7. LES RETOMBÉES DE LA GUERRE ET DE LA GRÈVE GÉNÉRALE DE 1918

Le départ des Français et des Italiens pour la guerre en 1914-1918 avait provoqué à Genève une inversion confessionnelle820 et sociologique. En exerçant leurs droits de vote, les Confédérés venus remplacer ces ouvriers étrangers mirent fin à l'hégémonie libérale et radicale genevoise. Suppression d'emplois, dépression économique, imprévoyance de l'Etat, montée du socialisme et du syndicalisme de gauche incitaient donc les catholiques à se montrer offensifs821, à créer et à développer des structures qui s'appuieraient sur des principes ouvertement chrétiens822.

Notes
820.

En 1910, les catholiques, dont plusieurs (ouvriers) provenaient de l'étranger; dépassaient de 6.000 le nombre des protestants; en 1920, ces derniers sont numériquement majoritaires (+ 9.500) et les catholiques ne représentent plus que le 44% de la population.

821.

Lors de la grève générale de 1918, les Unions des travailleurs et des travailleuses catholiques, refusant la violence révolutionnaire, se désolidarisèrent du syndicalisme socialiste et des "agitateurs professionnels".

822.

Dès 1899, un solide mouvement de syndicalisme chrétien s'implantait dans les grandes villes suisses alémaniques; mais la Romandie, pas enthousiasmée par ce modèle correspondant peu à sa sensibilité latine, peinait à créer une organisation syndicale catholique.