Introduction : La presse multimédia.

Le titre de cette recherche exprime le caractère dual de son objet. Le mode de constitution d’un nouveau thème journalistique, le multimédia, dans la presse écrite, est étudié au moment où celle-ci se diversifie justement sur des supports multimédias 1 .

Il en illustre en même temps la posture scientifique. L’analyse vise une appréhension conjointe des deux facettes, contenu et contenant, de ce nouveau genre médiatique.

Une première présentation plus détaillée de ces éléments aidera à mieux cerner ce qui nous a conduit à opter pour ce sujet et l’attitude qui nous a animé tout au long de ce travail.

Elle aidera plus largement à expliquer pourquoi la presse multimédia, secteur en pleine effervescence, nous est apparu à la fois comme indicateur des changements en cours et terrain d’investigation original.

Les raisons d’un choix.

Le choix de cet objet de recherche, et plus largement l’origine de ce travail de thèse, résulte du croisement entre des questionnements théoriques personnels en suspens, sur la spécialisation de l’information et notamment le renouvellement continuel des genres dans la presse magazine, et un facteur beaucoup plus conjoncturel, l’apparition de publications dédiées au multimédia dans les kiosques à journaux mais aussi sur CD-Rom et Internet.

Notre intérêt de départ concernait les spécificités de la presse spécialisée, et plus précisément les conditions d’émergence d’un nouveau secteur médiatique en rapport avec la constitution du nouveau domaine auquel il est consacré. Une préoccupation à rapprocher de la récente tendance à la spécialisation de l’information : repérable dans les sociétés occidentales contemporaines, marquées par une abondance croissante des données, elle s’incrit dans un mouvement plus général de division des activités sociales 2 .

A cet égard, la situation des publications spécialisées à l'intérieur de la presse écrite est symptomatique : sa vitalité, mesurable entre autres par les résultats de diffusion ou les volumes de recettes publicitaires, ne cesse de se confirmer. La presse magazine participe ainsi fortement à la remise en cause actuelle du modèle journalistique classique - “ le journalisme d’information politique et générale, employant des méthodes de collecte des faits, de traitement de ceux-ci, puis de mise en forme de l’information, se référant à des règles déontologiques faisant largement consensus, parce qu’elles lui sont appropriées, n’est désormais plus tout à fait le modèle dominant ” 3 - et conduit à s’interroger sur sa nouvelle nature

La vitalité de la presse spécialisée contraste avec la relative rareté des travaux scientifiques traitant du sujet 4 . Le dynamisme du secteur semble paradoxalement constituer un obstacle à son observation : la difficulté pour établir des typologies durables, née du foisonnement continu des titres, apparaît comme l'explication principale de cette carence. L'apparition et la disparition des publications, le renouvellement fréquent des formules et des contenus, manifestations d'une grande souplesse d'adaptation aux changements sociaux, révèlent pourtant la spécificité même de ce discours de presse : sa capacité à appréhender la nouveauté.

La presse spécialisée se distingue par sa rapidité de réaction, tant face à des phénomènes naissants que face à des éléments susceptibles d'engendrer des mutations dans des espaces déjà délimités. Simultanément, elle donne en retour une visibilité sociale à ces aspects, se posant souvent en premier relais pour en offrir une représentation. L'analyse de ce processus renseignera sur la manière dont se fixent successivement les contours d'un domaine et conjointement la possibilité d'une presse spécialisée. C'est donc un rapport très étroit qui unit la presse spécialisée et le domaine auquel elle est consacrée : elle le décrit en même temps qu'elle contribue à le constituer.

Cette interrelation entre la presse spécialisée et le domaine qu'elle couvre nous paraissait tout à fait intéressante à étudier plus en détail, surtout dans un espace scientifique peu balisé. La période récente où s’annonçait une nouvelle diversification pour la presse sur des nouveaux supports électroniques, le CD-Rom et l’Internet après notamment le Minitel, et ainsi de possibles ré-agencements de ce mode de constitution si particulier d’une spécialité médiatique suscitait en outre un nouveau regain d’intérêt pour une telle recherche. En sortant du domaine universitaire où il était confiné jusqu’au début des années 1990, l’Internet voit son cadre socio-technique déstabilisé, redevenant objet-valise après avoir été objet-frontière, en même temps qu’il s’ouvre à de nouveaux acteurs et secteurs 5 . Parmi ceux-ci, la presse a été l’objet d’une attention toute particulière en raison non seulement de sa visibilité sociale mais aussi de sa première expérience de diversification télématique. Des discours prospectivistes des plus contradictoires ont depuis été tenus sur ses possibles mutations dues à son extension sur l’Internet. Leur confrontation aux réalisations observées depuis environ cinq ans renforce à nouveau l’idée de la nécessité d’une analyse raisonnée de l’interaction entre la presse et l’Internet.

