Pendant ce temps, le Comité d'administration du Courrier de Genève approuve deux propositions de Bersier : transformer, dès l'été 1935, ce journal en un Courrier romand, afin d'augmenter ses abonnements; et engager à titre provisoire, comme "apprenti journaliste", le jeune Emile Déléaval dont les articles virulents créeront bientôt des difficultés avec l'évêque1529. En outre, lors de sa réunion du 18 septembre 1935, le Comité du Courrier de Genève entérinera les dispositions suivantes : L'ancien rédacteur en chef du Courrier de Genève sera remplacé, faute de laïque compétent, par l'abbé Marcel Chamonin qui cumulera cette fonction avec celle de directeur. Tout en ouvrant ses colonnes au Parti, le journal catholique ne fera plus d'articles ou de propagande politiques; il pourra faire campagne pour la liste du Parti, en réservant toutefois, à la Direction du journal, un droit de contrôle. Mgr Besson estimant que la Liberté syndicale se mue en journal du Parti, il déclare dans une lettre à Carlier que le ‘"Courrier sera conduit par les circonstances mêmes à devenir de plus en plus un organe de doctrine et de formation"’. L'évêque semble espérer qu'en établissant cette distinction, ‘"un acheminement vers une réconciliation dans l'avenir [aura lieu] quand l'apaisement se sera fait1530"’. Quelques semaines plus tard, un projet de réorganisation du Courrier préconise (outre l'ouverture à la dimension internationale déjà évoquée) une grande prudence, une stricte objectivité et, surtout, de ‘"pratiquer envers tous et chacun la belle devise In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas1531".’
Dès lors, le Courrier prendra une nouvelle orientation qui, nous le verrons, observera bien mal les consignes de prudence, d'objectivité, de charité et d'apolitisme indiquées. Malgré les affirmations de Bersier, le départ de Leyvraz a eu rapidement une incidence sur le journal puisqu'au 15 septembre, il enregistrait trois cent douze désabonnements1532, particulièrement dans la région de Bardonnex, peut-être toujours marquée par son esprit de résistance né du Kulturkampf ?
Suite à une plainte de Besson au sujet d'un article que Déléaval avait écrit contre le Travail, ce jeune journaliste lui explique que c'est Bersier qui lui aurait "vivement recommandé d'écrire une réponse au Travail pour le numéro de propagande [du Courrier] qui devait paraître le lendemain". (Lettre d'Emile DÉLÉAVAL à Mgr Marius Besson, 7 février 1936). Dans sa réponse, l'évêque prie Déléaval de ne pas utiliser de termes vulgaires et de garder "une certaine noblesse de ton", même dans la polémique. (Lettre de Mgr Marius BESSON à Emile Déléaval, 11 février 1936. Archives de l'Evêché, Fribourg, cote D 40).
Lettre de Mgr Marius BESSON à l'abbé Carlier, 7 septembre 1935. Archives de l'Evêché, Fribourg, cote D 40.
C'est vraisemblablement soit la Commission Presse de l'Association Cardinal Mermillod, soit Mgr Petit qui a établi ce document daté du 20 octobre 1935 et intitulé "Quelques suggestions pratiques pour rendre lisible le Courrier pour des lecteurs catholiques ... (... et autres, si c'était possible; convaincre vaudrait mieux que chercher à vaincre)." Archives du Vicariat général, Genève, cote Courrier III Bn.
Contre 117 désabonnements l'année précédente. Pour mettre fin aux "bruits malveillants" qui courent, faisant état de désabonnements au Courrier, le Comité du journal décidera, le 4 octobre, d'y publier les résultats administratifs en soulignant à quelle activité ils sont dus.