Alors que Leyvraz et Besson avaient renoué des liens depuis deux mois, l'évêque écrit au vicaire général : ‘"Vous savez que c'est mon grand désir personnel que Monsieur Leyvraz écrive de nouveau dans le Courrier, même simplement au titre de collaborateur libre et externe, au moins pour le moment. Je vous avoue que je n'ai pas osé exprimer ce désir d'une manière explicite, ces derniers temps, à cause de l'opposition systématique de Monsieur Bersier, avec lequel je ne voudrais pas entrer en conflit, ni même être simplement en froid. Mais le retour de Monsieur Leyvraz au Courrier, serait sûrement un grand bien pour le journal, et ce serait un moyen d'encourager Monsieur Leyvraz qui a eu certainement des torts, mais qui mérite les circonstances atténuantes et qui, du reste, a pris une attitude magnifique."’ Les lignes qui suivent montrent l'extrême délicatesse ainsi que la volonté du prélat de soutenir financièrement Leyvraz, et de le faire revenir sans allumer d'incendie : ‘"Aussi, quoique pauvre comme un rat d'église (sic !), mais confiant en la Providence, je vous promets volontiers pour les tout premiers jours de 1940, au moins 500 francs dont vous pourrez disposer pour honoraires à donner à Monsieur Leyvraz à condition que personne, sinon vous, et peut-être Monsieur Leyvraz lui-même, ne sachent (sic) d'où vient cet argent. Vous diriez à la direction du Courrier que c'est un don de quelqu'un qui veut garder l'anonymat1715"’ . Dans une seconde lettre à Mgr Petit, Besson spécifie qu'il pourrait même peut-être doubler la somme; ‘"mais il serait entendu que nous ne pourrions pas prendre d'engagement définitif à perpétuité"’. Et pour convaincre peut-être le vicaire général et le Comité du journal, l'évêque conclut : ‘"Au fond, le geste que je fais a pour objet d'aider le Courrier à se payer un collaborateur de plus1716."’ Et c'est ainsi que, pendant l'année 1940, l'ancien rédacteur en chef, qui a accepté de renouer des liens avec son ancien journal, fournira un article hebdomadaire au Courrier de Genève non pas sous son nom, mais sous le pseudonyme de Civis.
Lettre de Mgr Marius BESSON à Mgr Henri Petit, 14 décembre 1939. Archives de l'Evêché, Fribourg, D 65.
Lettre de Mgr Marius BESSON à Mgr Henri Petit, 22 décembre 1939. Archives de l'Evêché, Fribourg, cote D 65.