Celle-ci implique une prise en compte double, à la fois des cadres de fonctionnement et d’usage de l’Internet et des logiques propres à la presse, seule à même de laisser émerger les spécificités de la nouvelle configuration. Notre objectif initial, qui consistait en l’examen de l’actualité de la spécialisation de l’information sous l’angle des rapports qui unissent l’information et le domaine auquel elle est consacrée, prenait encore plus de sens avec l’évolution récente. Ces rapports peuvent en effet être affectés par une éventuelle migration de la presse spécialisée vers les supports électroniques.

L’étude de la situation actuelle de la spécialisation de l’information nous a semblé trouver un terrain tout à fait propice avec la multiplication de publications traitant du multimédia.

Le thème du multimédia est en effet une catégorie médiatique en pleine transformation : depuis la fin de l’année 1994 se met progressivement en place une presse dédiée au multimédia, que ce soit par la naissance de nouvelles publications ou la restructuration de plus anciennes, parallèlement à la réactivation des projets de convergence entre informatique, télécommunications et médias (notamment l'audiovisuel) 6 . L'implication de la presse dans le multimédia fait de la représentation qui lui est consacrée un lieu d’interrelations encore plus intense, constituant d'ailleurs une spécificité dans la description du domaine dont il faut tenir compte.

La presse consacrée au multimédia se caractérise également par son inscription significative sur support multimédia, connaissant dans de très nombreux cas des extensions sur CD-Roms et sur des sites Web. Ceci est facilité par les prédispositions des différents acteurs impliqués (lecteurs-Internautes, organes de presse et rédacteurs spécialistes, entreprises high-tech) au niveau de la familiarité avec les techniques informatiques ou du fort taux d’équipement en matériel et de connexion au réseau. De telles particularités font de la presse multimédia une partie a priori peu représentative de l'ensemble de la presse spécialisée actuelle mais en revanche le seul terrain d'observation de la possible généralisation de son extension aux supports électroniques.

A la fois domaine naissant et secteur médiatique en formation, le multimédia est ainsi apparu comme un objet de recherche d’autant plus approprié que sa presse spécialisée était susceptible de connaître un élargissement aux médias électroniques. La mise en place progressive d'une information journalistique dédiée au multimédia laissait ainsi augurer une mise en perspective tout à fait intéressante avec la maturation des dispositifs technologiques et des projets sociaux qui lui sont associés. Si bien qu’au total, la question de départ que nous nous sommes posée était la suivante : quels processus spécifiques à la presse spécialisée, désormais diversifiée sur de nouveaux supports technologiques, permettent d’expliquer le type de représentation offerte lors de l’apparition d’un nouveau secteur d’information comme c’est le cas pour la presse multimédia ?

La nécessaire pensée complexe.

Un tel sujet d’étude, faisant coïncider médiation journalistique et changement technologique, engendre nécessairement une prise en compte simultanée des nombreuses dimensions en jeu. Les difficultés d’approche sont multipliées et l’intérêt théorique en est parallèlement augmenté. Ce qui au final rend indispensable, pour appréhender la complexité du phénomène à observer, l’adoption d’une posture méthodologique adéquate. Elle est tirée d’une réflexion épistémologique sur laquelle nous revenons ici.

La discipline même dans laquelle s’inscrit cette recherche invite déjà à la complexité. Dans son propre intitulé, “ Sciences de l’information et de la communication ”, elle signifie que communiquer n’existe pas sans informer, et vice versa, et que les objets qu’elle se donne ne se réduisent jamais complètement à une description unique 7 . Aussi l’objectif demeure-t-il de s’approcher le plus possible d’une vue plurielle et, pour cela, de repérer toutes les dimensions et d’essayer de les penser ensemble. En ce qui concerne directement notre objet, aux deux défis principaux lancés - aborder la question de la représentation d’un domaine par les médias et repérer les spécificités des nouveaux supports électroniques - s’ajoute ou plutôt se superpose un autre qui est précisément de repérer les relations qui les unissent.

