‘“... L’éthique éducative est faite de tensions irréductibles : tension entre la demande d’amour, sans laquelle l’enseignement serait saisi d’un froid terrible et peut-être mortel, et l’indifférence affective du professionnel -fût-elle affectée-, qui seule peut arrêter la surchauffe passionnelle. Tension entre le désir d’émanciper, qui suscite le refus et encourage la résistance, et celui d’armer le bras de cette émancipation, au prix d’une nécessaire soumission. Tension entre l’exigence du meilleur, qui est, sans doute, la seule manifestation authentique de solidarité, et l’acceptation de l’autre. tension entre le pari de l’éducabilité, nécessité logique et éthique entre toutes, et l’affirmation du droit absolu de l’autre à la non-réciprocité, sans laquelle la pédagogie se laisse irrémédiablement aspirer par la tentation démiurgique”’.
extrait de Parler à l’école. Ethiques, mobiles et enjeux,
F. LUCIANO BRET, Armand COLIN, Paris, 1991, p. 9, préface de Ph. MEIRIEU
La première partie de cette thèse présentait les deux paradigmes fondateurs des pratiques passées et présentes de l’inspection des enseignants du premier degré. Au cours de la deuxième partie, nous avons découvert que l’image de l’inspecteur auprès des enseignants pouvait être une entrave à son action et que le face à face définissait plus souvent leurs relations que le côte à côte.
Cette troisième partie montrera toute la nécessité et l’utilité d’un troisième paradigme pour l’inspection des instituteurs et des professeurs des écoles : le paradigme déontologique.
Des pistes de réflexion et des expérimentations inscrites dans l’esprit d’une relation de côte à côte seront présentées. Elles s’appuyent sur une éthique de la hiérarchie qu’un code de déontologie mêlant l’éthique au droit rend possible.
Ce code demeure encore implicite pour les inspecteurs de l’éducation nationale179 et il n’en existe aucune rédaction officielle et institutionnelle, ni pour eux, ni pour les enseignants. ‘"Les porte-parole (de l’éducation nationale) se réclament de leur morale personnelle, sans souscrire à une éthique commune"’ 180 et le seul code auquel on peut se référer n’en est pas un, c’est un statut : celui de la fonction publique ; il date de 1993181.
Nous présenterons une proposition pour un code de déontologie rédigée par des collègues italiens et qui pourrait préfigurer celui des IEN.
P. CATALA, Ethique et société, les déontologies professionnelles à l’épreuve des techniques, sous la direction de R. MOCH, Armand COLIN, 1997, page 9.
C’est en effet la loi du 13 juillet 1993 qui établit le nouveau statut de la fonction publique. Le terme de déontologie n’y apparaît pas et la loi parle des obligations générales du fonctionnaire.