c) La prière

Enfin, toujours dans Le Livre de la Route, le jeune homme trouve aussi un trésor qui ne le quittera plus : le Salve Regina 673 semble écrit pour lui, qui connaît la désespérance et l'exil :

Salut à toi, Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre consolation, notre espérance, salut ! Vers toi nous crions, enfants d'Eve en exil, vers toi nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes. O toi, notre Avocate, daigne tourner sur nous tes yeux compatissants. Et après ce temps d'exil, montre-nous Jésus, le fruit béni de tes entrailles. O douce, ô sainte, ô pieuse Vierge Marie 674.

Cette prière, c'est son propre cri, infiniment amplifié et porté "au plus profond des cieux675". Fiévreusement, Leyvraz la transcrit, et la recopie même pour quelques-uns de ses amis : cette découverte l'a rendu si heureux qu'il ne peut la garder pour lui seul.

Notes
673.

Le Salve Regina est le plus populaire des chants liturgiques à la Vierge. La question de son origine et de son auteur n'a jamais été tranchée, mais il est certain que tant les paroles (attribuées parfois à Bernard de Citeaux) que la musique datent du XIe siècle.

674.

Cette version est celle que donne Leyvraz dans Les Chemins de la Montagne, op. cit., p. 174; elle peut connaître quelques variantes.

675.

Les Chemins de la Montagne, op. cit., p. 175.