2.1.2. L’attrait pour une pratique ludique et culturelle du Web, hérité de la période précédente et annonciateur de la phase suivante.

Si l’on excepte Hachette.net qui occupe une place charnière, seule une revue reprend spécifiquement la catégorie journalistique traditionnelle “ loisir ” dans sa description du multimédia : .net.

Ce magazine, tel qu’il apparaît sur le marché français de la presse multimédia, n’est pas un nouveau venu : ses cinq premiers numéros consistent en une adaptation de la version originale britannique du magazine du même nom, véritable propagateur au Royaume-Uni de la cyberculture.

Celle-ci transparaît encore singulièrement dans l’apparence du magazine. Elle privilégie les photographies et illustrations aux couleurs vives et agressives, et les montages infographiques, qui permettent à des créatures futuristes de faire bon ménage avec des claviers ou des écrans de micro-ordinateurs, comme dans les n°1, 3, 4, 6 ou 11.

La présentation du sommaire est également fortement inspirée d’une architecture en liens et en réseaux, sur le modèle de l’hypertexte : dans la page de présentation, les dossiers, illustrés le plus souvent par des photographies ou des bandes dessinées, sont reliés entre eux selon une structure rappelant la toile d’araignée.

Mais .net se singularise surtout par sa remise au goût du jour, axée sur les loisirs susceptibles d’intéresser les nouveaux lecteurs, des thématiques issues de la cyberculture. Emblématique à cet égard, le surf sur le Web paraît faire la jonction entre les aspirations à la liberté et à la modernité de la phase précédente et la recherche de sensations de plaisir dans la pratique de l’Internet à cette époque.

Le surf est ainsi représenté sur la couverture du n°7 par une infographie idéalisant la mondialisation du réseau Internet : un homme, debout sur une planche de funboard, survole le globe terrestre. La jouissance maximale que peut apporter cette pratique du surf sur le Web semble résider dans l’ivresse procurée par la vitesse du débit de la connexion, une préoccupation fréquente du magazine, notamment dans ses pages des n°6 et 11.

Cette recherche de plaisir directement revendiquée, par exemple sur la couverture du n°4 intitulée “ Fun sur le Net ”, ne constitue pas la seule différence avec les autres magazines de la presse multimédia dans son approche loisir.

Le rapport est également totalement inverse entre la part dédiée au rédactionnel pur, et celle occupée par la présentation de sites Web sous la forme de répertoires ou de carnets d’adresses. Ces derniers sont d’ailleurs souvent choisis pour leur aspect divertissant dans .net, comme dans len°5 avec une sélection des meilleurs sites des séries cultes de télévision, le n°6 avec les sites “ les plus loufoques ”, ou encore le n°9 avec des sites dédiés à la musique rock.

Un espace supplémentaire est en plus accordé à des rubriques consacrées aux aspects pratiques et techniques du multimédia. La prépondérance de ces deux aspects dans la phase suivante offrira une place de leader à .net. Cette revue conservera toutefois une orientation “ loisirs ” relativement importante, de la même manière que son homologue Netsurf continuera de privilégier l’angle “ professionnel ”.