a) Les conseils de prudence donnés par l'évêque

Très vite, alors qu'il se trouve en France, Mgr Charrière écrit à Leyvraz pour lui demander d'être prudent dans cette affaire; celui-ci lui répond : ‘"Cher Monseigneur, Vos lignes m'ont touché profondément et je ne sais comment vous en remercier. Chaque matin, dans notre petite chapelle du Courrier, je demande à Dieu aide et lumière pour cette campagne, et souvent mes prières ne vont pas sans larmes. Votre exhortation à la prudence pour l'avenir est loin d'être superflue. Je puis me laisser entraîner, et je ne puis pas tout connaître de l'énorme dossier. Je me tiendrai le plus strictement que je pourrai à la seule position sûre : réclamer la lumière. La presse dite "bourgeoise" (...) a constamment soutenu : 1) qu'il n'y avait pas de testament Paderewski; 2) qu'il ne s'était rien passé d'anormal à Riond-Bosson. Or le testament a été découvert et j'ai les preuves - non pas seulement celles de Mme Giron - qu'une affreuse tragédie s'est déroulée autour de Paderewski. J'en reste là et je ménagerai les personnes, leur bonne foi et leurs bonnes intentions, jusqu'à l'extrême limite du possible²¹⁴¹."’ Quelques jours plus tard, le rédacteur en chef récrit à son évêque : ‘"Comme vous l'aurez vu par l'article de ce matin, je suis vos conseils et la campagne va normalement son cours. Je reçois un grand nombre de lettres qui prouvent que ces articles ont un profond retentissement dans les milieux les plus divers; je ne parle pas seulement de l'affaire en elle-même, mais des leçons plus hautes que j'en ai tirées²¹⁴²."’ Dans cette missive, Leyvraz montre qu'il a entendu les appels de Charrière à la prudence, mais il dit aussi qu'il est bien décidé à faire toute la lumière sur cette histoire et, par conséquent, à ne pas se taire.