Pour parvenir à mettre en exergue que ces éléments ne doivent pas être considérés séparément mais au contraire comme dépendants, nous utiliserons une métaphore issue de l’analyse de la première dimension évoquée. Elle résume l’attitude scientifique qui a été la nôtre pour appréhender notre objet de recherche. La dimension de la représentation médiatique appartient à ce grand ensemble conceptuel qu’est le rapport au réel. A cet égard, l’image des deux pages de la feuille de papier employée par Hjelmslev pour rendre compte des catégories saussuriennes classiques paraît tout à fait juste. A la manière du signifié et du signifiant, le recto et le verso d’une page sont deux entités distinctes mais ne peuvent exister séparément, et ce quel que soit l’état de la feuille : découpée, froissée, etc. Ainsi, il convient d’aborder dans des termes analogues l’image du multimédia telle qu’elle apparaît dans la presse et le domaine représenté, comme étroitement liés. Notons que l’accent est ainsi mis sur une autre problématique, celle des “ réalités ” du multimédia, où le chercheur doit se situer dans une position médiane, entre objectivisme et subjectivisme, afin de ne pas opposer la seule réalité scientifique à la réalité journalistique 8 .

La dialectique entre technique et social doit être abordée selon un angle similaire pour les nouvelles technologies de communication comme l’Internet et le CD-Rom, qui nous intéressent tout particulièrement ici. On doit garder à l’esprit que la relation entre le technique et le social 9 est à double sens : une technologie de communication n’a une influence sur l’espace où elle est adoptée que si elle s’y est adaptée. En ce qui concerne notre objet, cela signifie que la nouvelle configuration technologique de la presse ne modifiera cette dernière qu’en s’inscrivant dans son évolution actuelle. Ajoutons enfin que les relations entre les différentes technologies de communication qui se succèdent ne tiennent pas de la substitution mais du métissage. En l’occurrence, il est difficile de penser à un remplacement de la presse papier par la presse électronique et préférable d’envisager les agencements entre les deux.

Le même état d’esprit nous conduit à considérer que ces deux dimensions - le contenu, la représentation de la presse multimédia, et le contenant, l’évolution vers des supports multimédias - doivent être pensées conjointement comme le laisse sous-entendre le titre de cette thèse. Les rapports entre la presse multimédia et le domaine auquel elle est consacrée avec ses possibilités d’extension sur CD-Rom et l’Internet ne peuvent être convenablement saisis qu’en les analysant comme une rencontre entre leurs dynamiques propres. Plutôt que des scénarios radicaux fondés sur les seules caractéristiques d’une des composantes en laissant de côté celles de l’autre ou des postures prudentes marquées par une certaine dénégation des éventuelles modifications, seule une attitude de prise en compte globale de l’ensemble des logiques à l’oeuvre permet d’entrevoir quelle seront les spécificités de la nouvelle médiation journalistique.

Cette hybridation est progressive, c’est-à-dire qu’elle se déroule sur une longue période au cours de laquelle surviennent de nombreux aménagements qui au fur et à mesure contribuent à sa stabilisation finale. Rapporté à cette échelle, le moment observé ici est ainsi relativement court mais est d’une importance disproportionnellement beaucoup plus grande en raison de la place qu’il occupe. Le début d’un mouvement d’innovation est en effet toujours riche d’enseignements : non seulement parce que se déploie à cette époque une effervescence de représentations de la technique, “ ressource disponible pour les acteurs, au même titre que les phénomènes physiques connus, ou les pratiques sociales existantes ” 10 et qui “ n'est ni une production rhétorique pure qui n'embraye jamais sur la réalité, ni une prévision ” 11 , mais aussi et surtout parce que c’est la période où ressortent au travers des diverses tentatives de lancement de publications, de leurs succès comme de leurs échecs, les agencements les plus adéquats pour la configuration socio-technique dans laquelle ils apparaissent.

Etant donnée l’inscription de la période étudiée dans le temps long de la diversification de la presse écrite avec l’Internet, il ne s’agit pas de pronostiquer à quoi elle ressemblera demain mais plutôt de voir comment se mettent en place les schèmes interprétatifs et les cadres structurants qui en sont à l’origine. Il convient donc d’affirmer que l’ambition de cette thèse n’est pas une prédiction unilatérale sur l’évolution de la presse spécialisée. Elle vise, à partir d’un objet volontairement délimité et en tenant compte de ses spécificités, à décrire, comprendre et expliquer de manière approfondie les différents éléments et relations intervenant dans la constitution d’une spécialité médiatique dans la presse écrite, à l’heure de sa diversification sur de nouveaux supports électroniques.

