c) S'ouvrir aux chrétiens-sociaux

Dans ses articles, Leyvraz utilise de temps à autre l'expression "nos amis chrétiens-sociaux"; mais ce n'est qu'en décembre 1925 qu'il assiste, pour la première fois, à l'assemblée générale du Mouvement; il en garde ‘"l'impression de l'oeuvre à la fois la plus moderne et la plus traditionnelle qui se puisse concevoir⁹⁹⁰"’, réalisation qui ne peut que réjouir celui qui veut tisser dans le catholicisme un lien entre foi et action sociale, traditions chrétiennes et défis actuels. ‘"Ici, (...) pas une parole qui ne donne un son catholique parfaitement net et clair⁹⁹¹."’ Le voilà enfin, cet espace de collaboration professionnelle que Leyvraz appelle de ses voeux : ‘"Patrons et ouvriers, tous ceux qui sont résolus à ne rien éluder de leur devoir social, peuvent travailler sans la moindre gêne au Cartel."’ Ici, tout est idéal. ‘"Il n'y a pas l'ombre d'une manoeuvre démagogique au profit ou au détriment de n'importe qui. (...) Ce mouvement représente à n'en pas douter une des plus grandes forces du catholicisme pour la conquête spirituelle du monde contemporain⁹⁹²."’ En outre, l'éditorialiste a été impressionné par l'apostrophe du vicaire général aux chrétiens-sociaux ‘("Vous êtes l'espoir du catholicisme à Genève")’, ainsi que par le déroulement ordonné de la réunion; ‘"(...) un instrument bien construit, qui joue exactement, sans perte d'énergie ou de temps. Cette succession de rapports brefs, bourrés de faits, véritables bulletins de combat qui marquent un front sans faille, une action cohérente, disciplinée; le tout mis en relief par quelques commentaires de la présidence ou du secrétariat qui délimitent les plans où l'action doit se dérouler⁹⁹³".’

Leyvraz est donc enthousiasmé par la force du christianisme-social genevois, qui repose sur une organisation ordonnée et efficace. Il convient de retenir le nom d'un "chef d'orchestre" qui agit dans ce Mouvement discipliné : Henri Berra qui en est l'efficace secrétaire.