2.1.2. Une nouvelle dimension constante de ces revues électroniques : l’internationalisation.

Les magazines existant uniquement sur support électronique et plus précisément sur le Web se distinguent des autres publications consacrées au multimédia lors de cette période par leur caractère international.

La représentation d’un réseau informatique ne connaissant pas de frontières, fortement contenue dans l’idéologie de la communication qui caractérise cette phase de la presse multimédia, se matérialise dans la dimension internationale de ces magazines électroniques de deux manières.

D’une part, les publications françaises observées précédemment affichent leurs ambitions internationales illustrées par la traduction de leurs textes en Anglais, langue de la mondialisation.

D’autre part, la consultation d’organes de presse étrangers, existant uniquement sur le Web, semble courante lors de cette période pour les Internautes recherchant une information à propos du multimédia.

Premier point, l’existence d’une version en langue anglaise sur les sites Web des magazines électroniques français, est généralisée.

Dès la page d’accueil de La Vague Interactive, on trouve en dessous de la phrase “ Bienvenue sur la Vague Interactive ”, sa traduction intégrale “ Welcome to The Interactive Wave ”. En cliquant sur cette dernière, on accède à la partie en anglais des contenus du magazine. Le procédé est le même en un peu plus discret sur le site Web de Cybersphère : chacune des pages du magazine électronique est accompagnée d’une petite bannière étoilée représentant le drapeau des Etats-Unis d’Amérique. Il permet, lui aussi, d’accéder à la traduction des contenus de Cybersphère dans la langue de la mondialisation dominée par le géant Nord-Américain.

Cette dimension internationale de l’information est clairement revendiquée par Cyril Fiévet, le responsable de Cybersphère. Dans une interview accordée au magazine Clone, à la question “ la différence avec un magazine papier ? ”, il répond : ‘“ Cybersphère est déjà en deux langues, le français et l’anglais, donc a vocation internationale. Nous avons à ce sujet des lecteurs qui viennent du monde entier, France bien sûr, mais aussi Québec, Mexique, Israël. De fait, plus nous avançons, moins nous sommes francophones ”’.

On peut constater sur le site Web de La Vague Interactive que cette volonté d’internationalisation n’en est pas restée au stade des intentions, mais a été clairement concrétisée. Le courrier des lecteurs de ce magazine électronique reproduit des messages venant d’Internautes britanniques, de Naples, ou encore de Dallas.

Deuxième point : l’attirance des lecteurs-Internautes pour les revues électroniques étrangères.

L’analyse des entretiens menés auprès des lecteurs de la presse multimédia laisse apparaître que les Internautes de la première heure ne se limitent pas pour leur information sur ce thème aux publications nationales. Bien au contraire, ils n’hésitent pas à consulter des magazines étrangers grâce au canal électronique international que constitue le World Wide Web.

A ce titre, la barrière de la langue ne semble pas constituer un obstacle infranchissable Des publications francophones comme la Québecquoise Multimedium reviennent aussi souvent dans les réponses des lecteurs-Internautes interrogés que des magazines électroniques américains en anglais, au premier rang desquels HotWired qui n’est autre que le pendant électronique de la bible de la cyberculture Wired, ou encore le site Web très fréquenté de CNET.COM.

Notons que cette internationalisation de la consultation de la presse multimédia concerne spécifiquement les premiers utilisateurs “ grand public ” de l’Internet, et est donc caractéristique de sa première phase. Elle n’a été constatée qu’auprès d’individus rencontrés de manière informelle à cette époque, ou dans les réponses aux questionnaires envoyés dans les listes de diffusions, c’est à dire un public qui se distingue par son ancienneté de la pratique de l’Internet.

Cette phase des débuts de l’Internet “ grand public ” est par ailleurs marquée par une profusion des sites Web personnels. Parmi eux certains se revendiquent organes d’informations, en particulier à propos du multimédia, en privilégiant la dimension de l’information pratique.