Conclusion deuxième section

Les débuts de la presse multimédia sont marqués par un foisonnement d’expérimentations sur les supports électroniques.

Les publications, à la fois nombreuses et innovantes, sont de deux types :

Les premières développent des dimensions plus ou moins éloignées de celles existant sur le support papier. Ceci selon une gradation (voir le tableau 6) qui recoupe la distinction entre les revues iconoclastes du courant “ avant-gardiste ” et celles plus conformistes du courant “ multimédia et société ”.

Tableau 6 :
Dimensions des extensions électroniques Publications du courant avant-gardiste Publications du courant multimédia et société
Dimensions accélérées par rapport à l’édition imprimée Développements dus aux spécificités du nouveau support multimédia.
- déclinaison de l’information sous plusieurs formes (audio, vidéo) : enrichissement qualitatif grâce à la multimodalité.
- personnalisation de l’accès à l’information : interactivité simulée.
Développements comparables à ceux entrevus lors de la diversification télématique.
- documentation : capacités de stockage élargies par le numérique, indexation automatique de la recherche.
- communication : tentatives de forums, “ courrier des lecteurs interactif ”, correspondance électronique entre lecteurs et rédacteurs.
- transaction : commandes et achats plus directs des magazines et des produits dérivés.
- actualisation de l’information : un peu esquivée par le recours à d’autres sources spécialisées dans cette dimension de l’activité médiatique.
  Utilisation de l’hypertextualité pour rendre la navigation plus fluide à l’intérieur de la publication : combinaison avec l’interactivité et la multimodalité. Utilisation de l’hypertextualité pour ouvrir la publication vers l’extérieur: liens vers d’autres sources et acteurs pour documentation, communication, transaction, actualisation.
Dimensions nouvelles Transformation du site Web de la publication en univers virtuel : implication et participation du lecteur-Internaute.  
  Transformation du CD-Rom accompagnant la revue en espace d’expression artistique : présentation de produits culturels courants et d’oeuvres appartenant à l’ “ art numérique ” naissant.  

Ce mode de diversification ne se retrouve pas unanimement dans les publications du second type, c’est-à-dire exclusivement électroniques. Celles qui émanent d’acteurs médiatiques à part entière l’adoptent en grande partie. Les journalistes occasionnels optent en revanche pour une information à caractère pratique, comme l’expose le tableau 7.

Tableau 7 :
Sites Web d’information d’acteurs médiatiques :
dimensions proches des publications bi-supports.
Sites Web d’information d’acteurs non-médiatiques :
dimensions de type pratique.
Dimensions identiques à celles développées sur les extensions électroniques des revues imprimées :
- dimensions accélérées : documentation, communication, transaction (actualisation paradoxalement absente).
“ Trucs et astuces ” pour les Internautes :
- échange gratuit de services.
- proximité, renforcement du lien social
- dimensions liées aux spécificités de l’Internet : hypertextualité, interactivité et multimodalité.
- dimensions nouvelles : narration implicative, art numérique.
Initiation et formation technique :
- contenus didactiques.
- diffusion des nouvelles applications.
Dimension supplémentaire d’internationalisation :
- ambitions internationales de revues françaises.
- consultation de sites Web d’information étrangers par les lecteurs-Internautes.
Veille technologique : information professionnelle spécialisée.
- information renouvelée, nécessaire dans un secteur en constante évolution.
- base de données

La presse multimédia présente donc dans sa version initiale un mode de diversification au moins aussi original que sa description journalistique du domaine.

Les expérimentations visibles sur les différents supports, tout comme les représentations du secteur en formation, participent d’un même mouvement consistant à pousser à son paroxysme les visions héritées de la tradition cybernétique. Il s’agit ici de réaliser en pratique, à partir des extensions électroniques des revues, les prophéties qui en constituent le socle idéologique commun.

Les débuts de la presse multimédia ont constitué un environnement tout à fait propice à l’éclosion d’une configuration aussi originale. D’abord parce que la première phase du cycle de constitution d’une spécialité médiatique est habituellement marquée par une confusion entre les acteurs d’une médiatisation encore peu soumise aux critères économiques. Surtout parce que cette tendance usuelle dans la presse spécialisée a été exacerbée par les spécificités de la presse multimédia : imbrication du médiatique et du domaine décrit, forte extension électronique.

La troisième section est destinée à mieux saisir la conjonction de ces facteurs.