b) L'orientation sociale du parti indépendant

Aux élections gouvernementales de 1918, pour la première fois dans l'histoire genevoise, un indépendant, Victor Dusseiller, était élu. Malgré cette victoire, le parti perdait trois sièges au Grand Conseil en 1919 et n'en conservait que douze. Fortement concurrencé par les socialistes826, il se devait de gagner des voix ouvrières et, pour cela, d'aller à la rencontre des travailleurs. Dès 1920, le parti entreprenait une importante réorganisation basée sur un programme de collaboration des classes et d'élaboration de lois sociales; ces décisions étaient influencées par l'abbé Savoy, qui prônait la constitution d'un Parlement économique pour le rétablissement de l'organisation professionnelle et celui de la paix sociale, basée sur l'autorité du père dans la famille, du patron dans l'atelier et de l'Eglise dans l'Etat827. En 1921, les indépendants adoptaient une "Déclaration de principes828" comportant des objectifs économiques et sociaux en vue d'amener une réforme sociale chrétienne.

Notes
826.

Lors de ces élections, les socialistes passèrent de 10 à 27 sièges.

827.

On retrouve dans cette idée une organisation identique à celle prônée par Georges Valois.

828.

"Le Parti indépendant préconise la réforme sociale chrétienne, il réprouve hautement la haine des classes et cherche à écarter les antagonismes sociaux par la solidarité, l'entente et la fraternité. Il appuie délibérément les efforts faits pour l'amélioration du sort des faibles et des déshérites de ce monde; il travaille au développement constant et judicieux de la législation sociale. En même temps, il entend sauvegarder les intérêts légitimes des patrons. Il est partisan du droit de collaboration de tous les travailleurs et de l'organisation méthodique de la profession."