"Donner le pouvoir : le conseil".

De quoi s'agit-il ?

  1. La correspondance, le journal, les enquêtes, ont amené “la vie” dans la classe. Les événements ont été vécus par tous, mais aussi par chacun, et pas obligatoirement de la même façon. La structuration de l'espace et du temps, l’organisation du travail ont évité provisoirement les tensions, les éclats. Mais ce qui n'est pas apparu, joue. Invisible, le désordre est là, et peut-être l'éparpillement et l'éclatement du groupe. Tout a besoin d'être repris sur le plan verbal, intellectuel, symbolique, et au besoin, remanié : c'est peut-être là le rôle essentiel du conseil de coopérative.

  2. A un moment donné, prévu, attendu, le travail cesse. Généralement, les participants se disposent en cercle. Un président de séance assure l'ordre qui permettra à chacun d'être entendu de tous. Un secrétaire de séance note les sujets abordés, et les décisions prises. (cf. Mise en place du conseil).

  3. Très simplement, les enfants et le maître parlent de leur vie scolaire quotidienne et s'efforcent de l'améliorer. C'est peut-être là l'important : prendre en charge leur propre administration, leur présent et leur avenir.

  4. Certains “Educateurs actifs” se contentent d'y organiser le travail, et c'est déjà un progrès. Mais est-ce suffisant ? La classe coopérative, la classe groupe, peut fort bien aboutir à une dictature technocratique. Peut-être est-ce le but de l'école : former des citoyens, des travailleurs, des techniciens socialisés, respectueux de l'ordre. Et si l'homme était un peu plus qu'un producteur consommateur ? La classe est certainement plus qu'une usine à termites.

  5. Il est bien entendu qu'au conseil, nous ne sommes pas disposés en coopérative tribunal où, face aux coopérateurs et sous le regard du “maître”, siège le bureau. En cercle, la situation est la même pour tous. Le président de séance et le maître sont dans une situation de participants, et non de dirigeants... Mais la non directivité, la non-intervention, n'empêchent pas le maître d'exister, de protéger, d'assurer, par sa présence, la validité de l'ensemble. Eventuellement, dans des cas graves, en tant que responsable adulte de la classe, il interviendra, usant de son droit de veto : “Non, vous ne tuerez pas Christian, même s'il démolit tout”.