreckbilder, welche des trefflichen Oheims wiederholte Erzählung von dem erlebten Jahrmarktbrande leider nur zu tief eingesenkt hatte. (p. 500)’La perception de la jeune femme est altérée par la résurgence des ’images effroyables’ qu’a gravées en elle le récit, maintes fois répété, de l’oncle Friedrich. L’appréciatif ’leider’ dénote l’intervention d’un narrateur auctorial, qui, avant de prendre lui-même en charge la description de cet événement tragique, souligne son effet funeste sur l’âme sensible de la princesse.
C’est par ce même jugement de valeur négatif que le narrateur va clore le récit de ce sinistre, finalement substitué à celui de l’incendie ’actuel’, non directement relaté :
‘Leider nun erneuerte sich vor dem schönen Geiste der Fürstin der wüste Wirrwarr, nun schien der heitere morgendliche Gesichtskreis umnebelt, ihre Augen verdüstert, Wald und Wiese hatten einen wunderbaren bänglichen Anschein. (p. 501)’De même que l’horizon semble être voilé par la brume (’nun schien der heitere morgendliche Gesichtskreis umnebelt’), le regard de la princesse est occulté (’ihre Augen verdüstert’) par cet écran que forment les images, rappelées à sa mémoire, de cette ’affreuse confusion’ à laquelle avait assisté l’oncle Friedrich. C’est à cette même correspondance symbolique entre la perception de la nature et l’émotion éprouvée par la jeune femme qu’est due la transformation brutale du paysage, non plus dépeint comme ’la plus riante contrée’899, mais présenté sous un aspect démonique, au sens où l’entend Goethe, c’est-à-dire comme une manifestation incontrôlée de forces élémentaires.
Qu’elle soit d’ordre perceptif (utilisation répétée de la lunette d’approche), esthétique (les dessins du vieux château, les tableaux représentant les animaux sauvages) ou discursif (le récit de l’oncle), toute forme de médiation induit un rapport nécessairement faussé au monde, puisqu’elle donne lieu à une vision tronquée de la réalité.
Le mode de perception et de représentation de la nature dans le récit est donc révélateur d’une certaine conception du monde, caractéristique de la classe sociale à laquelle appartiennent les protagonistes de la première partie du récit, c’est-à-dire, essentiellement, le couple princier et l’oncle Friedrich. L’ordonnance symbolique du paysage, scindé en deux grands ensembles complémentaires, et les travaux entrepris dans l’ancienne forteresse, sont l’indice de l’appropriation culturelle de la nature, transformée en un univers rationnellement structuré. Une même tentative de soumettre les forces élémentaires aux lois (économiques, artistiques ou bien morales) qui régissent la société aristocratique apparaît dans le roman Die Wahlverwandtschaften, comme en témoignent la réalisation des plans qu’est chargé d’effectuer le capitaine afin de faciliter la future gestion du domaine par ses propriétaires900, ainsi que l’aménagement de la cabane de mousse par Charlotte, reflet du ’sens artistique’901 de cette dernière. De même, lorsque Eduard, accompagné de son épouse et du capitaine, mesure, de la hauteur qui domine la vallée, l’étendue de son domaine, son regard est attiré essentiellement par un massif de peupliers et de platanes, non seulement parce que ce bouquet de verdure rehausse les qualités esthétiques du paysage, mais surtout parce qu’il est le témoin d’un héritage patriarcal902 que Eduard tient à préserver à tout prix.
