3. LE MAÎTRE À PENSER DES JEUNES MILITANTS DU PARTI

En avril 1939, le Bureau directeur du Parti approuve la création d'un Cercle de jeunes militants. Ce cercle d'études, placé sous la direction de Leyvraz veut, par des cours et des conférences, préparer des chefs afin qu'ils acquièrent une formation politique suffisante pour orienter les jeunes. En mai, alarmés par les résultats de l'élection municipale en Ville de Genève¹⁶⁵⁴, ces jeunes présentent au Comité directeur du Parti les revendications suivantes, montrant par là qu'ils sont bien décidés à ne pas se laisser mener : Obtenir une place plus grande au sein du Parti, en étant associés aux travaux de préparation des prochaines élections; recevoir ‘"régulièrement, par l'entremise du Cercle des Jeunes Militants dirigé par M. Leyvraz, la formation indispensable à toute action politique"’. Se refaire une place dans la presse quotidienne; à cette fin, ils ‘"demandent que des démarches pressantes soient faites auprès de la direction du Courrier de Genève et des autorités dont il dépend afin d'arriver le plus vite possible à un accord sur les bases suivantes : [que le quotidien se consacre] à la formation de ses lecteurs par des articles de doctrines sur le plan religieux, social et politique"’ et qu'il accorde des emplacements convenables à la propagande du Parti. En suggérant ensuite que le journal s'interdise ‘"de faire une politique personnelle et (...) une publicité quelconque pour d'autres groupements politiques¹⁶⁵⁵"’, les jeunes militants ouvrent en somme la porte à une nouvelle alliance privilégiée entre le Courrier de Genève, journal d'Action catholique, et le Parti ! Parmi les signataires de ces revendications, deux noms sont à retenir : ceux d'Edmond Ganter (*) et d'Albert Trechsel (*)¹⁶⁵⁶.

Leyvraz va devenir rapidement le Maître à penser de cette petite équipe; le 22 juin 1939, celle-ci lui adresse un mot de profonde gratitude, suite à son exposé sur la responsabilité politique des jeunes; les signataires l'assurent de leur ‘"affectueux attachement [et] de [leur] admiration pour son oeuvre magnifique¹⁶⁵⁷"’. Vraisemblablement sous l'impulsion du journaliste, le Cercle des Jeunes Militants du Parti tente de répandre ses idées. En juin 1939, il édite un bulletin ronéotypé intitulé "Jeunesse". Leyvraz fait l'édito de cette première publication qu'il dédie aux ‘"jeunes chrétiens, jeunes patriotes, qui cherchez la VÉRITÉ en politique, LA VÉRITÉ sans restriction, sans précautions, sans compromis !"’ Il les appelle à servir Dieu, l'Eglise, le Pays, à voir la pauvreté de leur Bulletin comme un point positif car "Pauvreté, c'est PURETÉ. Pauvreté, c'est LIBERTÉ." Et être libres permet de servir. ‘"La seule chose qui compte, c'est le don de soi dans l'effort constructif¹⁶⁵⁸.’" Derrière ces lignes, on peut imaginer toute la joie d'un Leyvraz qui a pu relancer un travail de formation et de conscientisation auprès de jeunes disposés à écouter la voix de l'Eglise.