c) La franc-maçonnerie

Autre courant qui n'est point épargné par Leyvraz, la franc-maçonnerie, ‘"génie inégalable de l'intrigue1111 [conduite par les] Frères ..., coteries de grimpions1112», «pourfendeurs de "superstitions" [aux cérémonies symboliquement] niaises1113», défenseurs de l'école laïque et d'une prétendue neutralité scolaire1114, adeptes de la morale laïque qui sape la famille en prônant l'introduction du divorce dans la loi, le mariage civil, l'union libre et le néo-malthusianisme. Leyvraz accuse également "le satanisme maçonnique" de haïr l'Eglise catholique1115 et d'oeuvrer pour "la réhabilitation du Diable - contre l'Eglise (...). Il y a un antagonisme profond, irréductible entre l'esprit chrétien et l'esprit maçonnique, parce que le premier vient de Dieu et le second de Satan 1116"’. Lorsqu'au printemps 1928, une initiative sera déposée par l'Union de défense économique devant le Grand Conseil genevois pour mettre fin aux associations secrètes, Leyvraz déclarera : ‘"Comme catholiques, nous sommes les adversaires déterminés et irréductibles de la F.M. Nous la considérons comme malfaisante, et si nous en avions le pouvoir, nous la supprimerions ..... radicalement1117"’; ne faut-il pas, en effet, mettre fin à un privilège abusif, ‘"grâce auquel le peuple de Genève paie depuis longtemps un lourd tribut à la légion de l'Assiette au beurre1118"’ ?

Notes
1111.

"Heurs et malheurs de la franc-maçonnerie". Courrier de Genève, 21 janvier 1926.

1112.

"Contre les associations secrètes". Courrier de Genève, 3 mai 1928.

1113.

"Le feu aux broussailles". Courrier de Genève, 2 février 1926.

1114.

Leyvraz consacrera de multiples éditos à fustiger la laïcité et l'école laïque, en critiquant constamment la politique menée par Edouard Herriot, ministre en France de l'Instruction publique (1926-1928).

1115.

La franc-maçonnerie, alors connue pour son anticléricalisme, avait été fréquemment con-damnée par l'Eglise catholique. Par ex. au XIXe siècle, par le biais de plusieurs encycliques pontificales (Ecclesiam (1821) de Pie VII; Quo graviora (1825) de Léon XII; Traditi (1829) de Pie VIII; Qui pluribus (1846), Multiplices inter (1865), Apostolicae Sedis (1869), Etsi multa (1873) de Pie IX; Humanum Genus (1884) de Léon XIII. L'art. 2.335 du Code de droit canon promulgué par Benoît XV en 1917 spécifiait que "ceux qui ont donné leur nom à une secte maçonnique ou à d'autres associations qui complotent contre l'Eglise ou les pouvoirs civils légitimes contractent par le fait même une excommunication simplement réservée au Siège apostolique". En 1963, le message de condoléances adressé à Rome par la Grande Loge Nationale Française suite au décès de Jean XXIII amorcera une détente importante dans les relations entre l'Eglise et la FM.

1116.

"Le satanisme maçonnique". Courrier de Genève, 15 mars 1928.

1117.

"Contre les associations secrètes". Courrier de Genève, 3 mai 1928.

1118.

"Contre les associations secrètes", 3 mai 1928, op. cit.