Cependant, l’entrée en scène dans la seconde partie du récit de la famille de forains, qui, par la relation naïve qu’elle entretient avec la nature, rappelle le personnage de Ottilie dans le roman Die Wahlverwandtschaften, met en évidence, par un jeu de contrastes sans cesse soulignés par le narrateur903, le caractère artificiel de cette réglementation rigoureuse de la nature par les membres de la petite principauté. Régie par des règles strictes (respect de la hiérarchie par exemple) et par des traditions maintenues en dépit de l’évolution timidement introduite à la suite des événements révolutionnaires français (par exemple, celle de la chasse que le grand veneur tient tout particulièrement à organiser904), la société aristocratique est inapte à établir une relation spontanée avec la nature. C’est ce que démontrent non seulement son recours permanent à la médiation artistique, mais également sa réaction face à l’irruption des forces élémentaires. À l’usage de la violence, illustré par l’épisode de la chasse au tigre, est opposé celui de ’l’amour’ et de la ’piété’, ainsi que l’a souligné Goethe lui-même :
‘’Zu zeigen, wie das Unbändige, Unüberwindliche oft besser durch Liebe und Frömmigkeit als durch Gewalt bezwungen werde, war die Aufgabe dieser Novelle, und dies schöne Ziel, welches sich im Kinde und Löwen darstellt, reizte mich zur Ausführung. [...]’ 905.’Le thème central du récit est donc celui de la lutte contre la force débridée des éléments906, thème que l’on retrouve également dans le roman Die Wahlverwandtschaften 907. Or, la réalisation de cette ’idée’ dans la seconde partie du récit Novelle, marquée, comme nous l’avons rappelé au début de cette analyse, par l’effacement des protagonistes représentatifs de l’aristocratie, semble s’accompagner d’un glissement, du symbolique vers l’allégorique. Ce passage à un autre niveau, irréel et presque mystique, est souligné par le changement brutal d’éclairage (’Wald und Wiese hatten einen wunderbaren bänglichen Anschein’) qu’introduit ’l’événement inouï’ de l’incendie.
’Mächtige Felsen standen von Urzeiten her, jedem Wechsel unangetastet, fest, wohlgegründet voran, und so türmte sich’s aufwärts [...].’, in : op. cit., p. 499. Ainsi que l’indique C. Wagenknecht (op. cit., p. 7-8), il s’agit vraisemblablement de granit, longtemps considéré comme la ’roche primitive’ de la terre, comme le rappelle Goethe lui-même dans son essai intitulé ’Über den Granit’ (1784) : ’Jeder Weg in unbekannte Gebirge bestätigte die alte Erfahrung, daß das Höchste und das Tiefste Granit sei, daß diese Steinart, die man nun näher kennen und von andern unterscheiden lernte, die Grundfeste unserer Erde sei, worauf sich alle übrigen mannigfaltigen Gebirge hinauf gebildet.’ (in : Gedenkausgabe der Werke, Briefe, Gespräche, op. cit., vol. 17, p. 479).
Cf. le passage cité ensuite.
’[...] es ist eigentlich ein Wald, der diesen uralten Gipfel umgibt; seit hundertundfünfzig Jahren hat kein Axt hier geklungen und überall sind die mächtigsten Stämme emporgewachsen [...]’, in : op. cit., p. 493.
’Indem der Fürst die einzelnen Blätter deutete, sprach er weiter: Hier, wo man, den Hohlweg durch die äußern Ringmauern heraufkommend, vor die eigentliche Burg gelangt, steigt uns ein Felsen entgegen von den festesten des ganzen Gebirgs [...].’, in : op. cit., p. 493.
’Wir treten zu Beginn in völlig ausgeglichene Bereiche, worin nichts Dunkles, Ungelöstes mehr zu finden ist, aus deren Tiefen, wie es scheint, nichts Unerwartetes erstehen wird.’ (E. Staiger, ’Goethe: ’Novelle’ ’, in : Meisterwerke deutscher Sprache aus dem neunzehnten Jahrhundert, 2ème édition augmentée, Zürich 1968).
Cf. 1. Mose 1, 21.
’[...] die Umstehenden schienen wie bezaubert von der Bewegung einer liederartigen Weise, als der Vater mit anständigem Enthusiasmus zu reden anfing und fortfuhr : Gott hat dem Fürsten Weisheit gegeben und zugleich die Erkenntnis, daß alle Gotteswerke weise sind, jedes nach seiner Art.’, in : op. cit., p. 507 (termes soulignés par nous).
’Alles war still, horchte und nur erst als die Töne verhallten, konnte man den Eindruck bemerken und allenfalls beobachten. Alles war wie beschwichtigt; jeder in seiner Art gerührt.’, in : ibid., p. 509 (termes soulignés par nous).
’[...] doch niemand wüßte zu sagen, wo die Natur aufhört, Kunst und Handwerk aber anfangen.’, in : ibid., p. 493.
’Seht nur, wie trefflich unser Meister dies Charakteristische auf dem Papier ausgedrückt hat, wie kenntlich die verschiedenen Stamm- und Wurzelarten zwischen das Mauerwerk verflochten und die mächtigsten Äste durch die Lücken durchgeschlungen sind!’, in : ibid.
Nous renvoyons ici notamment à l’essai que Goethe a consacré à Winckelmann, et, plus particulièrement, au chapitre ’Schönheit’ (J. W. Goethe, Winckelmann, in : Schriften zur Kunst, op. cit., p. 102 sq.).
