c) La création du parti indépendant

En 1878, Carteret était renversé; ses successeurs mettaient fin aux luttes contre le catholicisme et aux tensions confessionnelles qui en découlaient. L'Etat restituait bientôt à leurs anciens propriétaires les églises affectées aux cultes nationaux. En 1882, l'Union des Campagnes disparaissait de la scène genevoise. En 1883, Léon XIII créait une détente dans les relations entre l'Eglise et la Suisse; il supprimait le poste de vicaire apostolique dans la cité de Calvin et nommait Mgr Mermillod évêque de Lausanne et Genève. L'exil du prélat était terminé. Cette fois le Courrier de Genève marquait l'événement par un large cadre rouge.

En 1892, l'adoption de la représentation proportionnelle donnait leur autonomie politique aux catholiques. Pour la première fois, quinze d'entre eux, réunis sous le nom d'Indépendants, étaient élus au Grand Conseil794, grâce à des voix provenant principalement du milieu rural et artisanal. Opposé aux aristocrates, se situant au centre (à droite des radicaux et à gauche des démocrates), le parti s'était défini comme ‘"le plus grand parti du Travail, travail des champs, (...) des ateliers, (...) du petit commerce, (...) du domestique de campagne, travail du commis, de l'ouvrier de la Ville (...)795"’. Considérant que le problème du statut du catholicisme était prépondérant, les indépendants reléguaient malheureusement la question sociale au rang des problèmes secondaires.

Notes
794.

Il y avait en outre 33 démocrates, 38 radicaux, 6 radicaux dissidents et 8 ouvriers.

795.

Danielle ZWISSIG, citée par David Hiler et Geneviève Perret Bari, in Le Parti Démocrate-Chrétien à Genève, Un siècle d'histoire. Genève : édité par le parti démocrate chrétien (ex parti indépendant chrétien-social), 1992, p. 61.