3.51 Une fiche à remplir à l'issue d'une visite pour aider à la réflexion

3.511 Présentation de l’outil

L'inspecteur de l'éducation nationale se trouve dans une position institutionnelle délicate qui souhaite faire de lui tout à la fois un formateur, un évaluateur, un contrôleur et un gestionnaire de la carrière des enseignants. Ceux-ci peuvent sans doute le vivre comme un professionnel détenteur et prescripteur d'une certaine vérité pour autrui. Mais nous savons qu'un conseil et une prescription, pour être acceptés et utiles, nécessitent des conditions particulières d'expression. Nous savons aussi que rien ne saurait remplacer un cheminement personnel et une réflexion de la part des enseignants en quête d'éléments de réponses à apporter pour modifier et enrichir leurs pratiques et qu'‘"on oublie trop qu'un apprentissage s'effectue toujours contre ce qu'on sait déjà"’ 224. Aussi, nous a-t-il semblé utile de proposer, aux enseignants que nous inspections, un document personnel d'aide à l'analyse et au questionnement225. Nous définissons simplement le questionnement comme étant toute question posée à l'enseignant et pour laquelle il est le seul à détenir une réponse ou tout au moins les éléments susceptibles de la construire. Ce document se présente sous la forme d'une fiche au format A4 à en-tête de la circonscription ; il trouve sa place dans le journal de bord que peut rédiger l’enseignant226.

Les fiches ont été proposées aux enseignants de la circonscription dont nous avons eu la responsabilité après trois ans de travail en commun. Ces documents existaient déjà depuis près de deux années universitaires ; nous les avions conçus avec les formateurs de l’unité des formations pour l’adaptation et l’intégration scolaires de l’IUFM de l’académie de Lyon et utilisés à l’issue des visites aux stagiaires qui effectuent un stage de pratique en responsabilité, dans une classe.

L’inspecteur de l’éducation nationale en inspection pouvait-il mettre en circulation auprès des enseignants de sa circonscription des document utilisés par l’inspecteur-professeur avec des stagiaires en formation ?

Nous nous sommes effectivement posé la question du passage d’une visite de contrôle à une visite d’évaluation et de conseil. La visite d’un IEN peut être conçue comme une pause dans la carrière d’un enseignant, un temps offert pour la réflexion sur l’action, un temps susceptible de favoriser la métacognition, un temps, enfin, qui tenterait de faire ce que nous ne cessons de dire et de mettre en acte, la reconnaissance professionnelle de l’autre, ainsi que sa capacité à réussir et progresser.

Les seules consignes données pour faciliter l’écriture des enseignants sont de ne pas remplir cette fiche immédiatement après l’entretien qui suit la visite d’inspection mais de ne pas attendre non plus trop longtemps. Nous estimons qu’elle doit être renseignée dans les huit jours qui suivent visite et entretien.

  • A l'issue de la visite, je note trois idées fortes que je retiens :

  • Je suis capable d'énoncer un geste pédagogique que je ne ferai plus comme avant :

  • Je décris une pratique que je pense reproduire, malgré la discussion d'aujourd'hui :

  • J'énonce une question qui me semble être restée sans réponse :

  • Il me semble maintenant que j'aurais surtout besoin de :

Notes
224.

J.P. ASTOLFI, L'école pour apprendre, ESF éditeur, Paris, 1994, p. 203.

225.

C'est à dessein que nous n'employons pas ici le mot métacognition, celui-ci nous ferait courir le risque d'une double confusion. B.M. BARTH , dans l'apprentissage de l'abstraction, parle en effet tantôt "d'activité méthodologique", tantôt "d'acte pédagogique". Il existe, précise-t-elle, "un besoin d'analyser et de réfléchir sur la démarche cognitive et la capacité de mettre en oeuvre consciemment un raisonnement. Je propose d'appeler cette activité méthodologique la métacognition." Page 111. Elle poursuit plus loin : "Une deuxième étape mène plus loin : elle conduit les élèves à prendre conscience des "méthodes de pensée" qui leur permettent effectivement de réussir pour qu'ils puissent les mobiliser volontairement dans une situation d'apprentissage ultérieure. Cette prise de conscience est réalisée par un travail de réflexion et de retour sur la démarche mentale que l'enseignant, par le choix conscient des situations d'apprentissages qu'il propose, a déclenchée chez l'élève. Sans la médiation de l'enseignant, cette prise de conscience par l'élève ne serait pas possible, son rôle est essentiel. C'est donc cet acte pédagogique que nous appelons la métacognition." Page 111.

226.

Ces documents sont extraits du projet de la circonscription dont l'intégralité figure en annexe.