’Die Natur ist von der Kunst durch eine ungeheure Kluft getrennt [...]., in : J. W. v. Goethe, Einleitung in die Propyläen (1798), ibid., p. 42.
Nous rappellerons simplement les deux premiers vers du premier quatrain et le dernier tercet : ’Natur und Kunst, sie scheinen sich zu fliehen, / Und haben sich, eh man es denkt, gefunden [...]’ ; ’[...] Wer Großes will, muß sich zusammenraffen: / In der Beschränkung zeigt sich erst der Meister, / Und das Gesetz nur kann uns Freiheit geben.’ (in : Werke, op. cit., vol. 1, p. 245).
’Nun haben wir manches getan, um diese Wildnis zugänglicher zu machen, denn mehr bedarf es nicht, um jeden Wanderer, jeden Besuchenden in Erstaunen zu setzen, zu entzücken.’, in : op. cit., p. 493.
J. W. v. Goethe, Winckelmann, op. cit., p. 103.
’Noch nicht, meine Liebe, versetzte der Fürst; was Sie hier sahen, ist, was es werden kann und wird; jetzt stockt noch manches; die Kunst muß erst vollenden, wenn sie sich vor der Natur nicht schämen soll.’, in : op. cit., p. 495.
Cf. supra p. 272.
’Zur Bude näher gelangt, durften sie die bunten kolossalen Gemälde nicht übersehen, die mit heftigen Farben und kräftigen Bildern jene fremden Tiere darstellten, welche der friedliche Staatsbürger zu schauen unüberwindliche Lust empfinden sollte. Der grimmig ungeheure Tiger sprang auf einen Mohren los, im Begriff ihn zu zerreißen; ein Löwe stand ernsthaft majestätisch, als wenn er keine Beute seiner würdig vor sich sähe; andere wunderliche bunte Geschöpfe verdienten neben diesen mächtigen weniger Aufmerksamkeit.’, in : op. cit., p. 497. Tout comme les dessins de l’ancienne forteresse, les représentations des animaux sauvages, prises comme référence première, inspirent aux badauds ’l’irrésistible envie’ de les voir en chair et en os.
’Wir wollen, sagte die Fürstin, bei unserer Rückkehr doch absteigen und die seltenen Gäste näher betrachten.’, in : ibid.
’Du warst zahm und hättest dich gern ruhig niedergelassen und auf uns gewartet; denn deine Fußballen schmerzten dich, und deine Krallen hatten keine Kraft mehr!’, in : ibid., p. 504.
’Es ist wunderbar, versetzte der Fürst, daß der Mensch durch Schreckliches immer aufgeregt sein will. Drinnen liegt der Tiger ganz ruhig in seinem Kerker, und hier muß er grimmig auf einen Mohren losfahren, damit man glaube, dergleichen inwendig ebenfalls zu sehen; [...]. Die guten Menschen wollen eingeschüchtert sein, um hinterdrein erst recht zu fühlen, wie schön und löblich es sei, frei Atem zu holen.’, in : ibid., p. 498.
’Lassen Sie uns die schönen Stunden nicht versäumen, fiel ihm die Fürstin ein, da der würdige Mann sie schon einigemal mit ausführlicher Beschreibung jenes Unheils geängstigt hatte, wie er sich nämlich, auf einer großen Reise begriffen, abends im besten Wirtshause auf dem Markte, der eben von einer Hauptmesse wimmelte, höchst ermüdet zu Bette gelegt und nachts durch Geschrei und Flammen, die sich gegen seine Wohnung wälzten, gräßlich aufgeweckt worden.’, in : ibid., p. 496.
Rapporté tout d’abord par l’oncle Friedrich lui-même, le récit est interrompu par l’intervention de la princesse, impatiente de se rendre jusqu’à la forteresse (cf. note précédente). Il faut attendre ’l’événement inouï’ de l’incendie pour connaître le contenu précis de ce récit, alors délégué au narrateur auctorial : ’Fürchterlich wohl war jener Fall, überraschend und eindringlich genug, um zeitlebens eine Ahnung und Vorstellung wiederkehrenden Unglücks ängstlich zurückzulassen, als zur Nachtzeit auf dem großen budenreichen Marktraum ein plötzlicher Brand Laden auf Laden ergriffen hatte [...].’, in : op. cit., p. 501.
Cf. supra p. 268.
