CHAPITRE III
LE RÉDACTEUR EN CHEF RÉCALCITRANT
OU LE REFUS DU SILENCE IMPOSÉ
(1954-1967)

I. L'ÉVOLUTION DU PARTI INDÉPENDANT CHRÉTIEN-SOCIAL

1. LA RUPTURE AVEC LES SYNDICATS CHRÉTIENS-SOCIAUX

Depuis la fin de la guerre, le Parti indépendant chrétien-social a connu de profondes transformations : D'une part, une nette séparation est intervenue, en 1945, entre le Parti et les syndicats chrétiens, lorsque Joseph Miazza (*), secrétaire de la Fédération chrétienne du bois et du bâtiment, a été contraint par ses collègues syndicalistes d'abandonner son mandat de député du Parti au Grand Conseil, au nom d'une certaine "pureté syndicale" visant à éviter toute ingérence politique dans le syndicat. Il faut dire que, souvent, les syndicalistes soutenaient les revendications ouvrières défendues par les communistes, et se trouvaient dès lors fréquemment en opposition avec la ligne du Parti. Depuis cette mise au point, les choses sont devenues claires : les liens jadis tissés par Berra et Leyvraz entre les deux organisations sont rompus; il y a désormais incompatibilité entre un mandat de responsable syndical et d'homme politique. La froideur s'est installée entre le Parti et les syndicats chrétiens-sociaux; ces derniers, après le départ du "Lion", ont remis l'accent sur une formation chrétienne; ils sont toujours ardemment défendus par Leyvraz qui, dès lors, doit être tiraillé entre le mouvement politique et le mouvement syndical.