d) Le bolchevisme

Le rédacteur en chef du Courrier de Genève polémique avec Malche en utilisant plutôt la troisième personne du singulier, comme s'il voulait le maintenir à distance. En revanche, avec Léon Nicole, apôtre du bolchevisme et rédacteur du journal Le Travail ¹¹¹⁹, Leyvraz utilise le "vous". Malgré des propos sans complaisance, et en dépit du fossé qui les sépare, l'éditorialiste conserve une proximité certaine, sorte de vieux compagnonnage avec son "ennemi préféré" : Tous deux, exilés à Genève, ne sont-ils pasS issus de la Terre vaudoise, et n'ont-ils pas travaillé ensemble au Droit du Peuple ? C'est pourquoi Leyvraz ose l'apostropher en ces termes : ‘"(...) aspirant-dictateur¹¹²⁰ [qui] vous pavanez avec vos airs de barricade (....) depuis des années, vous empoisonnez l'atmosphère de Genève, parce que vous êtes empoisonné vous-même de haine et de violence. Personne plus que vous n'a contribué à créer dans certains milieux bourgeois une mentalité (...) de lutte de classe. (...) Ce sont vos amis de coeur, M. Nicole, vos très chers complices, ceux dont vous avez absolument besoin pour votre abominable comédie bolchévisante, truffée de calomnies, marinée dans votre bile de Robespierre raté¹¹²¹"’. ‘"M. Nicole sait bien où il va, et où il vous mène. Il n'est pas sot, M. Nicole, malgré ses airs de cheminée¹¹²²."’ ‘"(...) M. Nicole (...) se déchaîne en caractères gras dans le Travail ¹¹²³."’ Nicole n'est pas en reste puisqu'en retour, il accuse "Sieur Leyvraz" d'être, entre autres, un renégat et un diviseur de la classe ouvrière ...