II. LES LEçONS DU PASSÉ

A la fin de la guerre, face aux règlements de comptes qui succèdent à toutes les atrocités et aux crimes commis, Leyvraz s'interrogeait : Faut-il oublier ? La solution qu'il préconise est de faire prévaloir le sens chrétien; dès lors, il faut rejeter l' ‘"épu-ration terroriste [qui] est une sinistre caricature de la justice divine. C'est le choix de l'ivraie avant la moisson, c'est le blé piétiné ... Là se dressent les bornes de notre justice et se montre l'enchevêtrement de nos responsabilités"’. Mais que faire contre "le lâche oubli" qui va immanquablement s'installer ? ‘"Comment garder en mémoire des crimes sans que les âmes en soient empoisonnées ? Comment; sinon en transférant à Dieu, par le Christ crucifié, ces angoisses qui passent la mesure humaine2066 ?"’ Puis, citant Stanislas Fumet :

‘"Des jours viendront où les athées eux-mêmes supplieront le Christ de revenir, où les savants affolés le sommeront de ressusciter, parce que le précaire bonheur qui est indispensable à l'entretien de la vie du monde n'aura plus aux lèvres qu'un souffle2067."’
Notes
2066.

"Oublier ?". La Liberté, 15 mars 1945.

2067.

Stanislas FUMET. Défense de Dieu. Cité par Leyvraz dans son article "Oublier ?", ibid.