1.1.2. Des acteurs médiatiques de plus en plus proches des acteurs du domaine décrit.

Mais la nouveauté réside dans l'évolution actuelle de la médiatisation vers une “ information de communication ” : de plus en plus, les journalistes ne disposent, comme matière pour effectuer leur travail, que d'un discours extérieur préparé à cet effet.

Cette tendance contemporaine s’inscrit dans le mouvement de ‘“ relations publiques généralisées ”’ 24 . Elle voit interagir le discours orienté du service Communication ou Marketing des acteurs concernés et sa reprise négociée par les journalistes à qui il est destiné. Le journaliste d'aujourd'hui est un “ “ médiateur ” sédentarisé ” qui a de moins en moins recours aux “ indices recueillis in situ ” comme matière première du journal 25 . Il travaille davantage à partir de documents déjà médiatés comme les dépêches d'agence de presse mais aussi les communiqués et dossiers de presse. C’est précisément sur ce deuxième point que la donne est modifiée car ‘“ les grandes institutions (publiques, privées ou parapubliques) tendent de plus en plus à se constituer en agences qui envoient leurs informations aux médias, et par suite à revendiquer le statut de sources (pures et transparentes) ”’ 26 .

Le principe fondamental de l'information de presse n'est évidemment pas ébranlé. Elle reste un travail de mise en forme (in-form-ation) tout en se présentant, sous les atours de l’objectivité, comme une retranscription fidèle de la “ réalité ” 27 . Sauf que de nouveaux acteurs, jusque-là extérieurs au champ médiatique, prennent part à la médiatisation. Les conséquences sur la nature même du discours de presse sont cependant à relativiser : ‘“ s'il est important de souligner que la matière première du journal n'est pas une quelconque “ réalité ”, mais déjà un discours social et, le plus souvent, institutionnel [...] cela ne signifie absolument pas que la presse soit condamnée à tenir le langage de l'institution ”’ 28 .

La presse a donc son propre discours mais celui-ci naît d'une interdiscursivité qui apparaît dans les colonnes du journal, et qui découle de plus en plus des petites phrases, des conférences de presse ou des communiqués produits par les services de communication des institutions.

Notes
24.

MIEGE Bernard, 1989, La société conquise par la communication, Grenoble : P.U.G.

25.

LOCHARD Guy, 1996, Genres rédactionnels et appréhension de l'évènement médiatique - Vers un déclin des "modes configurants" ?, in Réseaux, n° 76, p. 95.

26.

MOUILLAUD Maurice, TETU Jean-François, 1989, op. cit., p.131.

27.

VERON Eliséo, 1981, Construire l’évènement - Les médias et l’accident de Three Mile Island, Paris : Minuit.

28.

MOUILLAUD Maurice, TETU Jean-François, 1989, op. cit., p. 40.