Le 13 décembre, le Comité de direction du Courrier de Genève est convoqué, en présence du nouvel évêque. Le ton de Mgr Charrière est particulièrement ferme, et le débat (qui dure trois heures) est dense. Le Président demande à l'évêque de déclarer si le comité dispose de sa confiance et s'il approuve les critiques lancées par la Voix Ouvrière. Le prélat répond : ‘"Je connais les attaques de la Voix Ouvrière, il m'est impossible d'intervenir pour répondre à toutes les attaques de la presse adverse, un démenti lui a été infligé en ce sens que Monseigneur Petit qui, suivant la Voix Ouvrière, n'avait plus la confiance de l'Evêque a été immédiatement confirmé dans ses fonctions2032."’ Puis Charrière signale ne pouvoir admettre l'article de Déléaval sur Hitler, qui critique, "dans ses phrases finales, les chrétiens qui font de l'épuration". Refusant de se prononcer sur certains collaborateurs du journal, l'évêque signale cependant qu'il entend ne conserver ni Bersier, ni Déléaval (tout en entendant respecter leurs droits et ne pas manquer à la justice), à cause de leurs liens avec le journal la Jeune Suisse. Puis il déclare : ‘"Si le Conseil [d'administration] n'admet pas ma décision et maintient à leur poste Messieurs Bersier et Déléaval, je ferai une déclaration publique précisant que le Journal n'est plus l'organe de l'Evêque."’ Les membres du Conseil refusent de décider du renvoi de ces deux collaborateurs et remettent, à l'évêque, une lettre de démission collective.
Procès-verbal du Comité de direction du Courrier de Genève du 13 décembre 1945. Archives de l'Evêché, Fribourg, cote Courrier 1945-56.