4- Conclusion partielle de cette quatrième partie

Un effort de compréhension nous a permis d'arriver jusqu'au terme de cette quatrième partie sans nous mentir et en prenant appui sur nos convictions. En particulier celle, très présente et sans doute la plus forte, qui est que nous devons nous préparer inlassablement à l'éventualité de rencontrer l’autrement que prévu. C'est sans doute dans cette capacité à être étonné, en ayant cette posture d'une attente positive qui attribue la vie tout autant que le territoire, que nous le plus de chances d'aider les enseignants dans leurs actions en faveur de tous leurs élèves.

Enfin, un inspecteur en inspection se doit de développer une attitude et accomplir des gestes facilitateurs et aidants, c'est-à-dire des gestes qui ne nuisent pas à autrui et tentent de lui apporter un meilleur confort et une sécurité.

Nous avons vu que les résultats de l’étude conduite dans l’académie de Lyon nous incitent à la modestie. La mise au travail plus responsabilisant et plus démocratique, en évitant l'oligarchie289, semble encore assez éloignée de la réalité des pratiques d’inspection ressenties par les enseignants.

Malgré tout, l'inspecteur ne peut être réduit en aucun cas aux seuls fonctionnalisme, sociologisme ou psychologisme. L’identité de l'inspecteur dépasse le cadre de sa fonction. Aller en quête d'une identité, c'est assurément s'appuyer sur les trois paradigmes préalablement identifiés et définis comme trois modèles dont aucun ne peut vraiment exister, ni même se prévaloir, à l'exclusion des deux autres.

S’il nous faut constater qu’il n’existe pas de code de déontologie pour les inspecteurs de l’éducation nationale, nous constatons que l’ensemble des professionnels de l’enseignement public est logé à la même enseigne290. C’est pour l’heure parce qu’ils sont agents de l’Etat, appartenant à la fonction publique et qu’à ce titre, ils relèvent exclusivement de la puissance publique et de la loi. C’est aussi dû au fait que le terme de déontologie n’apparaît pas, même dans la loi du 13 juillet 1993 portant sur le statut de la fonction publique. Le texte n’évoque que des obligations générales des fonctionnaires. ‘"Un conseiller d’état, Christian Vigouroux, a publié en 1995, une "Déontologie des fonctions publiques", où il insiste sur le fait qu’au-delà des droits et obligations précisément définis par la loi, le fonctionnaire doit se déterminer quotidiennement : il lui revient, sous le contrôle de son chef de service, de départager ce qui se fait et ce qui ne se fait pas pour que l’administration remplisse sa mission dans les meilleures conditions. Les devoirs déontologiques du fonctionnaire couvrent aussi cette activité journalière riche en imprévus"’ 291.

Avant lui, Philippe le BEL avait déjà beaucoup prévu dans son ordonnance du ‘"lundi après la mi-carême 1302 sur la réformation du royaume"’ 292. En effet, ‘"cette ordonnance est un code de déontologie des fonctions publiques pratiquement utilisable de nos jours : y sont notamment imposées aux agents publics l’obligation d’obéissance sauf ordre illégal (art. 21), la rapidité d’instruction des affaires (art. 15), ..., l’obligation de se déporter si un parent ou un ami est concerné par l’affaire à traiter de crainte d’être hors d’état de rendre des jugements justes (art. 18)"’ 293 .

Jean VIGOUROUX mentionne aussi

‘"une thèse de droit soutenue par Paul FERRAND en 1889 où celui-ci rappelle les six obligations du fonctionnaire :
  1. Il est assidu et par suite exact et régulier.

  2. Il accomplit sa mission avec probité et désintéressement, mais il doit aussi être également impartial et dévoué à l’égard de tous.

  3. Il est obligé de déférer aux ordres de ses supérieurs hiérarchiques.

  4. Il doit garder la plus grande discrétion sur tout ce qui est l’objet de son service.

  5. Dans les fonctions le mettant en rapport avec le public, il est obligé à l’aménité et à la complaisance.

  6. Il y est enfin précisé que

L’Etat a le droit d’exiger de lui dans la vie privée une tenue convenable et une conduite honorable et régulière. Et de conclure : à travers les années, les bases de l’attitude professionnelle attendue du fonctionnaire, devenu citoyen, restent les mêmes : probité, disponibilité, fiabilité, respect du droit"294.’

Place peut être laissée, maintenant, à la conclusion générale.

Notes
289.

C'est au sociologue Robert MICHEL (1876-1936) que nous devons la loi d'airain sur l'oligarchie qui démontre comment la direction des grandes organisations de masse est progressivement prise en main par une classe de dirigeants professionnels. Le pouvoir y est monopolisé par une petite élite de dirigeants qui s'y perpétue grâce au renouvellement assuré par ses mandants. les partis politiques, essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, 1914.

290.

Une seule exception à notre connaissance, les psychologues scolaires disposent du code de déontologie des psychologues.

291.

Ethique et société, les déontologies professionnelles à l’épreuve des techniques, sous la direction de T. MOCH, Armand COLIN, Paris, 1997. page 199.

292.

op cité page 199

293.

op cité page 199

294.

op cité, pages 199 et suivantes.