VII. VEILLÉE D'ARMES EN EUROPE

Les diverses guerres qui auront l'Europe comme actrice obligeront la Suisse (et aussi Leyvraz) à cadrer la neutralité helvétique.

1. LE CONFLIT ITALO-ABYSSIN

Au nom de la paix, dans le conflit italo-abyssin, la presse rouge genevoise pousse la Confédération à adopter des sanctions contre l'Italie. Leyvraz dénonce alors l'hypocrisie de cette ‘"farce pacifiste qui se joue à Genève1661 sous l'oeil bienveillant de Moscou1662"’ . Dans son refus de punir l'Italie, Leyvraz fait intervenir un élément qui lui semble important, la défense de la latinité : ‘"Nous sommes entièrement solidaires de nos frères latins contre l'hypocrisie anglo-saxonne, contre la maffia judéo-maçonnique et bolchéviste qui tente de dresser le monde entier contre l'Italie1663."’ Il estime que, dans cette affaire, la Suisse doit rester strictement neutre, c'est-à-dire ni préconiser des sanctions, ni non plus se placer du côté du fascisme, ce qui équivaudrait à venir en aide à l'Italie. Le journaliste met toutefois un bémol à cette dernière considération : ‘"Mais il va bien de soi qu'il ne saurait être question non plus (...) de contribuer à isoler, à affamer le peuple italien, sous prétexte de décapiter le fascisme1664." ’

Notes
1661.

La SdN, à une très forte majorité (50 Etats sur 54, dont la Suisse), avait déclaré l'Italie coupable. Face aux sanctions préconisées (interdiction du commerce et du transit de matériel de guerre, blocage du mouvement des capitaux, embargo sur les matières premières et les produits commerciaux), le gouvernement suisse, par l'entremise de son Conseiller fédéral Motta (conservateur tessinois), cherche un compromis, au nom d'une mise en danger de la neutralité helvétique. Finalement, des sanctions très réduites seront adoptées par la Suisse; elles auront quand même des répercussions sur le pays (chute de 10 % du commerce extérieur et augmentation du chômage).

1662.

"La latinité trahie. Bas les masques, tartufes du pacifisme !". Liberté syndicale, 13 sept. 1935.

1663.

Ibid.

1664.

"La Suisse en face du conflit". Liberté syndicale, 11 octobre 1935.