5. LE POLÉMISTE

Croiser le fer avec des adversaires constitue un aspect essentiel de la presse d'alors. Leyvraz n'y déroge point et va même faire découvrir aux lecteurs du Courrier de Genève un véritable talent jusque-là caché. Il se prête au duel avec un certain plaisir; c'est une facette de son caractère constitué de cette ‘"pointe d'outrance méridionale [qui se retrouve] dans sa polémique1081"’ aux accents plus ou moins nuancés. De manière générale, dans ce début de siècle, on ne met aucune sourdine à l'expression orale ou écrite des sentiments, qu'ils soient de sympathie ou d'antipathie. Par exemple, dans sa correspondance, Mgr Petite peut dire à ses amis qu'il les embrasse avec affection. Lorsqu'ils rencontrent Mgr Besson, les catholiques le décrivent comme ‘"un père très vénéré et très aimé (...) [qui] aime d'un grand et très sincère amour l'Eglise de Genève1082"’. Au fil des ans, quand Maritain écrit à Journet, son vocabulaire passera du "Cher Monsieur" à l' "Ami chéri". Et le polémiste que devient Leyvraz s'inscrit bien dans cette liberté générale de parole.

Notes
1081.

"Une révélation littéraire, M. Albert Malche, auteur gai". Courrier de Genève, 1er juillet 1926.

1082.

"55me compte-rendu (sic) de l'Oeuvre pour l'entretien du culte catholique-romain dans le canton de Genève, Année 1929". Genève : Imprimerie du Courrier de Genève, 1930, p. 20.