un adulte
un parent
c'est quelqu'un de grand
une maman
un papa
une grand-mère
les papas et la maman sont des adultes
... un garçon
un enfant de 18 ans
quel garçon ?
un grand
un grand frère du C.P.
ceux qui sont au C.P. sont quand même des petits enfants ; c'est aussi des grands enfants
les grandes personnes savent faire plein de choses, travailler, elles ne vont pas au C.P., elles s'arrêtent de grandir mais ça passe encore leur anniversaire
les grandes personnes peuvent faire des masques pour les enfants
elles surveillent les enfants
on va au carnaval
les grandes personnes savent lire
on ne parle pas du carnaval, mais des grandes personnes
les mamans qui ont besoin d'aide, les enfants les aident
le papa aide aussi les enfants ; les grandes personnes grondent les enfants
les rêves, c'est comme si on était des princesses
j'ai rêvé que j'étais une princesse
les rêves c'est si Aline rêve qu'elle est au carnaval
une fois j'ai rêvé que mon frère n'avait qu'un oeil
pendant la nuit on rêve
moi j'ai rêvé dans mon lit d'un cauchemar, un fantôme
un jour j'ai rêvé, alors, comment je peux expliquer, il y avait ma soeur, mes parents, il y avait un trou où il ne fallait pas tomber et moi j'étais tombée dedans
j'avais deux petits frères, un grand frère avec un oeil, et il avait mangé mes deux petits frères
comme s'il était un pirate ?
(réponse) On parle pas de pirate, non, l'autre oeil était en peau
un cauchemar c'est un rêve qui fait peur
des cauchemars, c'est des rêves où quand on les voit on n'est pas content, ça nous fait peur
moi des fois la nuit je tombe du lit, je me réveille le matin, je vois que je suis encore dans mon lit.
on parle pas de tomber du lit, on parle des rêves
(réponse) Ce que je racontais, c'était un rêve !
ça veut dire qu'on a fait quelque chose de pas bien et qu'on n’avait pas envie de se faire ...
quand on est trop sots à la maison, ma mère a honte de nous
on a peur, on s'est fait gronder
on est timide
on ne parle pas d'être timide, mais “être” honte
quand quelqu'un est devant lui, on veut se changer, le matin on le voit tout nu
ça n'est pas bien, les autres rigolent
ça c'est se moquer, on ne parle pas de se moquer
on tremble quand on a honte
mon frère et ma soeur se disputent souvent, j'ai honte d'eux
on est tout rouge quand on a honte.
On pourrait penser, à la lecture de ce qui précède, que les enfants parlent pour parler, qu'on assiste à une séance de langage de type traditionnel. Or, la nature de l'événement est différente. Je suis là, dans l'instant présent, au coeur de l'expérience, bien que quasi silencieuse, cueillant la parole, encourageant du regard les timides et posant la règle du jeu. Je suis là, aussi, comme témoin du temps partagé depuis la rentrée scolaire, en tant qu'adulte ayant le pouvoir de trouver, ou faire trouver, des solutions aux problèmes du quotidien ; adulte investie également du savoir. Marie dit : “Toi, tu sais déjà lire”. Je suis censée connaître le monde, bien que me rencontrer hors de l'école soit, en soi, un événement. Je représente une part d'humanité mystérieuse, mais “à portée de main” près de laquelle les enfants se sentent plus intelligents, plus grands, plus intéressants. Ils donnent avec satisfaction avis, pensées, interrogations. Comme dit Bertrand : “tu es savante”. J'ajoute que les enfants qui sont là veulent également devenir savants. Nous rejoignons la définition étymologique de la philosophie : amour du savoir, recherche de l'essence des choses.