Le problème des réparations847 est à l'ordre du jour. En mai 1923, Leyvraz plaide pour une solution alliant justice et sympathie848. En juin, commentant la lettre pontificale sur ce sujet, il affirme que seule la voix du Saint-Père ‘"pouvait offrir aux consciences travaillées par des sentiments contraires de telles garanties de justice et d'indépendance849"’. Et de poursuivre, prophétique : ‘"Combien l'Allemagne peut-elle payer sans tomber dans la ruine et dans l'anarchie et devenir, par conséquent, une menace formidable - conjointe à la menace russe - pour l'Europe ? (...) L'Allemagne est vaincue, financièrement, économiquement. (...) S'obstiner, pour une simple question de prestige, à exiger d'elle l'aveu officiel de sa défaite, ce serait sans doute pousser le sentiment national allemand à des extrémités dangereuses et exposer l'Europe aux troubles sociaux et aux malheurs européens prévus par le Saint Père."’ Puis celui qui a tourné le dos au socialisme évoque la menace du communisme : ‘"Mais il faut que les conditions de payements soient telles qu'elles ne risquent pas de livrer l'Allemagne au bolchévisme. Car le bolchévisme, monstre asiatique, guette l'Europe850."’
C'est un montant de 132 milliards de mark-or que l'Allemagne aurait dû verser par annuités aux Alliés, suite à la guerre de 1914-1918.
Il est intéressant de noter que Leyvraz évoque, en mai 1923, la nécessité d'agir "avec justice et sympathie", termes que l'on retrouve un mois plus tard dans la lettre du 24 juin 1923, adressée par le pape au cardinal Gasparri au sujet des réparations; dans cet écrit, Pie XI estime que justice et amour du prochain exigent de proportionner les réparations aux capacités réelles de l'Allemagne; il invite donc les créanciers à étudier le bien-fondé du maintien de l'occupation qui impose à tous les acteurs d'énormes sacrifices.
"La lettre pontificale sur les réparations". Courrier de Genève, 30 juin 1923.
"La lettre pontificale sur les réparations", 30 juin 1923, op. cit.