c) Une mort en apothéose

Le 6 septembre 1843, M. Vuarin s'éteignait. Dernière grimace du remuant curé aux autorités genevoises, ses obsèques firent l'objet d'une manifestation époustouflante : quinze mille personnes, venues du canton, de la Savoie, de France et de Suisse romande défilèrent sur quatre rangs, dans un ordre parfait et un silence absolu. Plus de deux cents prêtres entouraient Mgr Yenni, évêque de Lausanne, et Mgr Rendu, évêque d'Annecy. Jamais cortège aussi imposant n'avait été vu à Genève. Cette démonstration si ample allait éveiller un sentiment nouveau au sein de l'Union protestante : le regret ‘"que le protestantisme ne soit pas capable de démontrer sa puissance de manière semblable768"’. Quel soufflet pour le pasteur Jacques Martin qui, voulant ignorer le catholicisme, avait déclaré quelques mois plus tôt : ‘"Genève, pour le monde, ne date que de la Réforme. La foi et les moeurs protestantes, voilà donc son sens, sa valeur, son titre à la vie, sa nationalité769" !’

Vuarin, enterré, emportait dans sa tombe la période savoyarde du catholicisme genevois.

Notes
768.

Urs ALTERMATT. Le catholicisme au défi de la modernité, op. cit., p. 190.

769.

Edmond GANTER. L'église catholique de Genève, op. cit., p. 403.