Question numéro 5

Ce n'est pas tant dans les réponses que nous avons fondé l'analyse que je livre. Une grosse majorité des inspecteurs et des enseignants se retrouve en effet d'accord pour dire qu’il y a bien une proposition de projet professionnel. Mais ce n’est qu’une majorité, là où nous pensons que nous aurions dû obtenir une réponse unanime si nous étions effectivement dans une logique de gestion des ressources humaines. Ce qui nous surprend aussi, c'est que pas un inspecteur interrogé n'ait spontanément écrit : "avant toute proposition, je le félicite, le remercie et l'encourage à poursuivre dans cette voie". Ce qui me surprend, un peu moins depuis que j'ai étudié les réponses des questionnaires, c'est qu'aucun enseignant n'ait écrit spontanément : "avant toute proposition, il me félicite, me remercie et m'encourage à poursuivre dans cette voie".

C'est un peu comme si les fonctionnaires de l'éducation nationale n'étaient que des agents au service d'une administration dont la seule action de promotion consistait à enregistrer des notes pour calculer des changements d'échelon au plus près des intérêts du budget de l’état. Il n'y a là aucune reconnaissance ; et s'il est difficile pour l'administration de se séparer d'un membre malade ou défaillant, il semble qu'il lui soit tout aussi difficile de reconnaître pour les valoriser ses membres les plus méritants.

C'est en tous les cas le sens des propos que tint, au cours d'un entretien, le directeur des ressources humaines, nouvellement nommé au rectorat de l'académie de Lyon. Sa tâche lui apparaissait extraordinaire, diversifiée et riche, mais il se demandait bien par quel bout l'entreprendre¹⁶⁶. Depuis, La lettre de l’éducation s’est interrogée sur le ‘"le Flop des directeurs des ressources humaines"’ ¹⁶⁷. Il y est commenté comment la mise en place de ce directeur, dans chacune des académies, est méconnue des personnels de l’éducation nationale et surtout, comment ils ne parviennent pas à gérer les ressources humaines dans chacune des académies.

Il y aurait sans doute un véritable chantier à ouvrir pour repenser la gestion et le développement des compétences des personnels enseignants et en particulier des instituteurs et professeurs des écoles. Le rapport de Claude PAIR¹⁶⁸ propose de ‘"redéfinir le rôle des inspecteurs de l’éducation nationale"’ ¹⁶⁹et en particulier de centrer leur travail ‘"sur tout ce qui concerne les personnels, comme c’est normalement le cas pour un corps d’inspection pédagogique : évaluation, animation, suivi, conseil, formation"’ ¹⁷⁰.Dans cette optique, pour aider à la distinction entre la gestion administrative et le contrôle et donner encore plus de sens à cette volonté claire de gérer aussi les ressources des personnels, nous pensons que les inspecteurs de l’éducation nationale gagneraient à être rattachés au Directeur des Ressources Humaines de l’académie plutôt qu’au Directeur des services départementaux de l’éducation nationale, plus spécialement responsable de la gestion administrative.