Un objet à construire

C’est donc sur ces bases méthodologiques et épistémologiques que s’est engagée notre approche conceptuelle de la presse multimédia. C’est en sachant plus précisément que la presse écrite spécialisée se caractérise par une forte indépendance entre les acteurs de la médiatisation et par une logique de marchandisation grandissante, mais aussi que la restructuration d’un secteur de la presse écrite est affectée de manière inégale par le passage sur un autre support en fonction des différentes dimensions de l’activité médiatique, que la représentation du multimédia offerte dans la presse qui lui est consacrée a désormais été envisagée.

La première section de cette introduction s’efforce en effet de présenter les bases théoriques concernant l’actualité de la spécialisation de l'information qui ont présidé à notre recherche. Elle laisse apparaître quatre grandes familles analytiques : les acteurs, médiatiques et du domaine concerné; les deux logiques, interdépendance et marchandisation; mais également la complémentarité entre les éditions imprimées et les éditions électroniques dans la diversification; et enfin l’inégale répartition entre les différentes dimensions de l’activité médiatique sur chacun des supports.

La représentation journalistique d'une division du réel en différentes catégories, résulte d'un processus de médiatisation dont l’analyse de l’évolution est primordiale pour notre étude. La répartition en rubriques et cahiers thématiques des quotidiens ou en genres des magazines n'est effectivement pas une retranscription neutre de la diversification des activités sociales. Elle découle de l’activité médiatique à la fois interne (rapports au sein de l'organe d'information, stratégies des groupes de presse...) et externe (interaction acteurs médiatiques/acteurs du domaine, en particulier journalistes/attachés de presse).

Celle-ci est plus globalement régie par une logique économique (succédant à la logique politique, dominante auparavant et subsistant aujourd'hui dans la presse d'information générale), le découpage éditorial tendant de plus en plus à refléter la puissance financière des acteurs du domaine : pouvoir d'achat des lecteurs, investissements publicitaires des entreprises. Le mode de plus en plus marchand du développement de la spécialisation de l'information, matérialisé au sein de l’activité médiatique par le recours massif au marketing en interne et par l'importance grandissante des annonceurs en externe, transforme la nature de la représentation du domaine à tous les niveaux : l'information spécialisée de presse ne met plus en relation les acteurs du domaine entre eux mais des lecteurs-consommateurs et des sponsors-producteurs, la “ communauté imaginée ” dont elle renvoie l'image est de plus en plus le résultat d'un ciblage commercial, la délimitation du domaine qu'elle produit devient un enjeu stratégique pour des entreprises en quête de positionnement sur un nouveau secteur d’activité.

La spécialisation de l'information, désormais appréhendée comme résultant d’un rapport d’interdépendance de type économique, est peut-être en passe de connaître une exacerbation avec le développement des N.T.I.C. et plus particulièrement de l'Internet.

Son cadre socio-technique n’étant pas encore fixé, l'Internet recèle tout un éventail de potentialités tant au niveau de son cadre de fonctionnement (moindres frais de production et de distribution, adressabilité individualisée...) que de son cadre d'usage (internationalisation, interpersonnalisation de l’échange...) susceptibles d’accroître le rapprochement entre l’information spécialisée et le domaine auquel elle est consacrée. Cependant, de telles perspectives inspirées par les progrès dans la numérisation, ne doivent pas conduire à oublier les leçons de l’expérience de l’information télématique montrant un transfert marginal de la presse spécialisée sur le support Minitel.

Là encore, l’approche doit être nuancée car des travaux voisins nous enseignent que la presse dans ses différentes dimensions n’est pas affectée de manière égale, même si les possibilités de reproduction à l'identique sur le Web laissent envisager au moins une plus grande synergie entre l’édition imprimée et l’édition électronique sur l’Internet. L'observation de la presse multimédia devra déterminer dans quelle mesure l’opportunité d’augmentation de l’interdépendance offerte par cette nouvelle médiation technique est adoptée, et surtout si celle-ci repose sur une logique autre qu’économique ou au contraire contribue à l'amplifier.

A partir de cette vision approfondie de la situation actuelle de la spécialisation de l’information, nous avons procédé à la construction de notre objet de recherche, deuxième section de notre introduction. Nous avons d’abord évalué en quoi la presse multimédia avec ses spécificités pouvait se révéler un objet approprié d’étude; déterminé ensuite les questions qu’il convient de se poser pour voir si elle illustre une évolution de la presse spécialisée; et enfin établi la méthode d’analyse la plus pertinente pour y répondre.

