1.1.2. De la documentation à l’assistance pratique.

Comme lors des précédentes expériences de diversification électronique, la dimension de documentation de l’activité médiatique a été l’une des premières à se déplacer en priorité vers les extensions Web et CD-Rom de la presse multimédia. Son exploitation lors de la période cyber n’avait toutefois pas été d’une grande nouveauté, restant le plus souvent cantonnée à l’archivage grâce aux capacités élargies de stockage numérique. Sa transformation lors de la phase de maturation est en revanche beaucoup plus significative.

D’une part, la mise en place de moteurs de recherches souvent très élaborés sur les sites Web de ces publications, rend le fonds documentaire beaucoup plus utile.

D’autre part, ces extensions sur Internet servent à héberger des connaissances et des savoirs pouvant directement aider les Internautes qui les consultent.

Dans cette phase de maturation, le site Web n’est plus simplement conçu comme un vaste espace de conservation des anciens contenus du magazine papier, mais comme une véritable source d’informations, utile aux lecteurs-Internautes.

Pour établir une jonction active entre ce stock archivé, et les requêtes des acteurs du domaine, on a alors recours aux moteurs de recherches. L’analyse de ces procédé a déjà été abordée pour la période précédente, mais il convient ici de souligner leurs caractéristiques nouvelles. Ces moteurs sont tout d’abord plus nombreux, et le plus souvent développés directement par les publications qui en sont les propriétaires. Ensuite, ils semblent davantage élaborés dans le sens de cette même quête de pertinence pour le lecteur.

La mise en place de procédés informatiques de recherche indexée n’est plus désormais un épiphénomène ou un effet d’annonce : c’est une réalité pour quasiment la moitié des magazines lors de cette phase de maturation, parmi lesquels Ariane, Webmaster, Internet Professionnel et Hachette.net. Mis à part Ariane, qui a recours à des moteurs de recherche déjà existants, Nomade et Institutions On-line, avec lesquels elle a passé des accords de partenariat en attendant une autonomie en la matière, toutes ces publications disposent sur leur site Web d’un moteur de recherches qui leur est propre et qu’elles ont elles-mêmes élaboré.

Il connaît plusieurs degrés de précision et donc de pertinence pour le lecteur-utilisateur, en fonction de son niveau de différenciation des champs d’investigation. La rubrique “ Rechercher ” de Webmaster se trouve au bas de cette échelle : elle est limitée au seul contenu du magazine et ne permet d’opérer aucune distinction préalable entre les différents types d’articles. La recherche de mots-clés ou de phrases entières sur le site Web de Hachette.net est identique en ce qui concerne ce dernier point, mais offre en plus la possibilité de choisir entre deux vastes terrains d’exploration : “ La sélection Hachette.net ” ou “ Tout l’Internet ”. Le dispositif du site d’Internet Professionnel rajoute encore un étage dans cette pyramide de l’information-connaissance, cette fois-ci totalement adapté à la presse, en faisant cohabiter deux moteurs de recherches différents. Le premier, justement nommé 01 car mis en place par le groupe de presse informatique Tests auquel appartient Internet Professionnel et dont les magazines leaders sont 01 Informatique et 01 Réseaux, couvre l’ensemble des ressources de l’Internet. Le second, appelé I.P. (initiales de Internet Professionnel), se limite quant à lui strictement au contenu du magazine, mais avec une option supplémentaire par rapport à Hachette.net : la circonscription de la recherche à une rubrique particulière.

A côté de ces procédés permettant une recherche plus efficace à l’intérieur du fond archivé, la dimension de documentation dévolue aux extensions Web s’oriente également vers la conservation d’un savoir pratique, capitalisé au fur et à mesure de la production informationnelle continue des différentes publications. Cette évolution est à deux vitesses.

Au départ, on assiste à l’augmentation de la part des contenus à vocation pédagogique, le plus souvent sous la forme de rubriques d’initiation ou de formation continue aux nouvelles technologies du multimédia, déjà apparues dans la période cyber. La quantité de ces informations touchant au savoir ne cesse effectivement de croître dans cette phase de maturation de la presse multimédia. D’une part, davantage de publications offrent une place à cette dimension sur leur extension Web : Netscope et sa partie “ Atelier ”, Webmaster avec “ Trucs et astuces ”, Internet Professionnel avec sa rubrique “ Mise en oeuvre ”. Cette masse documentaire est d’autre part beaucoup plus dense, en raison de la sédimentation progressive des différents dossiers et articles, et du savoir-faire en la matière accumulé au cours du temps par les différents rédacteurs.

Cette acquisition d’un haut niveau de compétences dans le domaine par les acteurs médiatiques, explique certainement la seconde accélération, ou plutôt la transformation, de la dimension de documentation en activité de services de formation sur les sites Web. Ainsi CD-Rama accorde sur son site une place de choix à “ CD-Ingéniérie ”, sa “ cellule de formation et de conseil ”, en la faisant apparaître très distinctement dès sa page d’accueil. En cliquant sur ce lien hypertextuel, on aboutit à l’annonce suivante : ‘“ CD-Ingéniérie est la cellule de formation et de conseil de CD-Rama, dirigée par Michel Rousseau. Pour tous vos projets, CD-Roms, CDI, sites Web, nous vous proposons les prestations suivantes : audit et conseil multimédia, élaboration et maîtrise d’oeuvre, sélection et encadrement des prestataires, formation personnalisée ”’. A la suite de ce texte, est donnée la possibilité d’entrer en contact avec CD-Ingéniérie par courrier électronique. La mutation de la version Internet du magazine Webmaster est encore plus frappante. Non seulement son extension Web change de nom en s’appelant TechnoSphère, mais surtout celle-ci est désormais entièrement consacrée à la dimension de formation. Elle s’oriente totalement vers une activité de services, comme l’expriment les appellations de ses rubriques : “ Débuter ”, “ Comprendre ”, “ S’informer ”, “ Réfléchir ”, “ Demander ”. Sa note introductive est encore plus explicite : ‘“ C’est à la fois un magazine permettant de suivre l’actualité technologique et une encyclopédie didactique destinée à expliquer les fonctionnements et l’emploi de ces technologies ”’.

On remarque dans ces propos, qu’au sein de l’objectif global de ce site, qui reste de fournir une assistance pratique au lecteur pour son action au sein du domaine, subsiste toutefois, avec un intérêt grandissant pour l’actualité des nouvelles technologies, la notion plus classique d’information sur le domaine en lui-même. Cette modalité de l’information-connaissance à visée pratique, à savoir l’utilité de la connaissance du domaine pour les acteurs, s’est en effet révélée, lors de cette phase de transition et de maturation de la presse multimédia, une dimension particulièrement valorisée sur les extensions électroniques.