Introduction

Aujourd’hui et depuis quelques décennies, la tradition des Lumières qui véhiculait la foi en une universalité des valeurs est remise en cause ; "l’ère de soupçon", préfigurée par NIETZSCHE, FREUD et MARX, n’est plus aujourd’hui l’apanage de quelques intellectuels, elle s’inscrit dans le quotidien de tout citoyen tant en matière de valeurs familiales, religieuses, scolaires que professionnelles. Les progrès scientifiques et techniques sont autant porteurs d’espérances que d’inquiétudes⁸ et ‘"le mythe des valeurs occidentales considérées comme valeurs universelles paraît, à certains, n’avoir plus d’avenir"’ ⁹ . La perte et l’absence de consensus qui traversent l’école l’obligent à réfléchir à sa part de responsabilité et l’instituteur, le professeur et l’inspecteur ne peuvent qu’être atteints dès lors que ‘"des philosophes, parmi les plus lettrés, ont fermé les yeux sur le génocide ; des savants, parmi les plus prestigieux, nous ont fourni les armes de notre anéantissement, des peuples entiers ou presque - et le nôtre même, qui avait pourtant bénéficié des lumières des "hussards noirs de la république" - ont pu applaudir Munich et trouver tolérable la collaboration avec la barbarie. Certes, il y eut un sursaut et l’honneur fut sauvé. Mais la foi dans l’émancipation et le bonheur des hommes par le seul pouvoir de la connaissance en a été à jamais ébranlée"’ ¹⁰. Atteints mais aussi troublés, tous les professionnels responsables de l’éducation le sont, au point d’agir pour rechercher la boussole susceptible de leur indiquer la voie à suivre ; ils sont en quête de véritables repères ou d’un référentiel explicite ; ‘"il s’agit alors de trouver de nouvelles bases politiques et éthiques qui correspondent à cette situation qui tiendront compte des connaissances nouvelles (...). Pour autant, demain reste inconnu, ce qui veut dire que l’aventure et l’incertitude demeurent, et notamment, que si des progrès sont possibles, ils ne sont pas certains et sûrement pas d’une façon linéaire"’ ¹¹ . Dès lors, la question qui nous préoccupe et que nous posons concerne bien l’identité professionnelle de l’inspecteur de l’éducation nationale chargé d’une circonscription du premier degré. Elle devient la problématique et peut s’exprimer ainsi :

• Quel référent peut fonder la fonction de l’inspecteur ?

• A quelles conditions cette fonction peut-elle devenir une mission ?