La presse multimédia présente non seulement l’avantage pour notre recherche d’être récente et largement développée sur support multimédia mais également la particularité d’être à la pointe du mouvement actuel de spécialisation de l’information. Prendre celle-ci comme terrain d’étude de ce qui a été précédemment défini comme un rapport d’interdépendance de type marchand revient donc à examiner si d’une part les liens déjà très étroits unissant la presse multimédia aux acteurs du domaine sont amenés à se resserrer et si d’autre part la teneur marchande déjà très pesante dans ce secteur de l’information peut franchir un nouveau seuil. Ceci en tenant compte de sa diffusion sur un nouveau support tout en sachant que l’évolution d’ensemble de la presse spécialisée ne suivra sans doute pas cette unique voie.

Prenant en compte tous ces aspects, nous avons alors élaboré des hypothèses se distribuant en deux directions de recherche.

Tout d’abord, que la presse multimédia résulterait d’une interdépendance entre les acteurs participant au processus de médiatisation accrue globalement mais inégalement répartie entre l’édition imprimée et l’édition Internet. Elle serait essentiellement augmentée par l’exploitation des potentialités du support électronique et aurait pour contrepartie une version imprimée de nature plus généralisante.

Parallèlement, la presse multimédia reposerait sur une accentuation de la logique économique dans l’information, mais à plusieurs vitesses, suivant la nouvelle distribution des dimensions de la presse spécialisée. La participation grandissante des acteurs du domaine à l’information spécialisée, facilitée par l’édition Internet, aurait pour conséquence un éclatement de celle-ci en plusieurs activités et autant de degrés de marchandisation.

L’observation pratique de ces éléments s’est déroulée selon une méthode divisée en deux phases.

La première, celle du recueil empirique des données afin de répondre aux indicateurs des hypothèses, a recours tour à tour à l’analyse de discours, à l’étude des dispositifs et aux entretiens.

Les résultats ainsi obtenus, renseignant sur les tendances globales de l’information spécialisée, ont été affinés afin d’obtenir une vue plus détaillée de la presse multimédia. Chaque publication peut alors être référencée selon son degré d’interdépendance et de marchandisation, en fonction de sa répartition entre supports et entre dimensions de l’activité médiatique. Ceci permet d’établir une typologie de la presse multimédia et d’en détacher des périodes d’évolution.

Notes
1.

Pour une objectivation des multiples acceptions de “ multimédia ”, se reporter à la section suivante, relative à la construction de l’objet, et en particulier aux pp. 54-58.

2.

NEVEU Erik, 1994, Une société de communication ?, Paris : Montchrestien, coll. Clefs/Politique.

3.

CHARON Jean-Marie, 1997, Journalisme : l’éclatement, in Réseaux (Reader), Sociologie de la communication, Issy-Les-Moulineaux : CNET, p.728.

4.

L’importance et le dynamisme de ce secteur est pourtant encore souligné derniérement, par exemple dans CHARON Jean- Marie, 1996a, La presse quotidienne, Paris : La Découverte, coll. Repères.

5.

FLICHY Patrice, 1994, Multimédia, objet-valise ou objet-frontière ?, in Futuribles, pp. 5-10.

6.

à nouveau, voir pp. 54-58 pour plus de détails.

7.

A ce sujet, voir TETU Jean-François, 1994, Le regard de Janus, in La Lettre d’Inforcom, n°45, pp. 3-4.

8.

à cet égard, un modèle proche de la perfection se trouve sans doute dans CHARLE Christophe, 1990, Naissance des “ intellectuels ” - 1880-1900, Paris : Minuit, coll. Le sens commun.

9.

pour un petit rappel synthètique des différents apports en la matière, voir VEDEL Thierry, 1994, Sociologie des innovations technologiques et usagers : introduction à une socio-politique des usages, in VITALIS André (dir.), Médias et nouvelles technologies - Pour une socio-politique des usages, Rennes : Apogée, pp. 13-34.

10.

FLICHY Patrice, 1995, L'innovation technique - Récents développements en sciences sociales - Vers une nouvelle théorie de l'innovation, Paris : La Découverte, coll. Sciences et société, page 200.

11.

FLICHY Patrice, 1994, op. cit., page 7.