3. PLAIDOYER POUR LA PAIX

Face à une Europe qui ploie sous le poids des totalitarismes de gauche et de droite, Leyvraz a accusé dès 1936 ceux qui, sous couvert de paix, passent des alliances pour en retirer des bénéfices économiques ou révolutionnaires. Il dénonce l'accord militaire entre les Soviets et la Tchécoslovaquie, faisant de cette dernière une place d'armes qui permettra à l'aviation soviétique d'envahir l'Europe "bourgeoise"; il s'élève en même temps contre les affairistes - ‘"prodigieux imbéciles ou (...) insatiables requins¹⁶⁷⁰"’ qui trahissent ouvertement l'Europe. Et c'est ‘"sous le manteau de la Paix, sous la bannière de la SdN, que la horde s'approche. (...) Les forces de trahison révolutionnaires et ploutocratiques sont sur le sentier de la guerre. (...) Dans l'Europe entière, les chrétiens et les patriotes doivent se lever pour conjurer l'affreuse menace qui pèse sur notre civilisation. A bas les sanctions ! A bas la guerre "pacifiste" ! A bas le marxisme empoisonneur ! A bas la trahison ploutocratique¹⁶⁷¹"’ !

Comme tout un chacun, Leyvraz s'interroge devant les déclarations de pacification et les tentatives de guerre. L'utilisation des "si" donne à ses articles un ton d'avertissement à ceux qu'il nomme les "tartufes de la paix" : ‘"S'il fallait écraser toutes les dictatures pour avoir la paix, ce n'est pas seulement Hitler et Mussolini, c'est Staline aussi qu'il faudrait abattre. Ce serait la vraie "croisade des démocraties". Allez demander à John Bull et à l'Oncle Sam ce qu'ils en pensent ! La vérité, chacun le sent, c'est qu'on ne peut pas faire dépendre la paix internationale du triomphe universel d'une idéologie politique quelconque¹⁶⁷²"’ . Autre coup de semonce : ‘"Si les dictatures venaient à rouvrir en Europe l'ère des guerres impérialistes, tout le bénéfice du redressement national qu'elles ont opéré dans leur propre pays s'engloutirait dans une épouvantable aventure, dont le seul bolchévisme tirerait profit¹⁶⁷³."’