Au milieu des tourments et des tensions politiques et sociales, Mgr Henri Petit a considéré le rassemblement des catholiques genevois autour de leur évêque comme un moment bienfaisant de sécurité et de certitude. Avec, peut-être, la volonté de remettre les chrétiens-sociaux de la tendance Berra (qu'il n'apprécie guère) sur la voie du respect et de l'obéissance à l'autorité, il a déclaré lors de l'Assemblée générale de l'Oeuvre du clergé : ‘"Aujourd'hui, Monseigneur, où tout est discuté, où les vérités les plus certaines sont mises en doute, où beaucoup appellent bien ce qui est mal et mal ce qui est bien, aujourd'hui, où l'on entend de sinistres craquements dans l'édifice vermoulu d'une civilisation que mille forces, occultes ou déclarées, ont contribué à faire redevenir païenne; aujourd'hui où l'on sent monter les forces de haine et d'anéantissement, ah ! qu'il est bon de se grouper autour de l'évêque, représentant du Pape, vicaire de Jésus-Christ, puisque de par la volonté même de Dieu, le Pape et les Evêques détiennent les paroles de la Vie éternelle. "Celui qui vous écoute m'écoute, celui qui vous méprise me méprise"1386."’ En utilisant le verbe mépriser, Mgr Petit n'a-t-il pas dénaturé la traduction biblique exacte1387 pour blâmer l'attitude des chrétiens-sociaux, parfois ressentie comme méprisante par l'évêque ?
Le vicaire général a ensuite déclaré, pour rassurer Mgr Besson : ‘"Prêtres et laïques, Monseigneur, nous vous redisons avec joie notre respectueux attachement et notre affectueuse soumission. (...) non seulement, parce que laïques, (sic) notre apostolat quel qu'il soit, ne peut être béni et fécond que s'il est exercé en plein accord avec la hiérarchie; non seulement donc parce que c'est pour nous nécessité et sécurité; mais aussi parce que c'est le besoin profond de nos coeurs1388."’
Rapport de Mgr Henri PETIT lors de l'Assemblée générale de l'Oeuvre du clergé, "58me compte-rendu de l'oeuvre pour l'entretien du culte catholique romain dans le canton de Genève, année 1932". Genève : Imprimerie du Courrier de Genève, 1933, p. 2.
La Traduction oecuménique de la Bible, op. cit., dit : "Qui vous écoute m'écoute, et qui vous repousse me repousse (...)". (Lc 10,16). La Bible de Jérusalem donne comme traduction "Qui vous écoute m'écoute, qui vous rejette me rejette (...)". Traduire le verbe (laisser de côté, rejeter, ne pas reconnaître, repousser) par "mépriser" () n'est-ce pas un peu exagéré ?
Rapport de Mgr Henri PETIT lors de l'Assemblée générale de l'Oeuvre du clergé, "58me compte-rendu de l'oeuvre pour l'entretien du culte catholique romain dans le canton de Genève, année 1932", op. cit., p. 2.