Tel est en effet l’argument économique qu’avance Eduard afin de convaincre son épouse de la nécessité de faire appel au capitaine : ’Ich hätte längst eine Ausmessung des Gutes und der Gegend gewünscht; er [der Hauptmann] wird sie besorgen und leiten. Deine Absicht ist, selbst die Güter künftig zu verwalten, sobald die Jahre der gegenwärtigen Pächter verflossen sind. Wie bedenklich ist ein solches Unternehmen! Zu wie manchen Vorkenntnissen kann er uns nicht verhelfen! Ich fühle nur zu sehr, daß mir ein Mann dieser Art abgeht.’, in : ibid., p. 245.
’Als sie die Mooshütte erreichten, fanden sie solche auf das lustigste ausgeschmückt, zwar nur mit künstlichen Blumen und Wintergrün, doch darunter so schöne Büschel natürlichen Weizens und anderer Feld- und Baumfrüchte angebracht, daß sie dem Kunstsinn der Anordnenden zur Ehre gereichten.’, in : op. cit., p. 258. Nous retrouvons ici l’alliance caractéristique de l’art et de la nature.
’Eduard lenkte besonders auf diese [die Masse Pappeln und Platanen] die Aufmerksamkeit seines Freundes. ’Diese habe ich’, rief er aus, ’in meiner Jugend selbst gepflanzt. Es waren junge Stämmchen, die ich rettete, als mein Vater, bei der Anlage zu einem neuen Teil des großen Schloßgartens, sie mitten im Sommer ausroden ließ. Ohne Zweifel werden sie auch dieses Jahr sich durch neue Triebe wieder dankbar hervortun.’ ’, in : ibid.
Le couple de forains se distingue très nettement des membres de la cour non seulement par son apparence extérieure, relevée à deux reprises par le narrateur, comme nous l’avons vu plus haut, mais également par l’usage d’une langue ’naturelle’, que ce dernier juge intraduisible : ’Eine natürliche Sprache, kurz und abgebrochen, machte sich eindringlich und rührend; vergebens würde man sie in unsern Mundarten übersetzen wollen, den ungefähren Inhalt dürfen wir nicht verhehlen.’, in : op. cit., p. 504.
’Wenn sich nun der Fürst fast ausschließlich in diesen Tagen mit den Seinigen über diese zudringenden Gegenstände unterhielt, auch besonders mit dem Finanzminister anhaltend arbeitete, so behielt doch auch der Landjägermeister sein Recht, auf dessen Vorstellung es unmöglich war, der Versuchung zu widerstehen, an diesen günstigen Herbsttagen eine schon verschobene Jagd zu unternehmen, sich selbst und den vielen angekommenen Fremden ein eignes und seltnes Fest zu eröffnen.’, in : ibid., p. 491-492. Même s’il n’est plus un aristocrate oisif, le prince conserve ses privilèges, notamment celui d’interrompre ses activités afin de s’offrir une ’fête rare et singulière’.
J. W. v. Goethe, Gespräche mit Eckermann, in : Gedenkausgabe der Werke, Briefe und Gespräche, op. cit., vol. 24, p. 210 sq.
Dans son essai intitulé Versuch einer Witterungslehre (1825), Goethe désigne les éléments naturels, ’adversaires colossaus’ de l’homme, comme ’l’arbitraire’ lui-même : ’Es ist offenbar, daß das, was wir die Elemente nennen, seinen eigenen wilden wüsten Gang zu nehmen immerhin den Trieb hat. Insofern sich nun der Mensch den Besitz der Erde ergriffen hat und ihn zu erhalten verpflichtet ist, muß er sich zum Widerstand bereiten und wachsam erhalten. [...] Die Elemente daher sind als kolossale Gegner zu betrachten, mit denen wir ewig zu kämpfen haben, und sie nur durch die höchste Kraft des Geistes, durch Mut und List, im einzelnen Fall bewältigen. Die Elemente sind die Willkür selbst zu nennen [...].’, in : Gedenkausgabe der Werke, Briefe und Gespräche, op. cit., vol. 17, p. 642 sq.
Dans ce roman, c’est à l’eau, élément qui n’est ’amical’ que pour celui qui ’le connaît et sait s’en servir’ (’Das Wasser ist ein freundliches Element für den, der damit bekannt ist und es zu behandeln weiß.’, in : op. cit., p. 439-440), et non au feu, comme dans Novelle, qu’est associé le déchaînement de ’l’indomptable’.