Extraits d'entretiens de classe

  1. Qu'est-ce qu'une grande personne ?
    • un adulte

    • un parent

    • c'est quelqu'un de grand

    • une maman

    • un papa

    • une grand-mère

    • les papas et la maman sont des adultes

    • ... un garçon

    • un enfant de 18 ans

    • quel garçon ?

    • un grand

    • un grand frère du C.P.

    • ceux qui sont au C.P. sont quand même des petits enfants ; c'est aussi des grands enfants

    • les grandes personnes savent faire plein de choses, travailler, elles ne vont pas au C.P., elles s'arrêtent de grandir mais ça passe encore leur anniversaire

    • les grandes personnes peuvent faire des masques pour les enfants

    • elles surveillent les enfants

    • on va au carnaval

    • les grandes personnes savent lire

    • on ne parle pas du carnaval, mais des grandes personnes

    • les mamans qui ont besoin d'aide, les enfants les aident

    • le papa aide aussi les enfants ; les grandes personnes grondent les enfants

  2. Les rêves, qu'est-ce que c'est ?
    • les rêves, c'est comme si on était des princesses

    • j'ai rêvé que j'étais une princesse

    • les rêves c'est si Aline rêve qu'elle est au carnaval

    • une fois j'ai rêvé que mon frère n'avait qu'un oeil

    • pendant la nuit on rêve

    • moi j'ai rêvé dans mon lit d'un cauchemar, un fantôme

    • un jour j'ai rêvé, alors, comment je peux expliquer, il y avait ma soeur, mes parents, il y avait un trou où il ne fallait pas tomber et moi j'étais tombée dedans

    • j'avais deux petits frères, un grand frère avec un oeil, et il avait mangé mes deux petits frères

    • comme s'il était un pirate ?

    • (réponse) On parle pas de pirate, non, l'autre oeil était en peau

    • un cauchemar c'est un rêve qui fait peur

    • des cauchemars, c'est des rêves où quand on les voit on n'est pas content, ça nous fait peur

    • moi des fois la nuit je tombe du lit, je me réveille le matin, je vois que je suis encore dans mon lit.

    • on parle pas de tomber du lit, on parle des rêves

    • (réponse) Ce que je racontais, c'était un rêve !

  3. la honte
    • ça veut dire qu'on a fait quelque chose de pas bien et qu'on n’avait pas envie de se faire ...

    • quand on est trop sots à la maison, ma mère a honte de nous

    • on a peur, on s'est fait gronder

    • on est timide

    • on ne parle pas d'être timide, mais “être” honte

    • quand quelqu'un est devant lui, on veut se changer, le matin on le voit tout nu

    • ça n'est pas bien, les autres rigolent

    • ça c'est se moquer, on ne parle pas de se moquer

    • on tremble quand on a honte

    • mon frère et ma soeur se disputent souvent, j'ai honte d'eux

    • on est tout rouge quand on a honte.

On pourrait penser, à la lecture de ce qui précède, que les enfants parlent pour parler, qu'on assiste à une séance de langage de type traditionnel. Or, la nature de l'événement est différente. Je suis là, dans l'instant présent, au coeur de l'expérience, bien que quasi silencieuse, cueillant la parole, encourageant du regard les timides et posant la règle du jeu. Je suis là, aussi, comme témoin du temps partagé depuis la rentrée scolaire, en tant qu'adulte ayant le pouvoir de trouver, ou faire trouver, des solutions aux problèmes du quotidien ; adulte investie également du savoir. Marie dit : “Toi, tu sais déjà lire”. Je suis censée connaître le monde, bien que me rencontrer hors de l'école soit, en soi, un événement. Je représente une part d'humanité mystérieuse, mais “à portée de main” près de laquelle les enfants se sentent plus intelligents, plus grands, plus intéressants. Ils donnent avec satisfaction avis, pensées, interrogations. Comme dit Bertrand : “tu es savante”. J'ajoute que les enfants qui sont là veulent également devenir savants. Nous rejoignons la définition étymologique de la philosophie : amour du savoir, recherche de l'essence des choses.