2. Une nouvelle spécialité médiatique très faiblement influencée par les critères économiques

La première phase du cycle de constitution d’une spécialité dans la presse magazine est caractérisée, comme nous l’avons vu, par une très forte interdépendance entre les acteurs médiatiques et les acteurs du domaine. La médiatisation se double généralement d’une autre particularité lors de cette période : elle repose sur une logique très éloignée de son mode de fonctionnement économique habituel. D’une part, les préoccupations d’ordre commercial pèsent peu sur les choix rédactionnels, et d’autre part, les organes médiatiques se caractérisent par une non rentabilité sur ce court terme.

Ces deux constantes de l’apparition d’un secteur d’information spécialisée sont observables lors des débuts de la presse multimédia. Elles expliquent en partie son aspect si singulier mais ne parviennent pas à en rendre compte totalement. D’autres facteurs interviennent dans cet amoindrissement de la logique économique : ils sont liés aux spécificités de la presse multimédia.

Premièrement, l’imbrication des acteurs médiatiques et des acteurs du domaine au sein du multimédia a engendré des relations plus resserrées, mais qui se sont rarement traduites en connivences mercantiles. Deuxièmement, la forte diversification sur le support Web en a respecté l’esprit alors radicalement non marchand.

Ces propriétés de la presse multimédia ont renforcé les deux traits principaux la logique non marchande caractérisant la création d’une spécialité médiatique : faible poids des intérêts économiques sur la ligne éditoriale, et investissements sans espoir de gains immédiats.