L’observation des différentes dimensions de l’activité médiatique présentes dans les publications exclusivement multimédias, fait ressortir un modèle comparable à celui des extensions électroniques des revues imprimées.
Les similitudes sont nombreuses, tant dans la reprise sur un mode accéléré de dimensions déjà privilégiées lors des diversifications précédentes, que dans l’apparition de nouvelles. Seules quelques spécificités comme la tendance à une plus grande exhaustivité informative montrent une importance de l’unicité du support.
Les éléments de ressemblance avec les extensions électroniques des magazines papier sont manifestes pour ce premier type de publications exclusivement multimédias. La liste des dimensions et de leurs transformations est pratiquement la même que celle évoquée dans le paragraphe précédent.
Certaines dimensions traditionnelles de l’activité médiatique sont accélérées avec leur présence sur les supports multimédias.
Ainsi la dimension de communication est fortement développée. Le site Web de La Vague Interactive réserve un espace à la présentation des courriers électroniques adressés par les lecteurs et aux réponses des journalistes. Cet échange entre rédacteurs et lecteurs est également favorisé, mais cette fois-ci sur un mode privé, dans le site de Cybersphère : la plupart des articles sont suivis de la signature de l’auteur, agrémentée d’un lien hypertextuel permettant de lui adresser un courrier électronique. Une nouveauté est toutefois à signaler sur le site de Cybersphère. Elle consiste à inciter les lecteurs à fournir eux-mêmes des informations et donc à participer au contenu du magazine. C’est le cas pour la rubrique des “ cybercafés ” : véritable répertoire des adresses électroniques de l’ensemble des cybercafés de France, elle est accompagnée d’un encart, où figure le texte suivant : ‘“ si vous connaissez un cybercafé que nous n’avons pas répertorié ou si vous entendez parler d’un cybercafé en création, merci de nous donner les infos ”’. Cybersphère propose également une rubrique à part entière, intitulée Infos, à cette relation entre la publication et les acteurs du domaine : elle constitue une interface pour la souscription d’abonnements ou pour les contacts avec les annonceurs.
La dimension de transaction s’ajoute évidemment à celle de communication dans le cas présent. La Vague Interactive dispose également d’une rubrique spéciale nommée Boutique, à la fois sur son CD-Rom et sur son site Web : elle permet de commander des anciens numéros du magazine ou des hors-séries spéciaux, dénommés “ Les incontournables de LVI ”.
La dimension de documentation est également fortement développée sur ces magazines électroniques puisque dans leur ensemble ils offrent la possibilité de consulter les anciens numéros, le plus souvent à travers une revue des sommaires des magazines archivés. Le dispositif est parfois très sophistiqué, comme sur le site de Cybersphère. Cette publication propose une recherche indexée dans les archives à partir d’ECILA, puissant moteur de recherches de l’Internet, ici restreint à la production informationnelle du magazine sous le nom de ECILA “ off-shore ”.
Ces revues exclusivement électroniques utilisent également à plein les spécificités du nouveau support, à savoir la multimodalité, l’interactivité et l’hypertextualité, pour augmenter les dimensions décrites précédemment.
La Vague Interactive est exemplaire à cet égard. La grande majorité du contenu de ce magazine électronique se dévoile à la fois en sons et en images, et selon une architecture où l’utilisateur est constamment sollicité pour se frayer un chemin personnalisé à l’intérieur des différents thèmes traités. Il y accède instantanément en jonglant de l’un à l’autre par de simples clics de souris sur différentes icônes graphiques ou après des signaux sonores.
Notons toutefois que cette exploitation maximale des nouvelles spécificités des supports multimédias, effective sur le support CD-Rom de La Vague Interactive, est bien moindre dans sa version Internet ainsi que sur le site Web de Cybersphère.
Ces magazines d’un type nouveau, c’est à dire existant uniquement sur le support électronique, développent sur celui-ci des dimensions nouvelles mais qui ne sont pas pour autant très éloignées de celles apparues sur les extensions CD-Rom et Internet des magazines papier.
La dimension de narration interactive, entrevue sur le site Web du magazine Clone à travers la mise en place d’univers virtuel, resurgit mais de façon atténuée. Il s’agit sur les publications exclusivement multimédias de rubriques simulant des voyages interactifs au coeur de contrées exotiques : le CD-Rom et le site Web de La Vague Interactive proposent ainsi une pérégrination personnalisée et illustrée par de multiples animations graphiques et sonores au Congo, en Mongolie ou encore au Vietnam.
Une place importante est également réservée à la culture sur ces magazines électroniques. Le site Web de Cybersphère héberge une galerie d’art où l’infographie joue un rôle important. Une rubrique similaire existe sur le CD-Rom de La Vague Interactive et se transforme même en atelier de création en trois dimensions sur le site Web de ce magazine.
Si les dimensions de communication et de documentation ont connu une évolution sur les publications électroniques comparable à celle entrevue sur les extensions Web et CD-Rom des magazines papier, celles d’information et de représentation n’ont en revanche pas été affectées dans le même sens.
Dans les revues bi-supports, la dimension de représentation, restée l’apanage du support imprimé, est complétée par une tendance à une information plus précise et plus pointue sur les extensions électroniques. La situation est complètement différente avec les magazines existant exclusivement sur le CD-Rom et sur l’Internet en raison du caractère unique du support, appelé à porter à lui seul la totalité du fonds informationnel. Cela se traduit par un contenu exhaustif sur ce type de magazine électronique qu’illustre la multiplication des dossiers sur le site Web de Cybersphère ou sur le CD-Rom de La Vague Interactive 165 .
Cette densité de l’information sur le support électronique est également affirmée par la rareté des liens vers l’extérieur qui viseraient à la prolonger cette information vers des sources ou des acteurs. La seule expérience en la matière est l’oeuvre de Cybersphère mais de manière détournée : les liens hypertextuels de sa rubrique Partenaires permettent de se diriger vers les sites Web des annonceurs de la revue.
L’information pointue n’est, en particulier, pas privilégiée en ce qui concerne la dimension d’actualisation. Celle-ci, potentiellement plus facile à réaliser sur les supports multimédias que sur le support imprimé, n’est paradoxalement pas utilisée par ces magazines électroniques qui ont opté pour une périodicité de parution régulière, calquant ainsi leur rythme sur celui de la presse magazine traditionnelle. Ils font la part belle à des contenus synthétiques et réflexifs plutôt qu’à des brèves avec des liens vers les acteurs du Web à qui serait finalement confiée la mission de mettre à jour l’information.
La différence la plus notable, lorsque l’on compare les réalisations sur les magazines bi-supports et celles des magazines uniquement électroniques, concerne en fait l’apparition d’une nouvelles dimension. Au-delà des espaces de pérégrinations interactives ou d’expression artistique, se généralise une dimension jusque là peu mise en valeur par les autres magazines, celle de l’internationalisation de l’information.
Celui-ci marque ainsi nettement sa différence par rapport à son extension Web où ces longs contenus thématiques et analytiques sont simplement signalés, mais non consultables sur l’Internet, ce qui montre le caractère secondaire de ce support pour La Vague Interactive.